Notre maitre le RAMBAM écrit (chap.29 des règles relatives à la prière):
Il est un commandement positif de la Torah de sanctifier le jour de Chabbat par des paroles, comme il est dit : « Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier. »,
Ce qui signifie: Rappel son souvenir par des paroles d’éloge à son entrée et à sa sortie. A son entrée par le Kiddouch, et à sa sortie par la Havdala.
La Havdala que nous faisons à la sortie de Chabbat, nous la faisons aussi bien dans la prière de ‘Arvit, aussi bien sur un verre de vin.
Dans la prière de ‘Arvit, lorsque nous disons la bénédiction « Ata ‘Honenn LaAdam Da’at », nous y insérons le passage « Ata ‘Honantanou », comme indiqué dans tous les livre de prières.
Il est expliqué dans la Guémara Béra’hott (33a) que lorsque quelqu’un a oublié de dire « Ata ‘Honantanou » dans la prière de ‘Arvit, nos maitres ne lui ont pas imposé de recommencer la ‘Amida, car il va ensuite dire la Havdala sur le verre de vin.
Rav Chéchatt dit que s’il s’est trompé dans l’une et dans l’autre, c'est-à-dire, s’il a à la fois oublié de dire « Ata ‘Honantanou » et qu’il a aussi consommé par erreur avant de dire la Havdala, il doit dans ce cas recommencer la ‘Amida de ‘Arvit en rattrapant son oubli.
C’est ainsi que tranche MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.294), lorsqu’on a oublié de dire « Ata ‘Honantanou », on ne recommence pas la ‘Amida.
Mais si l’on a aussi consommé par erreur avant la Havdala, on doit dans ce cas de double erreur recommencer la ‘Amida de ‘Arvit.
Cependant, dans le Beit Yossef, MARAN lui-même – après avoir cité la source de cette règle et les propos des décisionnaires médiévaux qui attestent de cette règle – s’étonne sur le fait que notre maitre le RAMBAM ne fait absolument pas mention de cette règle. Malgré tout, dans le Choul’han ‘Arou’h, MARAN tranche ainsi puisque tel est l’avis explicite de plusieurs décisionnaires médiévaux.
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l traite de ce sujet dans son livre ‘Hazon Ovadia-Chabbat (vol.2 page 379), et il rapporte que plusieurs décisionnaires médiévaux tranchent explicitement dans leurs livres (édités ultérieurement à l’époque de MARAN l’auteur du Choul’han Arou’h) que même si l’on a aussi consommé par erreur avant la Havdala, on ne recommence pas la ‘Amida de ‘Arvit.
En effet, selon ces décisionnaires médiévaux, lorsque Rav Chéchatt dit dans la Guémara « s’il s’est trompé dans l’une et dans l’autre », cela signifie que la personne a non seulement oublié de dire « Ata ‘Honantanou » mais elle aussi constaté ensuite qu’elle n’avait pas de vin pour la Havdala. Dans un tel cas, elle est tenue de recommencer la ‘Amida de ‘Arvit afin de dire la Havdala au moins dans la prière.
Notre maitre le Rav z.ts.l écrit qu’il est probable que telle soit également l’opinion du RAMBAM qui n’a pas fait mention de cette règle, car selon lui, on ne recommence pas la ‘Amida de ‘Arvit si l’on a consommé par erreur avant la Havdala en ayant aussi oublié de dire « Ata ‘Honantanou » dans la ‘Amida.
Sur le plan pratique, notre maitre le Rav z.ts.l tranche qu’il faut se ranger à l’opinion de MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h. Par conséquent, si quelqu’un a oublié de dire « Ata ‘Honantanou » et a aussi consommé par erreur avant la Havdala, il doit recommencer la ‘Amida de ‘Arvit.
Cependant, il est bon d’émettre une condition et de dire explicitement avant de recommencer la ‘Amida : « Si je ne suis pas réellement tenu de recommencer la ‘Amida, que celle-ci soit considérée comme une prière offerte (Téfilatt Nédava) ».