Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit
Le lien entre la Paracha de Mikets et ‘Hanouka
Généralement, la fête de ‘Hanouka tombe dans la semaine où on lit la Paracha de Mikets.
Cette coïncidence peut s’expliquer par les propos de Yossef à Pharaon lorsque celui-ci lui demande de lui expliquer son rêve.
וַיַּעַן יוֹסֵף אֶת-פַּרְעֹה לֵאמֹר, בִּלְעָדָי: אֱלֹקים, יַעֲנֶה אֶת-שְׁלוֹם פַּרְעֹה. (בראשית מא-טז)
Yossef répondit à Pharaon en disant : « Ce n’est pas moi mais Hachem qui va tranquilliser Pharaon. » (Bérechit 41-16)
Rachi commente : La sagesse n’est pas de moi, mais « c’est Hachem qui donnera une réponse ». Il mettra dans ma bouche la réponse qui « donnera la paix à Pharaon ».
La réaction de Yossef représente l’antithèse de la conception de la Grèce antique, qui désirait implanter au sein d’Israël la sagesse profane, c'est-à-dire, le principe selon lequel l’individu s’attribue la paternité de sa sagesse.
Pour parvenir à cet objectif, les grecs interdirent à Israël l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot.
Mais Yossef attribue toutes les sagesses au véritable Possesseur de La Sagesse.
Il exprime ouvertement que l’individu ne possède aucune sagesse, si ce n’est celle dont Hachem la gratifié.
Preuve en est, parmi les 18 bénédictions de la ‘Amida quotidienne composées par les Membres de la Grande Assemblée (Anché Kénesset Ha-Guédola), nous trouvons la bénédiction de « Ata ‘Honen », où nous exprimons notre demande à Hachem de nous gratifier de sagesse et d’intelligence.
En agissant ainsi, Yossef montre qu’il est lié à la sagesse supérieure.
Le véritable homme sage, c’est celui qui sait reconnaitre la véritable source de la sagesse !
Yossef eut le mérite d’accéder par la suite à la véritable sagesse (en interprétant les rêves de Pharaon et en lui donnant un judicieux conseil), seulement grâce à l’humilité dont il a fait preuve en ayant su reconnaitre que la sagesse n’appartient qu’à Hachem.
C’est cette humilité qu’exprime également le roi David à travers le verset
des Téhilim :
נֵר-לְרַגְלִי דְבָרֶךָ; וְאוֹר, לִנְתִיבָתִי. (תהלים קיט-קה)
« Ta parole est un flambeau qui éclaire mes pas, une lumière qui rayonne sur ma route. » (Téhilim 119-105)
L’humilité – représentée ici par les « pas » - est le seul moyen pour parvenir à la véritable sagesse qui représente la lumière essentielle.
Mais lorsque l’individu s’attribue à lui-même l’origine de sa sagesse, il s’éloigne totalement de la sagesse véritable, comme le dit le roi Salomon :
... אָמַרְתִּי אֶחְכָּמָה, וְהִיא רְחוֹקָה מִמֶּנִּי. (קהלת ז-כג)
… J’ai dit : Je voudrais me rendre maître de la sagesse ! Mais elle s'est tenue loin de moi. (Kohelet 7-23).
Le Gaon Rabbi Nathan Néta CHAPIRA (Pologne, il y a plus de 400 ans) auteur du livre Mégalé ‘Amoukot, fait remarquer que la valeur numérique des lettres hébreux qui forment le mot יוסף (Yossef) est identique à celle des mots מלך יון (Méle’h Yavan) (roi de Grèce) (156).
Cela signifie que Yossef était véritablement l’inverse du roi de Grèce, qui désirait tout inclure dans le naturel et dans les sagesses extérieures.
Mais Yossef déclare: « Ce n’est pas moi (qui détient la sagesse) » !
Du point de vue naturel, il n’y a pas la moindre sagesse dans l’univers, et tout ne vient que d’Hachem !!
C’est ainsi que l’on explique également le fait que nos maîtres ont instaurés l’allumage des Nérot de ‘Hanouka à la tombée de la nuit, car en journée, le monde s’adonne à des occupations naturelles, puisque chacun cherche la subsistance de sa famille, mais la nuit est plus reposante, et donc plus appropriée à la prise de conscience que tout émane d’Hachem.
Chabbat Chalom et ‘Hanouka Saméa’h !