Il est dit dans notre Paracha (au sujet du commandement de la Bérit Mila) :
« Au 8ème jour, la chair de son prépuce sera retranchée. »
Le Midrach Tan’houma (sur notre Paracha) rapporte :
Tornosroufoss l’impie (il était le gouverneur romain en Erets Israël après la destruction du 2ème Temple) questionna un jour Rabbi ‘Akiva :
« Quels sont les œuvres les plus belles ? Celles de votre D.ieu ou bien celles de l’homme ? »
Rabbi ‘Akiva lui répondit :
« Les œuvres de l’homme sont plus belles ! »
Tornosroufoss lui demanda encore :
« Pourtant, le ciel et la terre sont beaux, et l’homme ne peut les créer ! »
Rabbi ‘Akiva lui répondit :
« Ne me questionne pas sur les choses que l’homme ne peut réaliser, je t’ai répondu sur les choses qui sont de la capacité de l’homme, et quand l’homme les réalise, ces choses sont les plus belles ! »
Tornosroufoss lui demanda ensuite :
« Pourquoi circoncisez-vous vos garçons ? »
Rabbi ‘Akiva lui répondit : « Je savais que tu avais l’intention de me poser cette question, c’est pourquoi je t’ai devancé en te disant que les actes de l’homme sont plus beaux que ceux de D.ieu ! Voici pour exemple : Il y le blé et il y a les pâtisseries, mais les pâtisseries sont plus belles que le blé ! Pourtant, le blé est l’œuvre de D.ieu, alors que les pâtisseries sont les œuvres de l’homme ! »
Tornosroufoss continua à demander :
« Si votre D.ieu désire que vous accomplissiez le devoir de la Mila, pourquoi l’enfant ne sort -il pas du ventre de sa mère en étant déjà circoncis ? »
Rabbi ‘Akiva lui répondit :
« Et pourquoi le cordon ombilical reste-t-il rattaché au bébé, au point où il faut le couper ? Concernant ta question, pourquoi le bébé ne vient-il pas au monde déjà circoncis, c’est parce qu’Hachem n’a donné les Mitsvot que dans le seul but qu’elles servent à purifier Israël, comme il est dit : « Toute parole de D.ieu est pure ». Il incombe à l’homme le devoir de parfaire, d’apprêter et de purifier la création, et c’est pourquoi nous circoncisons nos garçons ! »
Il est enseigné dans la Guémara Makott (24b) :
Rabban Gamliel, Rabbi El’azar Ben ‘Azarya, Rabbi Yéhochoua’ et Rabbi ‘Akiva marchaient en chemin, et ils montaient vers Jérusalem. Lorsqu’ils arrivèrent au Har Ha-Tsofim (Mont Scopus), ils déchirèrent leurs vêtements (en signe de deuil à la vue des ruines du Temple). Lorsqu’ils arrivèrent sur le Har Ha-Baït (Mont du Temple), ils virent un renard sortant de l’emplacement du Kodech Ha-Kodachim (l’emplacement où se tenait le lieu le plus sacré du Temple). Ils se mirent à pleurer, mais Rabbi ‘Akiva se mit à rire.
Ils lui dirent :
« Pourquoi ris-tu ? »
Rabbi ‘Akiva leur demanda :
« Pourquoi pleurez-vous ? »
Ils lui dirent :
« D’un lieu aussi sacré, - et sur lequel la Torah dit : « L’étranger qui s’en approchera mourra » - s’échappent des renards, et nous ne devons pas pleurer ?! »
Rabbi ‘Akiva leur dit :
« C’est justement pour cela que je ris ! Un verset dit : « Je prends à témoins des gens fiables, Ourya Ha-Cohen et Zé’haryahou Ben Yévéré’hyahou … » Pourtant, quel rapport y a-t-il entre Ourya et Zé’haryahou ?? (Ils vivaient à deux époques différentes. Le premier vivait à l’époque du 1er Temple, et le second à l’époque du second Temple).
Mais au temps de Ourya, il a été dit : « A cause de vous, Tsion (Jérusalem et le Temple) sera labouré comme un champs ».
Alors qu’au temps de Zé’haryahou, il a été dit : « Les vieillards et les vieillardes s’assiéront de nouveau à Jérusalem ».
Si la prophétie de Ourya ne s’était pas réalisée, j’aurai craint que celle de Zé’haryahou ne s’accomplisse pas non plus. Mais à présent que la prophétie de Ourya s’est réalisée (le Temple est détruit), il est certain que celle de Zé’haryahou se réalisera elle aussi ! (La reconstruction de Jérusalem te du Temple) »
La Guémara termine en disant : Ils lui dirent : « ‘Akiva, Tu nous as consolés ! ‘Akiva, Tu nous as consolés ! »
Le Gaon Rabbi Ya’akov GALINSKY z.ts.l explique ainsi :
Quel est la différence entre le regard de Rabbi ‘Akiva sur les choses, et celui de ses compagnons ?
Rabbi ‘Akiva vivait le futur !
Non seulement il savait que les futures prophéties allaient se réaliser, mais il les vivait déjà au présent, même en un temps où la situation était encore considérablement difficile, il ressentait en lui le futur, au point de le vivre par anticipation !
C’est d’ailleurs la ligne directrice de toute la vie de Rabbi ‘Akiva !
Jusqu’à l’âge de 40 ans, Rabbi ‘Akiva n’avait jamais étudié la Torah.
Il commença à apprendre les lettres de l’alphabet avec son enfant !
Ensuite, il étudia la Torah dans une misère terrible !
D’où puisait-il les forces pour cela ?!
Il vivait dans le futur !
Il décelait dans le présent – de manière concrète – ce qui allait arriver dans le futur !
Il avait donc l’intelligence de se réjouir et de se réconforter dès à présent, grâce à ce regard !
Lorsqu’il promit à son épouse (Ra’hel) – alors qu’ils étaient dans la misère totale – qu’il lui offrirait une couronne en or avec la forme de la ville de Jérusalem, il vivait si concrètement la chose, qu’il s’en réjouissait déjà et il réjouit également son épouse d’une chose qui était présentement impossible !
Tornosroufoss l’impie ne vit que dans le présent !
Il pense que si l’homme nait incirconcis, aussi bien dans son cœur que dans sa chair, c’est ce qui lui convient ! Il lui est bénéfique de rester ainsi durant toute sa vie ! Pourquoi subir la « souffrance » de la Mila ?? Pourquoi subir le « souci » des Mitsvot ?? Il est préférable de vivre comme il le désire, de « s’éclater » avec la réalité actuelle, et de ne pas se préoccuper avec des réflexions sur le futur !
C’est la différence fondamentale entre notre conception et celle de ceux qui courent après les plaisirs et les futilités de ce monde, un monde éphémère !
Chabbat Chalom !