Il est expliqué dans le Choul’han ‘Arou’h (O.H 249) qu’il est interdit d’entreprendre un long voyage la veille de Chabbat.
Il s’agit là du cas où le vendredi, quelqu’un rentre de voyage et arrive chez lui peu de temps avant l’entrée de Chabbat, de sorte qu’il ne pourra pas réaliser correctement les préparatifs du Chabbat.
Cependant, s’il s’agit de quelqu’un qui voyage vers une destination où il est attendu, et que d’autres personnes se chargent de réaliser pour lui les préparatifs du Chabbat, il est permis dans un tel cas d’entreprendre un long voyage la veille de Chabbat.
Par conséquent, puisque de notre époque on voyage généralement vers une destination où l’on est attendu – comme par exemple lorsqu’on va séjourner à l’hôtel ou dans la famille – il est permis d’entreprendre un long voyage la veille de Chabbat, même si l’on arrivera à destination une heure avant l’entrée de Chabbat.
Combien de temps avant Chabbat faut-il partir au plus tard ?
Malgré tout, le livre Or Lé-Tsion (vol.2 chap.16) rapporte au nom du Gaon Rabbi Ben Tsion ABBA CHAOUL z.ts.l (qui était l’ami intime de notre maître le Rav z.ts.l) qu’il faut se soucier d’arriver à destination au moins une heure avant l’entrée de Chabbat, afin de se protéger de tout imprévu quelconque, car en général, on peut maîtriser la plupart des incidents en une heure, et ainsi on ne prend pas le risque de profaner le Chabbat.
Le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita écrit lui aussi dans le Yalkout Yossef (chap.249 page 349) qu’il faut prévoir minutieusement son voyage, et prendre en compte toutes les possibilités d’incidents imprévus sur la route, afin de pouvoir arriver à destination avant l’entrée du Chabbat, et ne pas prendre le risque de profaner le Chabbat.
Des personnes restées en chemin
Il est déjà arrivé de nombreuses fois que des gens – même orthodoxes – ont entrepris un voyage vers une autre ville à un moment proche de l’entrée du Chabbat, et en raison des embouteillages ou autre, ils furent contraints de s’arrêter sur la route pour passer Chabbat démunis de nourriture digne, ou pire encore, lorsque la situation était dangereuse, ils durent profaner le Chabbat, ou appeler une ambulance pour transporter les enfants ou autre.
C’est pourquoi, le sage doit être prévoyant, et se préparer à voyager assez tôt.
S’il voit que les membres de son foyer tardent dans les préparatifs du voyage, il doit s’efforcer de les aider au maximum, afin de ne pas engendrer la frustration.
Il faut particulièrement attirer l’attention des juifs qui vivent en dehors d’Israël sur ce sujet, car dans ces pays, les juifs travaillent eux aussi jusqu’à une heure tardive le vendredi, en n’étant de retour chez eux qu’à un moment proche de l’entrée du Chabbat, de sorte qu’ils en arrivent parfois à profaner le Chabbat. Ou bien, ils accueillent le Chabbat sans avoir eu le temps de se laver, ni de changer leurs vêtements.
Il ne fait aucun doute qu’il n’y a pas une marque d’honneur envers la reine Chabbat lorsque l’on accueille le Chabbat en étant énervé, fatigué et sous une grande pression, lorsqu’on se précipite chez soi pour se laver et courir à la synagogue.
Nos maîtres se sont longuement étendus sur l’importance de celui qui honore le Chabbat, et sans le moindre doute, le fait d’accueillir le Chabbat dans le calme et avec attention, sans panique ni réflexions sur ses affaires professionnelles, fait partie de la Mitsva d’honorer le Chabbat.
La réparation de la profanation du Chabbat
Le livre Péta’h Ha-Dévir (du Gaon Rabbi ‘Haïm Binyamin PONTRIMOLI, Av Beit Din à Izmir en Turquie il y a plus de 150 ans) cite une question soumise au Gaon sur ce sujet :
Des gens pieux et intègres ont entrepris un voyage un vendredi afin de passer le Chabbat dans le village de « Bungar », car tous les membres de leur foyer y séjournaient, en raison d’une épidémie qui avait contraint tout le monde à quitter les grandes villes.
Ils voyagèrent par le train vers un village proche de leur destination, puis continuèrent leur voyage en louant un attelage afin d’arriver à Bungar.
Au milieu du voyage, une des roues de l’attelage se brisa, et à cause du temps nécessaire à la réparation, ils durent poursuivre leur voyage à bord de l’attelage une demi-heure après le coucher du soleil.
Ils consultèrent ensuite le Gaon auteur du Péta’h Ha-Dévir afin de savoir s’ils devaient procéder à un « Tikoun » (une réparation spécifique à leur transgression), pour expier leur faute de profanation du Chabbat.
Le Gaon conclut qu’ils devaient réellement procéder à une réparation de leur acte de profanation du Chabbat, en observant des jours de jeûne volontaires et autre, comme il leur indiqua. Mais il écrit également que la première des réparations qu’ils devaient réaliser était de s’engager à ne plus voyager le vendredi, sauf lorsqu’il restera au moins 2h30 avant l’entrée du Chabbat.
Commander un Taxi
Il est encore rapporté dans le livre Or Lé-Tsion précédemment cité que si l’on commande un Taxi (dont le chauffeur est juif) le vendredi afin qu’il nous amène vers une destination, de sorte qu’après être arrivé à destination, le chauffeur n’aura pas le temps de rentrer chez lui sans profaner le Chabbat, il est catégoriquement interdit de le commander dans de telles conditions, car ce chauffeur profanera le Chabbat à cause du client.
Les arguments de certains – qui prétendent qu’il n’y a pas d’interdiction à cela, car quoi qu’il en soit ce chauffeur juif n’observe malheureusement pas le Chabbat – sont des arguments sans le moindre fondement, car présentement le chauffeur profane véritablement le Chabbat à cause du client qui l’a commandé, ce qui constitue un interdit total.