Disposer des branches ou des fleurs dans la synagogue et dans la maison
Le RAMA écrit (dans une de ses notes sur le Choul’han ‘Arou’h chap.494 parag.3) :
Nous avons la tradition de disposer des herbes dans la synagogue et dans les maisons, en souvenir de la joie du Don de la Torah.
Plusieurs de nos maîtres les A’haronim (décisionnaires des derniers siècles) apportent des fondements à cette tradition, qui rappelle également ce qui est enseigné dans la Guemara Chabbat (88b) :
A chaque parole qui sortait de la bouche d’Hachem (lors du Don de la Torah), le monde se remplissait d’un parfum de plantes, comme il est dit : « …Ses lèvres sont comme des roses desquelles se dégage une myrrhe passante »
De même, nous avons la tradition de disposer des branches d’arbres dans la synagogue et dans les maisons, en allusion à l’enseignement de nos maîtres dans la Guemara Roch Ha-Chana (16a) : A Chavou’ot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre.
Nous avions déjà fait mention dans le passé des propos du ‘Hayé Adam dans lesquels il cite que le Gaon Rabbi Eliyahou de Vilna (le Gaon de Vilna) fit annuler cette tradition de décorer les synagogues et les maisons d’herbes et de branchages, car aujourd’hui les Goïm – eux aussi – ont la tradition de disposer des branches d’arbres lors de leurs fêtes.
Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que le Gaon de Vilna fit annulé cette tradition, car selon son opinion Halachique, l’interdiction de la Torah de « Ouv’houkotehem Lo Tele’hou (« vous ne marcherez pas selon leurs usages ») est en vigueur de façon systématique sur tout usage non juif.
Mais selon l’opinion Halachique du MAHARY KOLON (Morenou Harav Rabbi Yossef KOLON), ainsi que de nombreux autres décisionnaires, cette interdiction n’est en vigueur que lorsqu’il s’agit d’un usage que les non-juifs adoptent comme un « ‘Hok » – une loi irrationnelle, sans raison – (dans ce cas, il est à craindre la transgression d’imiter les usages des Goïm, ainsi que la transgression d’une forme d’idolâtrie), ou bien lorsqu’il s’agit d’un usage de débauche, adopté par les non-juifs.
Mais lorsqu’il s’agit d’un usage qui possède une raison différente, comme la tenue vestimentaire que portent les médecins non-juifs, afin que l’on puisse comprendre qu’ils sont médecins, il n’y a aucun interdit à adopter ce genre d’usage.
C'est pourquoi il faut maintenir cette tradition, car « la tradition du peuple d’Israël a force de loi » (lorsque cette tradition est fondée. En particulier, lorsqu’on prend en considération le fait que cette tradition est très ancienne, puisqu’elle est déjà mentionnée dans les enseignements de nos maîtres du Talmud. (Nous avons déjà fait mention d’autres nuances sur ce sujet à d’autres occasions).
Les plats lactés
Le RAMA écrit aussi qu’il existe une tradition – dans de nombreuses contrées – de consommer des plats lactés le jour de la fête de Chavou’ot.
Les A’haronim ajoutent que certains ont la tradition de consommer également du miel et du lait, par allusion au Don de notre Torah qui est comparée au miel et au lait.
Certains donnent expliquent cette tradition de consommer des plats lactés lors de la fête de Chavou’ot ainsi :
A travers les 10 Commandements, ont été dévoilées à nos ancêtres toutes les parties de la Torah et de ses Mitsvot, comme l’écrit Rav Sa’adya GAON, que les 10 Commandements contiennent en eux toutes les Mitsvot de la Torah.
Or, lorsqu’ils sont descendus de la montagne pour retourner chez eux après le Don de la Torah, ils n’ont rien trouvé à manger, excepté des aliments lactés.
En effet, la viande nécessite une longue préparation, car il faut procéder à la Ché’hita (l’abattage rituel) avec un couteau qui possède une lame sans le moindre défaut, tel que l’ordonne Hachem, ainsi que dénerver le nerf sciatique (Guid Ha-Naché) et le retranchement des graisses interdites (‘Helev), ainsi que le salage et le rinçage de la viande, et de nombreux autres détails liés à la Cacherout des aliments.
C'est pourquoi, ils eurent recours aux plats lactés, et c’est à cela que nous faisons allusion.
D’autres explications ont été dites au sujet de cette tradition.
Puisque selon la Halacha il est interdit de consommer des plats lactés après avoir consommer de la viande, sans avoir attendu au préalable 6 heures de temps (comme nous l’avons expliqué dans les Halachot relatives à la viande et au lait), c'est pourquoi notre tradition est de consommer d’abord les plats lactés, et après s’être nettoyer et rincer la bouche (en mangeant un morceau de pain ou autre, et en buvant une boisson, comme nous l’avons également expliqué dans les Halachot relatives à la viande et au lait), on mange les plats de viande.
Il est une Mitsva de consommer de la viande de bétail le jour de Yom Tov, afin d’accomplir la Mitsva de Sim’hat Ha-‘Hag (se réjouir lors de la fête), comme l’enseigne la Guemara ‘Haguiga (8b) : il n’y a de joie que lorsqu’on consomme de la viande de bétail.
De même, il faut également boire du vin en l’honneur de la joie de la fête.
Mais il faut se préserver de toute forme de plaisanterie et de légèreté conséquentes à la consommation de la viande et du vin, car la plaisanterie et la légèreté ne sont pas de la joie, mais de la grossièreté, et nous somme tenu d’exprimer de la joie de servir Hachem.
Il faut donc plutôt se réjouir le jour de Yom Tov avec des moyens permis comme chanter (A Cappella) des chants à la gloire d’Hachem. Il faut aussi s’efforcer ce jour-là d’étudier la Torah. Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il est bon d’étudier ce jour-là le livre des Mitsvot du RAMBAM, ainsi que de lire le livre des Tehilim, car le décès de notre maître le roi David, eu lieu le jour de la fête de Chavou’ot.
Notre maitre le Rav z.ts.l avait coutume de dire qu’il n’y a pas vraiment d’utilité à rester éveillé toute la nuit de Chavou’ot en étudiant la Torah, et de dormir ensuite durant toute la journée. Il faut dormir une heure ou deux « afin de briser l’envie de dormir » - selon les propres termes de notre maitre le Rav z.ts.l, et ensuite se mettre à étudier la Torah.
Ce sont là les propres paroles de notre maitre le Rav z.ts.l.
Cependant, il s’agit là d’une chose assez difficile à réaliser pour la plupart des gens, mais malgré tout, nous pouvons apprendre des propos de notre maitre le Rav z.ts.l qu’il ne faut pas gaspiller de nombreuses heures dans le sommeil un jour aussi précieux, et l’on doit s’efforcer au maximum d’étudier la Torah.
Les propos de notre maître le Rav z.ts.l
Citons les propos de notre maître le Rav z.ts.l, prononcés à l’approche de Chavou’ot :
La nuit de Chavou’ot est une nuit particulière, et elle possède une importance supérieure à toutes les autres nuits de l’année. De très nombreuses personnes étudient la Torah durant toute la nuit ! Et quelle en est la raison ?
Lorsqu’ Hachem demanda à Moché Rabbénou d’aller délivrer le peuple d’Israël, il lui dit :
« Lorsque tu sortiras le peuple d’Egypte, vous servirez Hachem sur cette montagne ».
Sur le Mont Sinaï. Or, le mot « servirez » - qui s’écrit normalement en hébreu « תעבדו »
(« Ta’avdou ») est écrit ici de façon inhabituelle
« תעבדון »
(« Ta’avdoun »), avec un « Noun ».
Hachem vient nous dire par allusion que ce n’est qu’au bout de 50 jours (la lettre Noun a la valeur numérique 50) depuis la sortie des Béné Israël d’Egypte, qu’ils auront le mérite de recevoir la Torah.
Les Béné Israël guettaient le Don de la Torah, même s’ils en ignoraient le contenu, même s’ils en ignoraient le sens. Mais sachant que leurs ancêtres possédaient la Torah (car Avraham, Its’hak et Ya’akov, et même leurs prédécesseurs, Chem, ‘Ever, Noa’h et Adam Ha-Richon, connaissaient et étudiaient la Torah), et qu’ils tiraient du plaisir de la Torah, en s’élevant dans son étude, alors que les Béné Israël ne la possédait pas encore, ils avaient hâte de la recevoir.
C’est pourquoi, chaque jour depuis leur sortie d’Egypte, les Béné Israël comptaient : « Un jour est passé, deux jours sont passés », et ainsi de suite.
Lorsque nous comptons les jours du ‘Omer, nous le faisons aussi en souvenir de ce compte que nos ancêtres réalisèrent.
La Sainte Torah était l’objet de désir d’Israël, et ils comptaient chaque jour avant de la recevoir.
Mais au final, il eut « Ma’assé Satan » (l’ouvre du Satan), et la dernière nuit avant de recevoir la Torah, une fatigue et une profonde torpeur s’empara d’Israël et ils s’endormirent tous, au point où Hachem dut les réveiller au matin en faisant retentir des bruts dans le monde, comme il est dit : « Au 3ème jour au matin, il y eut des sons et des éclairs, ainsi qu’un épais nuage sur la montagne, il y eut aussi le son du Chofar retentissant de manière très forte, tout le peuple dans le camp fut pris de peur. »
Ils se levèrent tous dans la panique, et Moché Rabbénou leur dit immédiatement de s’habiller rapidement et de venir tous devant le Mont Sinaï.
En souvenir de cet affaiblissement durant cette nuit, et afin de réparer ce que l’on n’a pas fait de manière correcte, nous avons l’usage de rester éveillé durant toute la nuit de Chavou’ot. C’est ainsi qu’agit tout le peuple d’Israël.
Il existe un « Tikoun » (programme de textes à lire) établi par notre maître le ARI zal pour la nuit de Chavou’ot, et heureux celui qui le réalise. Mais ce Tikoun n’est pas une obligation. Celui qui le désire et qui en a la capacité, le dit. Mais l’essentiel est que l’homme doit faire ce qu’il peut, car l’homme n’étudie que la partie de la Torah qu’il désire étudier.
C’est pourquoi, si on le désire on peut étudier cette nuit-là la Guémara ou les décisionnaires, ce que notre cœur désire, « Car son seul désir est dans la Torah d’Hachem, et c’est dans Sa Torah qu’il étudie jour et nuit » (Téhilim 1-2) ! Chacun étudie ce qui lui est le plus confortable, et là où ça lui est confortable. Ce qui est essentiel c’est de rester éveillé et d’étudier la Torah jusqu’à l’aube, et lorsque nous lirons ensuite dans le Séfer Torah les Dix Commandements, nous recevrons de nouveau la Torah.
Nous avons l’usage de lire le livre des Téhilim le jour de Chavou’ot, car c’est le jour de la disparition du roi David.
Le roi David est décédé un jour de Chavou’ot qui tombait Chabbat.
Tout le peuple d’Israël s’affligea énormément de son décès. Ils ne se réjouirent pas de la fête, et ils repoussèrent la joie au lendemain.
C’est pourquoi, le lendemain de Chavou’ot – le jour de Isrou ‘Hag – est aussi un jour plus particulier que les autres lendemains de fêtes, car il possède en lui-même la joie de la fête Chavou’ot, joie qui avait exceptionnellement été repoussée lors du décès du roi David.
Fin de citation des propos de notre maître le Rav z.ts.l.
Réjouir les nécessiteux
Il est dit dans la Torah (Devarim 16)
« Tu te réjouiras, lors de Ta fête. Toi, ainsi que ton fils, ta fille, ainsi que le Levi et l’étranger, l’orphelin et la veuve qui seront au sein de toi… »
C'est pourquoi nous avons le devoir de réjouir pendant la fête, les pauvres, les veuves ainsi que les orphelins, et ceci représente une sainte obligation.
Nous pouvons nous acquitter de cette obligation en leur offrant avant la fête le nécessaire pour célébrer dignement la fête.