Le 33ème jour du ‘Omer est un jour de joie et d’allégresse, en l’honneur du Tana Rabbi Chim’on Bar Yo’haï, comme rapporté dans les propos des décisionnaires.
C’est pourquoi, nous avons l’usage de multiplier la joie ce jour-là, et on ne dit pas « Ta’hnoun » dans la prière.
Cette année (5784), le 33ème jour du ‘Omer tombe aujourd’hui dimanche, c'est-à-dire, depuis hier soir (samedi soir). Nous allons donc raconter aujourd’hui un aspect de la grandeur de Rabbi Chim’on Bar Yo’haï.
Nos maïtres les Tanaïm (les sages de la Michna) étaient tous de véritables anges, et nous n’avons pas la moindre idée de leur dimension spirituelle.
Cependant, Rabbi Chim’on s’illustrait particulièrement par les nombreux miracles qu’il a réalisé, et par son aptitude spécifique d’être le grand de toutes les générations dans la connaissance de la Kabbala (le sens mystique de la Torah).
C’est lui qui rédigea la majeure partie du Zohar Ha-Kadoch, qui constitue la base de toute la connaissance de la Kabbala.
Il est rapporté dans la Guémara Mé’ila (17a) :
L’empire romain avait un jour décrété sur Israël qu’il leur été dorénavant interdit d’observer le Chabbat et de pratiquer la Bérit Mila (circoncision).
Un sage du nom de Rabbi Réouven Astrobéli alla se couper les cheveux à la façon des romains (en laissant pousser la frange) et s’introduisit chez les romains en se faisant passer pour l’un d’eux.
Il leur dit :
« Lorsqu’on a un ennemi, qu’est-il préférable ? Que l’ennemi soit riche ou pauvre ? »
Ils lui répondirent :
« Bien évidement, qu’il soit pauvre ! »
Il leur dit :
« S’il en est ainsi, il est préférable que les juifs ne travaillent pas le Chabbat. »
Ils lui dirent :
« Tu as bien parlé. » Et ils annulèrent le décret sur le Chabbat.
Ensuite, il leur dit :
« Lorsqu’on a un ennemi, qu’est-il préférable ? Que l’ennemi soit fort ou faible ? »
Ils lui répondirent :
« Qu’il soit faible. »
Il leur dit :
« S’il en est ainsi, que les juifs pratiquent la circoncision sur leurs enfants à l’âge de 8 jours, et ainsi ils seront faibles. »
Ils lui dirent :
« Tu as bien parlé. » Et ils annulèrent le décret sur la circoncision.
Par la suite, ces impies comprirent qu’il était juif et ils rétablirent les décrets sur Israël.
Les sages d’Israël se réunirent :
« Qui ira annuler les décrets ? Rabbi Chim’on Bar Yo’haï, car il est habitué aux miracles ! Et Rabbi El’azar Ben Rabbi Yossé l’accompagnera. »
Ils se mirent en route, et durant le voyage, un Ched (un démon) du nom de Ben Tamalyon sorti à la rencontre de Rabbi Chim’on.
Il demanda à Rabbi Chim’on :
« Voulez-vous que je me joigne à vous ? »
A cet instant, Rabbi Chim’on pleura et dit :
« Une simple servante de la maison de mon père (Hagar, la servante de Avraham) a eu le privilège de voir apparaitre un ange à sa rencontre à 3 reprises, alors que moi, pas une seule fois un ange mais un Ched ! Quoi qu’il en soit, le miracle se produira malgré tout. »
Il alla en compagnie de Ben Tamalyon.
Rabbi Chim’on demanda au Ched :
« Qu’allons-nous faire ? »
Le Ched lui répondit :
« Je vais m’introduire dans le corps de la fille du gouverneur romain et je vais lui provoquer la démence, ainsi tu pourras annuler le décret. »
Ben Tamalyon se hâta et provoqua la démence à la fille du gouverneur.
Lorsqu’arriva Rabbi Chim’on, il dit au gouverneur :
« Je peux guérir ta fille. »
Il pénétra dans sa chambre et lui chuchota à l’oreille :
« Ben Tamalyon, sors ! Ben Tamalyon, sors ! »
Dès qu’il entendit l’appel de Rabbi Chim’on, le Ched sortit et s’en alla.
La fille du gouverneur guérit immédiatement.
Le gouverneur leur dit (à Rabbi Chim’on et Rabbi El’azar Ben Rabbi Yossé qui l’accompagnait) :
« A présent, demandez-moi tout ce que vous désirez ! Entrez dans ma salle de trésors et prenez ce que vous voulez ! »
Ils entrèrent dans la salle des trésors et trouvèrent le parchemin sur lequel étaient consignés les décrets sur Israël. Ils le prirent et le déchirèrent.
Ainsi les décrets furent annulés.
Nous apprenons de là que parfois, nous ne savons absolument pas d’où Hachem peut faire parvenir la délivrance, même d’une source improbable (comme un Ched).
Lors de la création de l’état d’Israël il y a 76 ans, ses dirigeants n’étaient pas des gens qui observaient la Torah, et certains d’entre eux étaient même très éloignés de la Torah. Notre maïtre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l (qui était âgé de 28 ans) dit :
« Le miracle se produira malgré tout ! A Rabbi Chim’on, on a envoyé Ben Tamalyon, à nous, on a envoyé Ben Gourion … »