Question : Une bouilloire électrique (Koumkoum) dédiée à l'utilisation pendant Chabbat, qui comporte sur le côté une jauge d'eau, qui est un tube fin en verre ou autre matière, qui se remplit avec de l'eau du Koukoum, afin de pouvoir indiquer combien d'eau il y reste. Et à chaque fois que le robinet du Koumkoum est ouvert, il y a de l’eau qui pénètre dans le tube par un trou qui le relie au Koukoum, jusqu’à ce que le niveau d’eau qui se trouve dans le tube soit égal au niveau d’eau qu’il y a dans le Koukoum. Est-il permis d’utiliser un tel Koukoum pendant Chabbat ?
Réponse : Le problème qui se pose dans cette question repose sur le fait que l’eau qui se trouve dans le tube depuis un moment, a eu le temps de refroidir, et en ouvrant le robinet, l’eau bouillante provenant du Koukoum va pénétrer dans le tube, alors que l’eau refroidie qui était dans le tube, va passer dans le réservoir central du Koukoum, chose qui va causer sa cuisson.
Nouvelle cuisson d’un liquide
Nous avons déjà expliqué qu’il n’y a pas de nouvelle cuisson sur un aliment déjà cuit avant Chabbat. Cela signifie qu’un aliment qui était déjà cuit avant Chabbat, il n’y a pas d’interdit à le chauffer à nouveau (c’est pour cela qu’il est autorisé de mettre des tranches de pain sur la Plata pendant Chabbat pour en faire du pain grillé).
À partir de ce principe, apparemment il ne devrait pas y avoir de problème avec le Koukoum puisque l’eau dans le tube était déjà bouillante avant qu’elle refroidisse.
Cependant, nous ne pourrons pas permettre l’utilisation d’un tel Koukoum en se basant uniquement sur ce principe, car il existe une divergence d’opinion parmi les Richonim (décisionnaires médiévaux) ; Est-ce que ce principe s’applique sur tous les aliments, ou bien uniquement les solides. MARAN tranche dans le Choul’han ‘Arou’h que s’il s’agit de liquides, même s’ils ont cuit avant Chabbat, il y a nouvelle cuisson en les réchauffant pendant Chabbat.
Nous ne pourrons donc pas permettre à partir de ce principe.
Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit dans son livre Chou’t Yé’h’avé Da’at (vol.6 chap.21), que l’on peut associer une autre raison pour autoriser l’utilisation d’un tel Koukoum.
En effet, puisque la personne ne porte aucun intérêt au fait que l’eau froide pénètre dans le réservoir et chauffe, cela devient donc un cas de Péssik Réché Déla Ni’ha Lé, c'est-à-dire : réaliser un acte permis (ouvrir le robinet du Koumkoum), qui entraîne simultanément un acte interdit (l’entrée de l’eau du tube dans le réservoir du Koumkoum) qui ne nous apporte aucun intérêt.
Or, certains de nos maîtres les Richonim sont d’avis qu’à partir du moment où la personne ne porte pas d’intérêt à un interdit dont la réalisation résulte d’un acte permis, cela n’est pas considéré comme une transgression de Chabbat.
À la tête de ces Richonim, se tient Rabbénou Nathan l’auteur du ‘Arouh’, le Rif et d’autres.
Même si du point de vue de la Halacha nous retenons l’avis de ceux qui interdissent, malgré tout, concernant l’utilisation du Koukoum, nous sommes face à un double doute (Safek Séfeka), car il y a deux divergences d’opinion sur le sujet :
Est-ce qu’un aliment liquide – déjà cuit avant Chabbat – cuit de nouveau si on le réchauffe pendant Chabbat ?
Est-ce qu’il y a transgression de Chabbat lorsqu’un acte interdit n’est que la conséquence d’un acte permis, et que l’on ne tire aucun intérêt de l’acte interdit conséquent ?
Conclusion : Nous retenons qu’il est permis d’utiliser un tel Koukoum durant Chabbat sans la moindre crainte, et c’est ainsi que tranche également le Gaon Rav Yossef Chalom ELYACHIV z.ts.l.