Question : Je me trouve parmi des amis qui – à mon désarrois – parlent de manière absolument pas correcte (grossièretés). Personnellement, je m’en abstiens.
Que dois-je faire ?
Réponse : Nos maîtres enseignent dans la Guémara Chabbat (32a) :
A cause de la faute du langage grossier, de nombreux malheurs et de durs décrets se renouvellent, et les jeunes d’Israël meurent, les orphelins et les veuves implorent sans être exaucés, comme il est dit :
עַל-כֵּן עַל-בַּחוּרָיו לֹא-יִשְׂמַח ה', וְאֶת-יְתֹמָיו וְאֶת-אַלְמְנוֹתָיו לֹא יְרַחֵם--כִּי כֻלּוֹ חָנֵף וּמֵרַע, וְכָל-פֶּה דֹּבֵר נְבָלָה ... (ישעיה ט-טז)
C'est pourquoi Hachem n'a aucune satisfaction de ses jeunes gens, ni n'éprouve aucune pitié pour ses veuves et ses orphelins, car tous, ils sont dépravés et malfaisants, toutes les bouches profèrent des propos honteux ... (Yécha’ya 9-16).
Nos maîtres commentent encore dans cette Guémara :
Tout le monde sait la finalité de l’entrée d’une Kala (nouvelle mariée) sous la ‘Houpa, mais celui qui souille sa bouche avec des grossièretés, même s’il avait bénéficié d’un décret positif de 70 années de bonheur, ce décret de bonheur se transformera en malheur.
Cela signifie que chacun sait l’intimité d’un ‘Hatan et d’une Kala, mais celui qui en parle, se verra infliger un châtiment insurmontable, car même si depuis le Ciel cette personne bénéficiait d’un décret de 70 années de bonheur, on transformera son décret en malheur.
Rabba Bar Chila dit au nom de Rav : Si quelqu’un souille sa bouche par un langage grossier, on lui approfondira le Guéhinam, comme il est dit :
שׁוּחָה עֲמֻקָּה, פִּי זָרוֹת ... (משלי כב-יד)
Il (le Guéhinam) est un abîme profond pour la bouche (qui profère) des propos intrus (Michlé 22-14).
Rav Na’hman Bar Its’hak dit : Même celui qui écoute et qui garde le silence, est châtié, comme il est dit (dans la suite de ce même verset) :
זְעוּם ה', יפול- שָׁם.
Celui qu’Hachem réprouve y tombe. (Selon l’explication de Rachi dans cette Guémara, celui qui écoute et ne dit rien, est réprouvé par Hachem).
Notre maître le Chla Ha-Kadoch (Chéné Lou’hot Ha-Bérit) écrit (Cha’ar Ha-Otiyot, Ot Chin) : que la source des sources de l’impureté de la parole est la faute du langage grossier. Il écrit que celui qui souille sa bouche et sa langue par l’impureté de la parole, toutes ses paroles de Torah ainsi que ses prières sont toutes souillées, et resteront exclues. Au contraire, il sera châtié même sur ses paroles de Torah et ses prières. En effet, il est comparable à un homme qui offre un important cadeau au roi, mais qui lui amène ce cadeau dans un ustensile rempli de vomi. Il est certain que le roi n’en sera que davantage irrité envers lui (car la prière est comme un cadeau devant Hachem, et il lui amène ce cadeau par une bouche pleine de paroles grossières, chose qui représente le dégoût devant Hachem).
Nos maîtres les Kabbalistes se sont longuement étendus sur le sens de ces choses.
Le Gaon MAHARAL de Prague demande (Nétivot ‘Olam, Nativ Ha-Tséni’out Ot Dalet) : Comment expliquer qu’une faute aussi légère, contenue uniquement dans une simple parole, peut-elle entraîner autant de châtiments étranges sur l’homme, au point de lui transformer 70 ans de bonheur en malheur, au point où les jeunes d’Israël peuvent en mourir ‘Hass Véchalom, comme si Hachem dirige le monde avec cruauté, au point où les orphelins et les veuves implorent sans être exaucés ?!
Mais le MAHARAL explique que la plus haute qualité de l’homme est la parole, car Hachem n’a accordé la parole qu’à l’être humain.
La parole mène l’homme à la perfection.
Lorsque l’homme souille la force de sa parole, il commet une faute sur quelque chose de très sévère, sur la plus haute qualité qu’il possède, et par principe de « Midda Kénégued Mida » (mesure pour mesure), pour une faute et une atteinte à la chose la plus importante, il mérite le plus grave des châtiments.
Or, puisque grâce à la force de sa parole, l’homme peut décider et décréter de bonnes choses lorsqu’il profère de bonnes paroles, ainsi inversement lorsqu’il profère de la grossièreté, il provoque de mauvais décrets sur le peuple d’Israël.
La faute du langage grossier est plus grave que celle du Lachon Ha-Ra’, car la faute du Lachon Ha-Ra’ est une faute commise avec la langue uniquement, alors que celui qui souille sa bouche par un langage grossier, rattache sa force de la parole avec les qualités les plus détestables qui touchent la débauche et les pensées impures, que la Torah qualifie « d’abominations ». C’est pourquoi, nos maîtres enseignent que des mauvais décrets se renouvellent lorsque la faute est le langage grossier, car les jeunes d’Israël sont forts et ils doivent logiquement vivre, mais à cause de la grossièreté du langage répandue au sein du peuple d’Israël, c’est exactement l’inverse qui se produit, et ils meurent.
De même, les orphelins et les veuves - envers qui l’on doit avoir le plus de pitié - voient se produire exactement le contraire, puisque le Ciel se montre cruel envers eux. »
Nous devons apprendre de tout ceci que si quelqu’un se trouve au sein d’une mauvaise compagnie, des gens méprisables qui souillent leurs bouches et parlent de vulgarités et de débauche, il doit fuir de telles personnes, et se trouver de bons amis qui craignent le Ciel, car « Malheur au Racha’ (l’impie), malheur à son voisin », et comme nos maîtres ont commenté, même celui qui écoute de telles paroles grossières et se tait, se verra infliger un lourd châtiment, en particulier du fait que ceux qui souillent leurs bouches engendrent des séries de malheurs sur eux comme sur ceux qui les entourent. Celui qui désire préserver son âme, doit s’éloigner d’eux.
Le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita (directeur de notre site Halacha Yomit, et digne petit-fils de notre maître le Rav z.ts.l) rapporte un fait dont il a été témoin :
En l’année 5762 (2002), l’un des membres de la famille de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l devait faire part à notre maître le Rav z.ts.l d’un fait détestable qui s’était produit dans une administration du gouvernement. Il devait absolument lui en faire part, afin d’expliquer à notre maître le Rav z.ts.l pour quelle raison il n’était absolument pas convenable pour l’une de ses petites-filles de travailler dans cet endroit.
Lorsque notre maître le Rav z.ts.l entendit le début des propos, il se boucha immédiatement les oreilles avec ses doigts, et il dit :
« Stop ! J’ai compris, c’est suffisant ! »
Notre saint maître z.ts.l était tellement vigilant de ne pas souiller ses oreilles par des mauvaises paroles, même dans une situation où il était apparemment vital de lui rapporter ces propos.
« Que le sage entende et qu’il en tire davantage de morale »