Question : Est-il permis d’enclencher une machine à laver le linge, la veille de Chabbat, sachant qu’elle continuera à fonctionner pendant Chabbat ?
Réponse : Nous avons expliqué dans une précédente Halacha que - de façon générale – il est permis d’entamer une Méla’ha (une activité interdite) le vendredi juste avant l’entrée de Chabbat, dans le but que la Méla’ha se poursuive pendant Chabbat lui-même.
C’est la raison pour laquelle il est permis d’enclencher des arrosoirs la veille de Chabbat, même s’ils vont arroser le jardin pendant Chabbat lui-même, puisqu’ aucune Mela’ha n’est réalisée par la personne pendant Chabbat lui-même.
Nous allons maintenant débattre du fait d’enclencher une machine à laver le linge, la veille de Chabbat, lorsqu’on sait qu’elle continuera à fonctionner d’elle-même pendant Chabbat.
A la lueur de ce qui a été dit, il semble apparemment que l’on peut également permettre ce cas, puisqu’ aucune Mela’ha n’est effectuée pendant Chabbat lui-même.
Cependant, certains décisionnaires interdisent lorsqu’il s’agit d’une machine à laver le linge, car cette question relève d’une Ma’hloket (une divergence d’opinion) parmi les Poskim (décisionnaires).
En effet, une Baraïta est enseignée dans le traité Chabbat (18a) :
On ne place pas (la veille de Chabbat) les grains de blés dans la meule, dans le but qu’ils soient moulus pendant Chabbat.
C'est-à-dire : il est interdit d’introduire des grains de blés avant l’entrée de Chabbat, à l’intérieur de la meule (sorte de machine à moudre le blé) qui fonctionne au moyen des mouvements de l’eau pendant Chabbat. Bien qu’aucune Méla’ha n’est réalisée pendant Chabbat lui-même, malgré tout, puisque la meule émet un bruit pendant Chabbat, cela représente un mépris envers le respect du Chabbat.
Nos maîtres débattent dans la Guémara sur le fait de retenir l’enseignement de cette Baraïta, au niveau de la Halacha.
Selon certains, cette Baraïta est l’opinion unanime, et par conséquent, il est interdit de débuter une Mélah’a la veille de Chabbat, lorsqu’il s’agit d’une chose qui émettra un bruit pendant Chabbat lui-même.
Selon d’autres, cette Baraïta dépend d’une Ma’hloket (divergence d’opinion) entre Beit Chamaï et Beit Hillel.
Or, selon Beit Hillel, il n’y a pas à prendre en considération le bruit émis pendant Chabbat, et il est donc permis d’introduire les blés dans la meule, la veille de Chabbat, dans le but qu’ils soient moulus pendant Chabbat lui-même.
Et c’est ainsi que MARAN tranche dans le Choul’han Arou’h (O.H chap.252-5) qu’il est permis de placer des blés à l’intérieur de la meule, juste avant l’entrée de Chabbat, et on ne prend pas en considération le fait que l’on puisse dire : « La meule d’untel fonctionne pendant Chabbat ! ».
Le RAMA (autorité Halachique principale pour les Achkénazim) écrit sur cela :
Certains interdisent lorsqu’il s’agit de la meule, ou de toute autre chose qui peut émettre un bruit, et tel est – à priori - l’usage. Mais en cas de perte, on peut autoriser.
Il est donc expliqué que selon la tradition des Séfaradim – qui ont acceptés sur eux les décisions Halachiques de MARAN – il n’y a pas à prendre en considération le bruit émis pendant Chabbat.
Même selon la tradition des Achkénazim, dans un cas de perte considérable, ou bien lorsqu’il y a une importante nécessité, on peut introduire le blé dans la meule avant Chabbat, afin qu’ils soient moulus pendant Chabbat.
C’est pourquoi - du point de vue de la Halacha – il est permis d’enclencher- la veille de Chabbat - la machine à laver le linge, en particulier dans un cas de nécessité.
Selon la tradition des Achkénazim, on peut également autoriser lorsqu’il s’agit d’un cas de force majeure, comme des soldats de Tsahal qui viennent en permission pour Chabbat et qui repartent immédiatement à leur base à la sortie de Chabbat dans avoir le temps de laver leur linge.
C’est ainsi que tranche notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l à divers endroits de ses ouvrages.
Mais notre maitre le Rav z.ts.l a aussi ajouté oralement qu’il ne lui est pas venu à l’esprit d’autoriser sur ce point sans une grande nécessité, comme pour le cas des soldats de Tsahal en permission le temps d’un Chabbat. Mais s’il ne s’agit pas d’une nécessité particulière, même selon l’usage des Séfaradim il n’est pas juste d’autoriser, et cela pour diverses raisons.
En conclusion : Selon la tradition de Séfaradim, il est permis – dans un cas de réelle nécessité - d’enclencher la machine à laver le linge avant l’entrée de Chabbat, même lorsqu’on sait qu’elle terminera son programme pendant Chabbat lui-même.
Même selon la tradition des Achkénazim, s’il s’agit d’un cas de force majeure, par exemple, le cas de soldats de Tsahal qui rentrent chez eux uniquement pour le Chabbat, et qui doivent regagner leur base immédiatement après Chabbat, on peut permettre d’enclencher la machine la veille de Chabbat, sans craindre le moindre interdit.