Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit
Tazriya’ - La relative supériorité de l’être humain
... אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה זָכָר--וְטָמְאָה שִׁבְעַת יָמִים ... (ויקרא יב-ב)
Lorsqu’une femme enfantera un garçon, elle sera impure durant 7 jours… (Début de notre Paracha)
Midrach (Vaykra Rabba 14 – 1) : Lorsqu’un homme est méritant, on lui rappelle qu’il a devancé toute la création du monde (le monde n’a été créé que pour servir l’homme). S’il n’est pas méritant, on lui rappelle que même les insectes ont été créés avant lui. Rabbi Samlaï dit : « De même que la création de l’homme se fit après celle des animaux, ainsi les lois qui le concernent furent données après celles des animaux, comme il est écrit (dans la fin de la Paracha de Chémini de la semaine dernière, au sujet des animaux permis et interdits) :
זֹאת תּוֹרַת הַבְּהֵמָה, וְהָעוֹף ... (שם יא-מו)
Voici les lois des animaux et des volatiles (que l’on peut consommer ou pas) …, et ensuite (dans notre Paracha, au sujet de la naissance) : Lorsqu’une femme enfantera un garçon…
On peut expliquer ce Midrach, grâce à l’enseignement de nos maîtres dans le Pirké Avot (chap.4 Mishna 6) :
« Toute personne qui honore à la Torah, son corps (sa personne) sera honoré par les gens. Toute personne qui profane la Torah, son corps sera profané par les gens. »
En réalité, l’être humain est très affaibli du point de vue de sa nature, en comparaison aux animaux, car la subsistance de l’animal est présente dans l’environnement, alors que l’être humain se doit de fournir des efforts et de la fatigue afin d’obtenir sa subsistance, comme il est écrit :
בְּזֵעַת אַפֶּיךָ, תֹּאכַל לֶחֶם ... (בראשית ג-יט)
A la sueur de ton front, tu mangeras le pain … (Béréchit 3-19)
Cette caractéristique peut laisser entendre que l’être humain est une créature d’un niveau inférieure et « profanée » (rabaissée), en comparaison à toutes les autres créatures d’Hachem.
Cependant, l’être humain possède une vocation particulière d’un très haut niveau, puisque le monde n’a été créé que pour le servir.
Mais afin de pouvoir atteindre et remplir cette vocation véritable et supérieure, l’être humain doit investir ses forces dans l’étude de la Torah.
Ce n’est que grâce à l’étude de la Torah que l’être humain devient supérieur à toutes les autres créatures d’Hachem, puisque lorsqu’il s’investit dans l’étude de la Torah, il n’a même plus à se fatiguer pour trouver sa subsistance, alors que pour les autres créatures – même si elle est relativement présente dans l’environnement – elles doivent au moins faire la démarche d’aller trouver leur subsistance !!
Voici donc le sens de l’enseignement de nos maîtres, cité plus haut :
Toute personne qui honore la Torah, - qui s’investit dans l’étude de la Torah - verra son corps – sa personne - honoré par les créatures - son corps sera plus honorable – plus fort et résistant - que celui de toutes les autres créatures du monde, car il aura moins d’efforts à fournir pour obtenir sa subsistance.
Ce qui correspond également à l’enseignement du Midrach cité initialement :
Lorsqu’un homme est méritant, on lui rappelle qu’il a devancé toute la création du monde (le monde n’a été créé que pour le servir).
Toute personne qui profane la Torah - qui dénigre l’étude de la Torah - verra son corps profané par les créatures - Il sera le plus bas, le plus insignifiant, le plus faible parmi toutes les créatures, car les autres créatures seront toutes plus vigoureuses et plus fortes que lui, alors qu’il souffrira des efforts fournis dans la recherche de sa subsistance, parce qu’il n’étudie pas la Torah.
C’est pour cela que lorsque l’homme n’est pas méritant, c'est-à-dire, qu’il n’a pas mérité de marcher dans la voie de la Torah parce qu’il ne l’étudie pas, on lui rappelle que même les insectes l’ont devancés dans la création, et qu’il n’a donc aucune supériorité sur les autres créatures.
Métsora’ - Du matériel au spirituel
Il est écrit dans notre Paracha :
כִּי תָבֹאוּ אֶל-אֶרֶץ כְּנַעַן, אֲשֶׁר אֲנִי נֹתֵן לָכֶם לַאֲחֻזָּה; וְנָתַתִּי נֶגַע צָרַעַת, בְּבֵית אֶרֶץ אֲחֻזַּתְכֶם.
וְצִוָּה, הַכֹּהֵן, וְחִלְּצוּ אֶת-הָאֲבָנִים, אֲשֶׁר בָּהֵן הַנָּגַע; וְהִשְׁלִיכוּ אֶתְהֶן אֶל-מִחוּץ לָעִיר, אֶל-מָקוֹם טָמֵא. וְאֶת-הַבַּיִת יַקְצִעַ מִבַּיִת, סָבִיב; וְשָׁפְכוּ, אֶת-הֶעָפָר אֲשֶׁר הִקְצוּ, אֶל-מִחוּץ לָעִיר, אֶל-מָקוֹם טָמֵא. וְלָקְחוּ אֲבָנִים אֲחֵרוֹת, וְהֵבִיאוּ אֶל-תַּחַת הָאֲבָנִים; וְעָפָר אַחֵר יִקַּח, וְטָח אֶת-הַבָּיִת. (ויקרא יד-לד, מ, מא, מב)
Lorsque vous arriverez dans le pays de Kéna’an que je vous concède, je donnerai le fléau de la lèpre dans les maisons où vous résiderez.
Le Cohen ordonnera qu'on détache les pierres atteintes par la plaie et qu'on les jette hors de la ville, dans un lieu impur. Puis, il fera gratter la maison intérieurement, autour de la plaie, et l'on jettera la poussière qu'on aura raclée hors de la ville, dans un lieu impur. On prendra d'autres pierres, que l'on posera à la place des premières; on prendra d'autre mortier, et l'on recrépira la maison. (Vaykra 14-34, 40, 41, 42)
Le fléau de la lèpre dont il est question dans la Torah, n’a strictement rien à voir avec la pathologie que nous connaissons de notre époque.
Preuve en est, la lèpre de la Torah peut frapper même les murs des maisons, comme nous le démontre ces versets.
Les lois qui sont mentionnées dans notre Paracha, et qui sont relatives à la lèpre, ne sont pas en vigueur de notre temps, puisque nous n’avons plus le Beit Ha-Mikdach sans lequel nous ne pouvons pas offrir de sacrifices (comme on doit le faire lors d’une lèpre, selon la Torah), et que nous n’avons plus de Cohen capable d’examiner les personnes ou les murs d’une maison, pour déterminer s’ils sont purs ou impurs.
Selon Rachi, la Torah annonce ici à Israël que la plaie de la lèpre s’abattra plus tard sur leurs maisons (lorsqu’ils habiteront en Erets Israël), à cause des trésors d’or et d’argent que les Kéna’anim vont cacher à l’intérieur des murs de leurs maisons, lorsqu’ils vont apprendre qu’Israël s’approche du pays pour en prendre possession sur ordre d’Hachem.
Ne voulant pas que toutes leurs richesses passent aux mains d’Israël, les Kéna’anim les cachèrent à l’intérieur des murs des maisons.
Par le fléau de la lèpre qui frappera les maisons, les Béné Israël sauront qu’il faut détruire les murs de la maison, et ils trouveront - grâce à cela - l’argent des Kéna’anim, avec lequel ils s’enrichiront.
Rachi prend cet enseignement du Torat Cohanim, qui déduit cela à partir des termes « … je donnerai le fléau de la lèpre… » qui indiquent un cadeau pour le peuple d’Israël.
Cet enseignement du Torat Cohanim est également cité par le Zohar Ha-Kadoch, qui émet une remarque :
Si la lèpre dans les murs des maisons, ne doit servir qu’à enrichir les Béné Israël, alors pourquoi la Torah interdit elle de réutiliser les mêmes pierres et la même terre pour reconstruire ensuite la maison ? L’objectif de la Mitsva est déjà atteint, en trouvant les trésors !
Le Zohar donne une toute autre raison au fléau de la lèpre dans la maison, raison qui va aussi dans l’intérêt d’Israël.
En effet, les Kéna’anim construisaient leurs maisons, en invoquant les noms de leurs idoles. Par conséquent, un esprit d’impureté résidait sur la maison.
Hachem a donc voulu faire mériter à Israël de ne pas habiter dans une demeure impure, puisque tout le but de leur venu en Erets Israël n’était que résider dans un lieu Saint.
C’est pour cette raison qu’Hachem ordonne non seulement de détruire la maison frappée de lèpre, mais aussi de ne pas réutiliser les pierres et la terre d’origine, et ainsi, les Béné Israël mériteront de résider dans un endroit réellement Saint.
A partir de ce point, le Zohar Ha-Kadoch poursuit en disant que toute personne qui construit une nouvelle maison, doit stipuler verbalement qu’il construit cette demeure afin qu’elle soit digne et appropriée au Service d’Hachem.
A ce moment-là, un esprit de Sainteté émanant d’Hachem, va régner sur cette maison.
Tel est le sens du verset, dans le livre de Iyov :
... וּפָקַדְתָּ נָוְךָ, וְלֹא תֶחֱטָא. (איוב ה-כד)
… tu assigneras ta maison et ne trouveras rien en défaut.
Ce qui veut dire, que lorsque tu assigneras ta maison, afin qu’elle soit consacrée au Nom d’Hachem, grâce à cela, reposera sur cette maison, un esprit de Sainteté et de pureté, et ainsi elle sera sans défaut.
C’est ainsi que les Béné Israël se sont comportés lors de la construction du Michkan.
Pour chaque chose qu’ils réalisaient, ils disaient: « Ceci est pour la glorification du Nom d’Hachem », « Ceci est pour le Michkan », « Ceci est pour le Sanctuaire », « Ceci est pour le Rideau », et c’est grâce à cela, que résidait un esprit de Sainteté sur la demeure d’Hachem.
C’est comme cela que l’on transforme des éléments matériels en éléments spirituels de 1ère importance.
Il en est de même pour toute chose.
Lorsqu’on achète une maison, on doit dire qu’on l’achète « Léma’an Kévod Chémo Itbara’h » (pour la seule Gloire de Son Nom), même si on l’achète également pour notre propre nécessité, afin que réside un esprit de Sainteté sur cette maison.
Lorsqu’on achète quelque chose en l’honneur de Chabbat, on doit préciser verbalement « ceci est en l’honneur de Chabbat (Li’hvod Chabbat Kodech) », et ainsi de suite pour toute chose.
Grâce à cela, on peut transformer des pierres matérielles en pierres sacrées !
C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons l’usage - lorsque quelqu’un entre dans une nouvelle maison – de procéder à ‘Hanoukat Ha-Baït (inauguration de la maison), en réunissant quelques personnes (un Minyan, pour que la Ché’hina puisse résider), qui prononceront des paroles de Torah. Cette tradition a une grande importance.
Chabbat Chalom !