Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit
שֹׁפְטִים וְשֹׁטְרִים, תִּתֶּן-לְךָ בְּכָל-שְׁעָרֶיךָ, אֲשֶׁר ה' אֱלֹקֶיךָ נֹתֵן לְךָ, לִשְׁבָטֶיךָ; וְשָׁפְטוּ אֶת-הָעָם, מִשְׁפַּט-צֶדֶק. לֹא-תַטֶּה מִשְׁפָּט, לֹא תַכִּיר פָּנִים; וְלֹא-תִקַּח שֹׁחַד--כִּי הַשֹּׁחַד יְעַוֵּר עֵינֵי חֲכָמִים, וִיסַלֵּף דִּבְרֵי צַדִּיקִם. (דברים טז-יח, יט)
Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les portes des villes qu’Hachem, ton D., te donnera, dans chacune de tes tribus; et ils devront juger le peuple selon la justice. Ne fais pas fléchir le droit, n'aie pas égard à la personne, et n'accepte point de présent corrupteur, car la corruption aveugle les yeux des Sages et falsifie les paroles des justes. (Dévarim 16 -18,19)
L’homme contient en lui le Yétser Ha-Tov (le bon penchant) et le Yétser Ha-Ra’ (le mauvais penchant), et ils sont comparables à deux parties en litige.
Il incombe à l’homme de les juger équitablement.
Le plus Sage des hommes (Chélomo Ha-Méle’h - le Roi Salomon) écrit
dans Kohelet :
טוֹב יֶלֶד מִסְכֵּן, וְחָכָם--מִמֶּלֶךְ זָקֵן וּכְסִיל ... (קהלת ד-יג)
Mieux vaut un enfant pauvre, mais intelligent, qu'un roi vieux et stupide
(Kohelet 4–13)
Nos maîtres commentent ce verset de la façon suivante :
Un enfant pauvre et sage - C’est le Yétser Ha-Tov. Un roi vieux et idiot - C’est le Yétser Ha-Ra’ (Midrash Rabba ibid.)
En effet, le Yétser Ha-Ra’ pénètre en l’homme dès sa naissance, c’est pour cela qu’il est appelé « vieux ».
Par contre, le Yétser Ha-Tov n’arrive qu’à l’âge de 13 ans, il est donc plus jeune que le Yétser Ha-Ra’ de 13 années.
C’est ce que veut dire le verset de notre Paracha :
Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les portes - Il t’incombe d’être le juge entre ton Yéster Ha-Ra’ et ton Yétser Ha-Tov.
Le verset poursuit : … n'aie pas égard à la personne… »
N'aie pas égard vis-à-vis du Yétser Ha-Ra’ sous prétexte qu’il est « vieux », et qu’il a traversé beaucoup d’épreuves et de péripéties dans sa vie, contrairement au Yétser Ha-Tov qui lui, est encore jeune, car nos maîtres nous ont déjà enseigné dans la Guémara Sota (52b) au sujet du Yétser Ha-Ra’ :
Si cet être méprisable te rencontre, attire-le vers le Beit Ha-Midrach (la maison d’étude).
Ce qui veut dire : Si le Yétser Ha-Ra’ t’aborde en revendiquant la priorité à être écouté parce qu’il est le plus vieux, tu devras l’emmener au Beit Ha-Midrach, puisque nos maîtres enseignent dans la Guémara Bava Batra (120a) :
A la Yéchiva, nous nous référons (pour accorder les honneurs) à la sagesse.
Lors d’un banquet, nous nous référons à la vieillesse.
Dans le monde de l’étude, ce n’est pas le nombre d’années qui compte, mais la quantité de sagesse.
Là-bas, c’est donc le Yétser Ha-Tov qui est honoré, au détriment de la vieillesse du Yétser Ha-Ra’.
C’est pour cette raison que la solution que nous proposent nos maîtres pour lutter contre le Yétser Ha-Ra,’ est de se réfugier dans l’étude de la Torah, car là, le Yétser Ha-Ra’ ne peut plus avoir de revendications honorifiques !
Le verset de notre Paracha poursuit :
…n'accepte point de présent corrupteur… - L’homme peut se laisser séduire et se laisser corrompre par le Yétser Ha-Ra’ puisqu’il rétribue la faute « en espèces », car le profit de la faute est immédiat.
Ce qui n’est pas le cas du Yétser Ha-Tov qui rétribue les Mitsvot « à crédit » dans le ‘Olam Haba (le Monde Futur).
C’est pour cela que le verset dit: « …n'accepte point de présent corrupteur… ».
Chabbat Chalom !