Question : Y a-t-il une obligation de procéder à la Nétilatt Yadaïm immédiatement au lever du lit, ou bien est-il permis de se vêtir et de se préparer, et seulement ensuite procéder à la Nétilatt Yadaïm ?
Réponse : Nous avons expliqué antérieurement de façon générale l’obligation de Nétilatt Yadaïm lorsqu’on se lève le matin. Il faut en effet laver 3 fois chaque main de manière alternée, d’abord la main droite, ensuite la gauche, puis la droite, et ainsi de suite.
Lors de la Nétilatt Yadaïm, il faut se laver les mains à partir d’un ustensile que l’on rempli d’eau, on ne doit pas se contenter de se laver les mains à partir du robinet uniquement.
Nous allons à présent expliquer s’il y a oui ou non une obligation de procéder à la Nétilatt Yadaïm immédiatement au lever du lit, ou s’il est possible de retarder légèrement la Nétilatt Yadaïm.
L’opinion des Kabbalistes – Hâter la Nétilatt Yadaïm au maximum
Nous avons déjà expliqué (dans la 2ème raison à l’obligation de Nétilatt Yadaïm du matin), que selon le Zohar Ha-Kadoch, ainsi que selon l’opinion de tous nos maitres les Kabbalistes, un esprit d’impureté réside sur les mains de l’homme à son réveil, car le sommeil représente un extrait de la mort.
Cet esprit d’impureté continue à résider sur l’homme à son réveil, jusqu’à ce qu’il procède à la Nétilatt Yadaïm conformément à la Halacha.
Il est par ailleurs expliqué dans le Zohar Ha-Kadoch (Béréchitt page 53b) que cet esprit d’impureté résidera sur toutes les choses touchées par l’homme à son réveil. Objets, vêtements, ou nourritures et boissons.
C’est pourquoi nos maitres les Kabbalistes nous ont mis en garde afin que l’on se hâte dès le réveil à procéder immédiatement à la Nétilatt Yadaïm.
De plus, certaines personnes très pieuses et qui s’illustraient par leur niveau spirituel très élevé, avaient l’usage de préparer à proximité de leur lit un ustensile rempli d’eau, de sorte qu’ils procédaient à la Nétilatt Yadaïm dès leur réveil, en étant encore dans leur lit. Dans le livre Yalkout Yossef, il est mentionné que le Gaon Rabbi Chémouel SALENT z.ts.l (Grand Rabbin de Jérusalem il y a environ un siècle) était très méticuleux sur cet usage.
L’opinion des décisionnaires selon qui, de notre époque il n’y a pas à craindre l’esprit impur
Cependant, dans la pratique, de nombreuses et respectables personnes ont l’usage de procéder à la Nétilatt Yadaïm après s’être vêtus de tous leurs habits, ceci en raison du fait que nous ne craignons plus spécialement les propos du Zohar Ha-Kadoch, puisque l’esprit d’impureté qui résidait du temps de nos maitres les sages du Talmud, n’est plus dans toute sa force de notre temps, comme la plupart des sujets de remèdes spirituels ou autres choses voilées de notre compréhension, dont la force s’est considérablement diminuée avec la chute spirituelle des générations, et va en diminuant, car toutes les forces spirituelles vont en s’atténuant et ne sont plus aussi distinctes que dans les générations passées.
Le Gaon Maharchal (Rabbi Chélomo LOURIA) dans son livre Yam Chel Chélomo (sur ‘Houlinn chap.31) écrit lui aussi qu’il n’y a absolument plus à craindre l’esprit d’impureté de notre époque.
Par conséquent, nous n’avons plus particulièrement de vigilance sur ce point, excepté pour la nourriture et les boissons, qu’il faut veiller à ne pas toucher avant d’avoir procéder à la Nétilatt Yadaïm.
Les propos du Ben Ich ‘Haï, et la polémique autour de ses propos
Le Gaon Rabbénou Yossef ‘HAÏM z.ts.l – auteur du Ben Ich ‘Haï – écrit lui aussi dans son livre Od Yossef ‘Haï – qui fut édité après son décès – que si nous ne veillons pas particulièrement à procéder à la Nétilatt Yadaïm dès notre réveil c’est simplement parce que l’esprit d’impureté ne réside pas sur les objets ou sur les vêtements, mais uniquement sur les aliments et les boissons.
L’ancien Richon Lé-Tsion et Grand Rabbin d’Israël le Gaon Rabbi Its’hak NISSIM z.ts.l objecta sur les propos du Ben ich ‘Haï sur ce point, car il est écrit explicitement dans le Zohar Ha-Kadoch que l’esprit d’impureté réside également sur les objets et les vêtements et pas seulement sur les aliments. Il en a donc déduit que l’un des élèves du Ben Ich ‘Haï avait fait des ajouts personnels sur les propos du Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM après son décès, et que par conséquent, il ne fallait pas se fier à ses décisions Halachiques éditées ultérieurement à son décès.
Mais notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l réfuta les propos du Gaon Rabbi Its’hak NISSIM z.ts.l, car il est de notoriété que le livre « Od Yossef ‘Haï » fut édité par l’homme de confiance de Rabbénou Yossef ‘HAÏM, qui n’est autre que le Gaon Rabbi Ben Tsion ‘HAZZAN z.ts.l, qui fut aussi l’un des administrateurs de la Yéchiva de PORAT YOSSEF à Jérusalem. Il était réputé pour être un Talmid ‘Ha’ham, un homme juste et droit, et il est inconcevable de le suspecter d’avoir falsifié les propos de son maitre le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM.
Durant les années où il était à la Yéchiva de PORAT YOSSEF (il y a environ 80 ans), il s’asseyait avec les élèves de la Yéchiva – et parmi eux notre maitre le Rav z.ts.l – et leur racontait longuement des histoires merveilleuses sur le saint comportement de notre maitre le Ben Ich ‘Haï, il introduisait ainsi la crainte d’Hachem dans le cœur de tous ses auditeurs, avec une peur sainte, distincte sur son visage.
Il est donc certain que les propos du Ben Ich ‘Haï sur ce point sont fondés sur le fait que de notre époque, l’esprit d’impureté est plus faible, comme nous l’avons expliqué.
Il est donc permis du point de vue de la Halacha de procéder à la Nétilatt Yadaïm après s’être vêtu de ses habits.
En conclusion : Il est permis de revêtir ses habits le matin avant de procéder à la Nétilatt Yadaïm. Les gens très pieux et d’un niveau spirituel très élevé s’imposent la rigueur de procéder à la Nétilatt Yadaïm immédiatement au réveil, pour davantage de purification.(Malgré tout, il est juste de veiller à ne pas toucher les yeux, ainsi que les autres orifices du corps, avant d’avoir procéder à la Nétilatt Yadaïm).
De même, certains ont l’usage de ne pas marcher 4 coudées (environ 2 mètres) avant d’avoir procéder à la Nétilatt Yadaïm, mais selon le strict Din, même cet usage n’est pas une obligation.