Commentaires rédigés par le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita, directeur de notre site Halacha Yomit, et digne petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l
La Paracha de Béchala’h que nous lirons ce Chabbat – avec l’aide d’Hachem – nous relate la manière avec laquelle Hachem conduisit les Béné Israël lors de la sortie d’Egypte, en marchant devant eux la journée avec une colonne de nuée, pour les guider sur la route, et la nuit avec une colonne de feu pour les éclairer dans leur chemin.
Lorsque Pharaon apprit que les Béné Israël poursuivaient leur voyage au-delà des 3 jours demandés, et qu’ils n’avaient pas l’intention de revenir en Egypte, il prit immédiatement son armée et poursuivit les Béné Israël, comme le verset nous le dit :
« Il prit six cents chars d'élite et tous les chariots d'Égypte, tous couverts de guerriers. Hachem fortifia le cœur de Pharaon, roi d'Égypte, qui se mit à la poursuite des enfants d'Israël. Cependant les enfants d’Israël s'avançaient triomphants. » (Chémot 14-7, 8).
Pharaon et son armée s’approchent.
Les Béné Israël implorent Hachem alors que la mer est devant eux et les armées égyptiennes derrière eux. C’est alors qu’Hachem dit à Moché :
« Pourquoi m'implores-tu ? Ordonne aux enfants d'Israël de se mettre en marche. » (Ibid.15).
Le saint Rachi cite dans son commentaire les propos du Midrach :
Nous apprenons que Moché priait, mais Hachem lui dit : « Ce n’est pas le moment de s’étendre longuement dans la prière, car Israël se trouve dans la détresse. »
Notre maître le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch – dans son commentaire sur ce verset – s’interroge :
Pourquoi Hachem dit à Moché « Pourquoi m'implores-tu ? » ? Qui d’autre Moché devait-il implorer si ce n’est Hachem son D.ieu ?! En particulier dans un tel moment de détresse, comme il est dit : « Du fond de ma détresse j’ai invoqué Hachem » (Téhilim 118-5) !
Si Hachem lui fait la remarque de ne pas s’étendre longuement en prière – comme le commente Rachi – tant que sa prière n’a pas été exaucée, Moché se doit de poursuivre sa prière ! Que signifient donc les termes « Pourquoi m'implores-tu ? » ?!
Mais le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch nous révèle ici un puissant fondement et une véritable solution pour l’homme qui se trouve dans la détresse.
Voici les propos de notre maître le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch :
« Il ressort en effet qu’Israël se trouvait en jugement, car l’ange accusateur disait devant Hachem : Ceux-ci comme ceux-là sont des idolâtres ! Car les Béné Israël avaient été des idolâtres lorsqu’ils étaient en Egypte. Or, il est de notoriété que la force de la miséricorde divine dépend des bonnes actions, et si les bonnes actions manquent, la miséricorde divine ne peut pas s’éveiller. Lorsqu’Hachem constata que la rigueur mettait Israël en accusation, Il voulut innocenter Israël, mais la miséricorde n’en avait pas la force car Israël ne possédait pas – sur le moment – suffisamment de bonnes actions. C’est pourquoi, Hachem dit à Moché : « Pourquoi m'implores-tu ? », ce qui signifie : « Cela ne dépend pas de moi ! Je désire leur réaliser un miracle, mais puisqu’ils n’en sont pas dignes, la rigueur empêche la réalisation de ce miracle. C’est pourquoi, tu dois parler aux Béné Israël afin qu’ils se renforcent dans la Emouna (foi) de tout leur cœur, et qu’ils avancent dans la mer avant qu’elle ne se partage, en ayant confiance dans le fait que je leur réaliserai un miracle.
Ainsi, la miséricorde va se renforcer, et c’est grâce à cette bonne action que leur fut réalisé un miracle. »
Cela signifie que pour éveiller la miséricorde, Israël devait accomplir un acte !
Pénétrer dans la mer, avec une foi parfaite qu’Hachem leur réalisera un miracle, et c’est à ce moment précis que la mer s’ouvrit !
Le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch nous apprend que lorsqu’un homme se trouve dans la détresse et dans l’épreuve, et que la rigueur divine a le dessus sur la miséricorde divine, la prière et l’imploration ne suffisent pas ! Il y a un besoin immédiat d’ajouter des Mitsvot et des bonnes actions de façon concrète afin de donner la force à la miséricorde divine de l’emporter sur la rigueur divine. C’est alors que l’homme mérite la délivrance, les miracles et les merveilles, comme nous l’apprenons du commentaire du Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch, lorsqu’Hachem dit à Moché : « Pourquoi m'implores-tu ? », cela signifie que ce n’est certainement pas le moment de s’étendre en prière ! Il faut accomplir des actes concrets ! Des actes de foi et de confiance en D.ieu, et c’est ainsi que tout Israël mérita le miracle de l’ouverture de la Mer Rouge !
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l avait l’habitude de dire que lorsque les Béné Israël se trouvaient au bord de la mer, certains parmi eux disaient qu’il était préférable de retourner en Egypte. D’autres disaient qu’il était préférable de se battre.
Et d’autres disaient qu’il était préférable de s’enfuir ailleurs.
Il y avait plusieurs options, mais aucun ne pensa à la meilleure des options :
L’ouverture de la mer !
Lorsqu’on place son espoir en Hachem, et que l’on a foi de tout son cœur en Sa délivrance, on peut véritablement voir et mériter des délivrances !
« Le sage entend et enrichit son savoir » (Michlé 1-5)
Chabbat Chalom!