La bénédiction à la vision de l’arc en ciel
Lorsque l’on voit l’arc-en-ciel, nous devons réciter la bénédiction suivante :
Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Zo’her Ha-Bérit, Néemann Bivrito Vé-Kayam Bémaamaro.
(Traduction : Tu es Bénis Hachem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre D. Roi du Monde, qui se souvient de l’Alliance, qui est digne de confiance pour Son alliance, et qui accomplit Sa parole.)
Après le Maboul (le déluge), Hachem a établi une alliance avec Noah’ et ses descendants. Selon cette alliance, Hachem s’engage à ne plus détruire le monde, même si les Récha’im (les impies) se multiplient au point de provoquer la colère Divine, comme ce fut le cas lors du Maboul, malgré tout, Hachem reste fidèle à son alliance de ne pas amener le déluge sur le monde, comme il est dit :
... וְנִרְאֲתָה הַקֶּשֶׁת, בֶּעָנָן. טו וְזָכַרְתִּי אֶת-בְּרִיתִי ... (בראשית ט-יד, טו)
« Lorsqu’apparaitra l’arc en ciel dans le nuage, je me souviendrais de mon alliance. ». (Béréchit 9-14, 15)
Nous exprimons donc dans cette bénédiction qu’Hachem reste fidèle à sa promesse de ne plus détruire le monde, même si nous avons un comportement qui éveille Sa colère, et nous concluons cette bénédiction en disant qu’Il « accomplie Sa parole », dans le sens où l’arc-en-ciel fait partie intégrante de l’œuvre de la Création du Monde, et il existait avant le déluge, malgré cela, Hachem accomplira Sa parole de ne plus détruire le monde, même sans rapport avec l’arc en ciel.
La personne qui observe l’arc en ciel
Nos maîtres enseignent dans la Guémara ‘Haguiga (16a) :
Celui qui observe l’arc en ciel, ses yeux s’affaiblissent, comme il est dit (dans le livre du prophète Yé’hezkel :
כְּמַרְאֵה הַקֶּשֶׁת אֲשֶׁר יִהְיֶה בֶעָנָן בְּיוֹם הַגֶּשֶׁם, כֵּן מַרְאֵה הַנֹּגַהּ סָבִיב--הוּא, מַרְאֵה דְּמוּת כְּבוֹד-ה' ... (יחזקאל א-כח)
« Tel l'aspect de l'arc qui se forme dans le nuage en un jour de pluie, tel apparaissait ce cercle de lumière; c'était le reflet de l'image de la gloire d’Hachem … »
(Yé’hezkel 1-28).
Cela signifie que l’apparence de l’arc en ciel comporte un aspect qui s’apparente à l’image de la gloire d’Hachem. De ce fait, il ne faut pas observer l’arc en ciel plus que nécessaire, car ce n’est pas une marque de respect envers Hachem.
Mais cela peut sembler apparemment difficile à comprendre.
En effet, quel rapport peut-il y avoir entre l’aspect de l’arc en ciel et la gloire d’Hachem ?
Notre maître le Méïri explique que l’aspect de l’arc en ciel n’est pas précis, car depuis un endroit il sera visible de couleur verte, et d’un autre endroit on le verra de couleur rouge. Ainsi, lorsque l’aspect de la gloire d’Hachem s’est dévoilé au prophète Yé’hezkel, sa vision n’était pas suffisamment précise au point de le déterminer de façon nette et claire. (De ce fait, puisqu’il existe une comparaison entre l’aspect de l’arc en ciel et l’aspect de la gloire d’Hachem, il est souhaitable qu’une personne qui craint Hachem n’observe pas l’arc en ciel plus que nécessaire.)
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas observer l’arc en ciel avec insistance.
C’est ainsi que tranche MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.229), qu’il est interdit de regarder exagérément l’arc en ciel.
Le Maguen Avraham cite au nom du Gaon auteur du Chéné Lou’hot Ha-Bérit (Chla Ha-Kadoch) que celui qui observe intensément l’arc en ciel, ses yeux s’affaiblissent. Cela signifie qu’il sera châtié par une détérioration de sa vue.
Le Gaon Rabbi Yossef Dov SOLOVAITCHIK (de la ville de Boston, U.S.A) explique que lorsque nos maîtres enseignent que celui qui observe l’arc en ciel, ses yeux s’affaiblissent, il ne s’agit pas là d’un châtiment qui engendrera l’affaiblissement de la vue, mais plutôt un constat selon lequel celui qui ne discerne pas la gloire d’Hachem en observant l’arc en ciel, « ses yeux s’affaiblissent », ce qui signifie que sur l’instant présent cette personne est considérée comme un aveugle qui ne sait pas ce qu’il voit. C’est pour cette raison que nos maîtres ont employé les termes « ses yeux s’affaiblissent » sous une forme au présent, et non « ses yeux s’affaibliront » sous une forme future.
Cependant, à partir des propos du Chla Ha-Kadoch cités par le Maguen Avraham mentionné plus haut, les choses ne sortent pas de leur véritable contexte, et selon cela, celui qui observe l’arc en ciel met véritablement sa vue physique en péril.
L’arc en ciel est un phénomène naturel
Nos maîtres les décisionnaires médiévaux se sont penchés sur une question au sujet de l’arc en ciel. En effet, l’arc en ciel étant un phénomène naturel, comment peut-on dire qu’il s’agit d’un signe indiquant l’alliance contracté par Hachem avec Noa’h ?
Cette question est très ancienne, et notre maître le RAMBAN l’aborde dans son commentaire sur la Torah. Le Chla Ha-Kadoch (le Gaon auteur du Chéné Lou’hot Ha-Bérit) dans son commentaire sur Noa’h cite les propos du RAMA, Rabbénou Moché ISSERLEISS, selon lesquels, même si l’arc en ciel est un phénomène naturel, malgré tout, si le monde était méritant, l’arc en ciel n’apparaitrait jamais dans le nuage, car si le monde était méritant la pluie ne tomberait que durant la nuit, au moment où les gens se trouvent chez eux, comme le vendredi soir où la pluie est un véritable signe de bénédiction, alors que nous constatons que l’arc en ciel n’est visible dans le nuage seulement lorsque la pluie tombe en journée.
Il y a encore d’autres explications sur ce point.
Par conséquent, dans la pratique, sur la vision de l’arc en ciel on doit réciter la bénédiction avec mention du Nom d’Hachem en disant : « Barou’h Ata A.D.O.N.A.Ï Elo-hénou Méle’h Ha-‘Olam Zo’her Ha-Bérit Néeman Bivrito Vékayam Bémaamaro ».
(Maor Israël-Taba’at Ha-Méle’h page 80).
Devons-nous réciter cette bénédiction uniquement sur un arc en ciel intégral ?
Le Gaon auteur du Michna Béroura écrit dans le Biour Halah’a qu’il n’est pas expliqué dans les décisionnaires si l’on doit voir impérativement l’arc-en-ciel sous une véritable forme d’arc en demi-cercle pour réciter la bénédiction, ou bien s’il est suffisant de le voire en partie.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l cite dans son livre ‘Hazon Ovadia le Séfer Ha-Bérit, selon qui il ne faut réciter la bénédiction de l’arc-en-ciel que lorsqu’on le voit en intégralité.
Par conséquent, sur le plan pratique, il ne faut pas réciter la bénédiction lorsqu’on ne le voit que partiellement. Cependant, le Gaon Rabbi Chalom MIZRAH’I z.ts.l (qui était membre du Beit Din de notre maître le Rav z.ts.l) écrit qu’il est juste de réciter la bénédiction même lorsqu’on le voit partiellement.
Mais il semble plus juste de craindre un risque de bénédiction récitée en vain.
La personne qui récite malgré tout la bénédiction de l’arc-en-ciel même lorsqu’on ne le voit que partiellement, a sur qui s’appuyer.
En conclusion : Il ne faut pas observer l’arc en ciel avec insistance. En voyant l’arc en ciel, on doit réciter la bénédiction « Zo’her Ha-Bérit Néeman Bivrito VéKayam BéMaamaro ». Selon certains décisionnaires, on ne peut réciter cette bénédiction que lorsqu’on voit l’arc en ciel dan son intégralité, en forme de demi-cercle.