Ce soir (mercredi soir) tombe la fête de Tou Bichvat où plusieurs traditions sont en vigueur.
L’interdiction de jeûner et l’étude du Zohar Ha-Kadoch
Il est interdit de jeûner le jour de Tou Bichvat. Certains ont la tradition d’étudier ce soir-là des Michnayot et des passages du Zohar Ha-Kadoch qui traitent de cette fête.
Le Gaon Rabbi Yaakov Raka’h z.ts.l a édité un livre intitulé « Péri Ets Hadar » qui traite exclusivement du jour de Tou Bichvat. Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il est bon d’étudier ces passages « avec compréhension » et non pas se contenter d’une simple lecture des textes. Il faut en particulier étudier les règles relatives à Tou Bichvat concernant les fruits ‘Orla, ainsi que les règles relatives aux différents prélèvements agricoles qui incombe un juif qui vit en Israël.
Il faudra s’efforcer - comme nous l’avons précisé – d’étudier en comprenant ce que l’on dit et ne pas se contenter d’une lecture superficielle sans compréhension, car la valeur d’une étude avec compréhension est incommensurable vis-à-vis d’une étude sans une compréhension correcte. Parfois, l’absence de compréhension fait que cette lecture n’est pas considérée comme une étude.
Au foyer de notre maître le Rav z.ts.l, on ne lisait pas les textes du Séder de Tou Bichvat. Mais simplement, après avoir récité les bénédictions sur plusieurs sortes de fruits et légumes, on buvait de la « bière noire » (« Bira Ché’hora »), notre maître le Rav z.ts.l prononçait des enseignements de Torah.
Notre maître le Rav z.ts.l instaura cela dans son foyer même au temps où la pauvreté régnait dans sa maison, malgré tout, il désirait fortement accomplir la tradition, et l’on achetait diverses sortes de fruits ainsi que de la « bière noire », tout le monde était assis autour de la table et écoutait les paroles qui sortaient de sa sainte bouche.
Prier pour obtenir un Etrog
Certains ont pour tradition de prier le jour de Tou Bichvat pour avoir un bel Etrog pour la fête de Souccot. Même si certains décisionnaires discutent la fiabilité de cette tradition - puisque le jour de Tou Bichvat n’est pas réellement le jour où le statut des arbres est décidé puisque cette décision n’est prise qu’à la fête de Chavou’ot (comme enseigné dans le chapitre 1 du traité Roch Ha-Chana) - malgré tout, cette tradition est partiellement justifiée. Dans la pratique, elle est observée par des grands de la Torah. (Kol Sinaï, H’azon Ovadia- Bérah’ot-Tou Bichvat).
Un texte précis de cette prière a été composé par le Gaon Rabbénou Yossef ‘HAÏM (l’auteur du Ben Ich ‘Haï), et on peut trouver ce texte dans son livre Lachon ‘Ha’hamim. Si l’on ne peut se procurer ce texte, on peut formuler la demande à sa guise, chacun dans sa langue.
La tradition de consommer des fruits
Nous avons la tradition de consommer toutes sortes de fruits le soir de Tou Bichvat, afin de montrer que ce jour est le Roch Ha-Chana des arbres, en récitant la bénédiction propre à chaque fruit. Cette belle tradition est mentionnée dans les enseignements de plusieurs Kabbalistes. Même notre saint maitre le Rav z.ts.l l’observait, et il récitait la bénédiction sur toutes les sortes de fruits et légumes qu’on lui apportait, avec joie et bonne humeur.
Vérifier les fruits de toute présence de vers avant de les manger
Nous avons déjà mentionné à plusieurs occasions que les fruits dans lesquels il est fréquent de trouver des vers doivent être ouverts et vérifiés avant de réciter la bénédiction. Il faut être très attentif à cela, car la consommation des vers se trouvant dans les fruits est une très grave transgression de la Torah. En effet, lorsqu’on consomme un vers, on transgresse 5 interdits de la Torah en une seule fois (Péssahim 24a), hormis le fait que la consommation d’aliments interdits souille l’âme et éloigne le cœur de l’individu du service divin. Le Gaon Rabbi ‘Hizkiyahou DA SILVA (auteur du Péri ‘Hadach) fit de son temps la remontrance aux chefs de communautés qui passent leur temps à prononcer de simples discours narratifs et n’enseignent pas la gravité de l’interdiction de consommer des vers.
Il faut surtout faire preuve de vigilance dans ce domaine envers les fruits secs que l’on trouve à la période de Tou Bichvat, comme les figues sèches dont la présence de vers est très fréquente, et leur vérification est très complexe.
Plusieurs Rabbanim avaient même catégoriquement interdit de les consommer, de par la difficulté à les vérifier, il nous incombe donc la sainte obligation de faire preuve de beaucoup de vigilance sur ce sujet. « Celui qui met en garde ainsi que celui qui sait être vigilant, résidera dans une paix aussi fluide que la coulée d’un fleuve » (Langage emprunté au livre de Michlé).
Les fraises
Nous avons été consulté à plusieurs reprises concernant les fraises, qui – selon certains – contiennent un risque de présence de vers.
Nous allons citer les indications Halachiques du Gaon Rabbi Chnéour Zalman REVA’H Chlita, qui est expert sur ces sujets, et après avoir fait de minutieuses vérifications en la matière, il a conclu qu’il faut nettoyer les fraises de la façon suivante :
- Choisir des fraises entières et belles d’aspect, et non les « jumelles » ou les fendues
- Retirer la partie verte qui se trouve à l’extrémité de la fraise en retirant aussi une petite partie de la fraise
- Faire tremper les fraises dans l’eau avec un produit d’entretien durant 1,5 mn (pas plus, pour ne pas détériorer les fraises), et remuer les fraises à l’intérieur de l’ustensile avec le produit
- Retirer les fraises au bout d’1,5 mn et les rincer avec du savon
- Frotter les fraises sous le robinet d’eau avec une éponge ou une brosse souple, ou même à la main tout autour des parties de chaque fraise, particulièrement aux endroits cachés
- Si une fraise comporte un risque d’intrusion ou si elle a une peau tendre, il faut la couper en 2 parties avant de procéder aux étapes précédentes. Les autres fraises ne nécessitent pas d’être coupées en deux.
Les légumes « verts »
On ne doit utiliser des légumes à feuilles qu’à la condition qu’ils proviennent d’une production contrôlée (« Gouch Katif ») par un organisme rabbinique de qualité.
Mais cela n’est pas suffisant car même lorsqu’on achète de ces productions sous contrôle rabbinique, il faut encore rester vigilant et appliquer les instructions de rinçage qui apparaissent sur l’emballage.
Il en est de même pour le brocoli et le chou-fleur vendus en cette période sous contrôle rabbinique spécifique concernant les vers.
De même durant toute l’année vis-à-vis de tous les légumes à feuilles.
La bénédiction de Chéhé’heyanou sur un fruit nouveau
Sur un nouveau fruit, c'est-à-dire un fruit que l’on n’a pas consommé depuis la saison dernière, on doit réciter la bénédiction de « Chéhé’heyanou Vékyémanou Véhigui’anou Lazémann Hazé ».
On doit débord réciter la bénédiction sur le fruit lui-même avant celle de Chéhé’heyanou, car celle-ci est moins fréquente que la bénédiction du fruit, comme nous avons déjà mentionné cette règle à mainte reprise, que l’on doit d’abord réciter la bénédiction la plus fréquente.
Si l’on a 2 fruits nouveaux, une seule bénédiction de Chéhé’heyanou suffit.
Cependant s’il l’un d’eux n’était pas présent au moment de la bénédiction, il faudra à nouveau la réciter avant de manger l’autre fruit.