Lorsque Pourim tombe un samedi soir
Nous sommes aujourd’hui le 30 Adar I, 1er jour de Roch ‘Hodech Adar II.
Cette année, Pourim (14 Adar) tombe un dimanche.
Or, comme nous le savons, on fête Pourim en tout endroit à la date du 14 Adar, excepté les villes qui étaient entourées d’une muraille à l’époque de Yéhochoua’ Bin Noun, où l’on fête Pourim le 15 Adar (aujourd’hui, principalement la ville de Jérusalem).
Le jeûne d’Esther lorsque sa date tombe un Chabbat
La date du jeûne d’Esther tombe cette année un Chabbat.
Or, puisqu’il est interdit de jeûner un jour de Chabbat, il aurait été logique de repousser le jeûne à après Chabbat, au dimanche, comme on le fait pour d’autres jeûnes dont la date tombe un Chabbat (excepté Yom Kippour).
Mais nos maîtres les décisionnaires médiévaux (Séfer Ha-Agouda, et d’autres) écrivent que le jeûne d’Esther n’est pas considéré comme la commémoration d’un malheur qu’il faut repousser, mais au contraire, il faut l’avancer au vendredi. Cependant, dans ce cas précis, nos maîtres n’ont pas voulu avancer le jeûne au vendredi, par respect vis-à-vis du Chabbat (Mahary’’l).
Par conséquent, nos maîtres l’ont avancé dans un tel cas au jeudi précédent, qui correspond à la date du 11 Adar.
A la lueur de tout ceci, nous devrons cette année expliquer certaines autres règles spécifiques à Pourim qui tombe un samedi soir.
« Dès l’entrée du mois d’Adar, on multiplie la joie »
Il est enseigné dans la Guémara Ta’anit (29a) :
Rav Yéhouda fils de Rav Chémouel Bar Chilatt dit au nom de Rav :
Au même titre que dès l’entrée du mois de Av, nous diminuons la joie, ainsi dès l’entrée du mois d’Adar nous multiplions la joie.
Rav Papa dit : De ce fait, un juif qui aurait un litige avec un non-juif, doit tout faire pour ne pas passer en jugement durant le mois de Av, car le destin (Mazal) d’Israël ne leur est pas favorable durant ce mois. Il s’efforcera de passer en procès durant le mois d’Adar, car le destin d’Israël est très favorable durant ce mois.
Cet enseignement prend sa source dans la Méguilat Esther où il est écrit :
« Le mois qui s’est transformé pour eux de tristesse en joie … ».
Ceci nous apprend que le destin du mois cause un sauvetage et un bien pour Israël, puisque durant ce mois leur destin est bon.
Pourquoi le destin d’Israël est-il lumineux durant le mois d’Adar ?
Rachi explique dans la Guémara Ta’anit (29a) que ces jours sont des jours de miracles pour Israël. Il s’agit des miracles qui se sont produits à Pourim et ensuite à Péssa’h.
Or, depuis que se sont produits ces grands miracles pour Israël durant ces jours, ils sont restés marqués par une certaine luminosité pour Israël pour l’éternité, et sont propices à apporter un grand bien.
Le Séfat Emet (sur Ta’anit ibid.) explique que ceci provient du fait qu’au temps du Temple, on apportait les demis Chékel au Temple (pour financer tous les sacrifices publics durant toute l’année), et à cette période, Israël offrait avec joie les saints demis Chékel. Et du fait que cet usage était en vigueur aussi bien du temps du Michkan dans le désert, aussi bien du temps des 2 Temples, une grande joie régnait dans le monde.
Aujourd’hui encore, du fait que l’on lit dans la Torah la Paracha des Chékalim juste avant Roch ‘Hodech Adar, s’éveille de nouveau une joie dans le monde.
Adar 1 ou Adar 2 ?
Quoi qu’il en soit, selon la raison principale évoquée par Rachi, selon laquelle la joie du mois d’Adar est conséquente aux miracles de cette période, il est certain que cette notion de joie est relative au 2ème mois d’Adar exclusivement, qui est le mois essentiel, puisqu’il précède Nissan, et que c’est durant ce 2ème mois d’Adar que nous célébrons Pourim (et non durant le 1er mois d’Adar).
Même si selon certains commentateurs (en s’appuyant sur les propos du Talmud Yérouchalmi) les événements de Pourim eux-mêmes eurent lieu lors d’une année embolismique durant le 1er mois d’Adar, malgré tout, d’autres commentateurs (Korban Ha-‘Eda et Péné Moché) expliquent les propos du Yérouchalmi dans le sens où en réalité les événements de Pourim eurent lieu durant le 2ème mois d’Adar.
C’est pourquoi, nous aussi, dès le début du 2ème mois d’Adar, avec l’aide d’Hachem nous multiplierons la joie, et Hachem nous gratifiera d’une abondance de joie, de sainteté et de pureté.
Que nous ayons le mérite de voir la venue du Machia’h, dans la Rédemption Finale, rapidement et de nos jours, Amen.