Il est rapporté dans le Midrach Rabba (Emor, Paracha 29-4) sur le verset :
אַשְׁרֵי הָעָם, יֹדְעֵי תְרוּעָה ... (תהלים פט-טז)
Heureux le peuple qui connait la sonnerie (Téhilim 89-16) :
Rabbi Yochiya dit : Les nations du monde ne savent-elles pas sonner ?!
Combien de cornes et autres trompettes possèdent-ils ?!
En réalité, « Le peuple qui connait la sonnerie » désigne Israël, qui savent parfaitement apaiser leur Créateur par la sonnerie. Hachem se lève alors du trône de justice pour siéger sur celui de la miséricorde, et s’empli de pitié et de miséricorde pour son peuple Israël.
Ceci est le sens du verset : Heureux le peuple qui connait la sonnerie, ce qui signifie : qui savent et connaissent la propriété et la force de la sonnerie, et se repentent envers Hachem. Fin de citation du Midrach.
Le maître de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l était le Gaon Rabbi ‘Ezra ATTIE z.ts.l, qui était aussi le maître de la plupart des grands Rabbanim Séfaradim de la génération précédente.
Rabbi ‘Ezra ATTIE était un Gaon (un grand maître de la Torah), un Tsaddik et d’un niveau tellement élevé, au point où même les grands de notre générations comme notre maître le Rav z.ts.l, ou le Gaon Rabbi Ben Tsion ABBA CHAOUL z.ts.l, ou bien le Gaon Rabbi Chalom MIZRA’HI z.ts.l et d’autres, s’annulaient devant lui.
Pour exemple : Lorsque notre maître le Rav z.ts.l constatait sur un quelconque point de Halacha que le Gaon Rabbi ‘Ezra ATTIE ne partageait pas son opinion, notre maître le Rav z.ts.l s’empressait de mettre de côté la décision Halachique qu’il avait rédigée, et il ne tranchait pas à l’encontre de l’opinion de son grand maître.
Chaque année, notre maître le Rav z.ts.l organisait une Azkara en l’honneur de son maître, et le mentionnait avec les qualificatifs « Notre guide et notre maître Rabbi ‘Ezra ATTIE ». (Le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita – digne petit-fils de notre maître le Rav z.ts.l et directeur de notre site « Halacha Yomit » - a également développé ce sujet dans son livre « Avir Ha-Ro’im » volume 2).
Le Gaon Rabbi ‘Ezra ATTIE z.ts.l – qui était le Roch Yéchiva (le chef spirituel) de la grande Yéchiva Séfarade de Porat Yossef à Jérusalem – raconta que le Gaon Rabbi Chélomo LANYADO z.ts.l – auteur du livre Chou’t Beit Dino Chel Chélomo et qui était le Rav de la ville de ‘Haleb (Alep en Syrie) – avait l’usage de diriger les offices à Roch Ha-Chana en tant qu’officiant (‘Hazzan), car il était doté d’une voix mélodieuse, et il sonnait aussi du Chofar. Ainsi il agissait chaque année.
Lorsque Rabbi Chélomo LANYADO arriva à un âge avancé, il fit savoir aux responsables de la communauté venus lui rendre visite le Chabbat précédent Roch Ha-Chana, qu’il n’avait plus la possibilité d’officier pour Roch Ha-Chana et de sonner du Chofar en raison de son état de santé.
Les responsables de la communauté lui répondirent :
« Peut-être que notre maître accepterait de solliciter son fils le Gaon Rabbi Efraïm (auteur du Chou’t Déguel Ma’hané Efraïm) afin qu’il dirige les offices et sonne du Chofar à la place de notre maître ? »
Lorsque son fils Rabbi Efraïm entendit cela, il se présenta devant son père et lui dit :
« Papa, je suis disposé à te remplacer cette année. »
Le Gaon Rabbi Chélomo LANYADO accéda à la demande et béni son fils afin qu’il réussisse dans sa mission.
Le jour de Roch Ha-Chana, Rabbi Efraïm se rendit à la synagogue et dirigea les offices. Lorsqu’il s’apprêta à sonner du Chofar, il fut légèrement troublé dans les sonneries, et corrigea immédiatement selon la règle.
Lorsque les chefs de la communauté rendirent visite à Rabbi Chélomo LANYADO après l’office afin de lui embrasser la main selon l’usage, il leur demanda comment s’étaient déroulés les offices ? Ils lui répondirent avec beaucoup d’éloges sur les offices qu’avait dirigés Rabbi Efraïm en tant qu’officiant. Il leur demanda ensuite comment étaient les sonneries ? Sur ce point, les chefs de la communauté répondirent très brièvement. Rabbi Chélomo sentit que les sonneries n’étaient pas de grande qualité. Il appela immédiatement son fils Rabbi Efraïm et lui demanda la raison. Rabbi Efraïm répondit qu’il avait prononcé le texte préliminaire aux sonneries du Chofar dans lequel il est écrit : « Envois tes anges saints préposés aux sonneries », et qu’à ce moment précis il vit l’ange préposé se tenir à sa droite, et c’est pour cela qu’il eut peur et fut perturbé.
En entendant les explications de son fils, Rabbi Chélomo se mit à rire et lui dit :
« Tu a invité l’ange et tu as peur de lui ?! » (Cette phrase fut dite en arabe, ce qui lui donne une pointe d’humour particulière).
A une telle grandeur, on dédie le verset « Heureux le peuple qui connait la sonnerie ».
Nous devons ajouter que ce fait a été également rapporté par le Gaon
Rabbi Avraham HARARI RAFOUL z.ts.l, qui était l’un des doyens des sages de la ville de ‘Haleb, et que l’on honorait à prendre la parole en présence des élèves de la Yéchiva de PORAT YOSEF à Jérusalem.
En effet, il y a près de 70 ans, Rabbi Avraham raconta cette histoire devant les élèves. Soudain, un élève se leva et demanda au Rav :
« Pourquoi le Rav nous raconte-t-il cette histoire ? Pourquoi nous raconter une histoire aussi étonnante ? »
Rabbi Avraham lui répondit :
« Afin que tu saches que de telles choses existent dans le monde ! Tu dois savoir que c’est possible ! »
Cependant, nous qui sommes si bas, lors des sonneries nous devons au moins penser à se repentir, comme le disent nos maîtres dans le Midrach sur le verset des Téhilim :
תִּקְעוּ בַחֹדֶשׁ שׁוֹפָר ... (תהלים פא-ד)
Sonnez du Chofar pendant le mois … (Téhilim 81-4) - Renouvelez et améliorez vos actes au moyen du Chofar (le mot « mois » se dit en hébreu « ‘Hodech » de la racine « ‘Hadach » qui signifie « nouveau »), car le Chofar (de Roch Ha-Chana) est aussi une allusion au Chofar du jour du Don de la Torah, comme il est écrit à son sujet :
וַיְהִי קוֹל הַשֹּׁפָר, הוֹלֵךְ וְחָזֵק מְאֹד ... (שמות יט-יט)
Le son du Chofar allait et s’intensifiait énormément … (Chémot19-19)
C’est pourquoi, il est interdit de parler au moment des sonneries du Chofar, car ce moment (du Don de la Torah) est décrit dans le Midrach (Ytro fin de la Paracha 29) comme un moment de silence universel total. Aucun animal n’émit le moindre son, ni l’âne, ni le cheval, ni l’oiseau, ni les anges, seul le son du Chofar était entendu d’un bout du monde à l’autre.
Par conséquent, il ne faut ni parler, ni tousser volontairement, il faut rester assis en silence lors des sonneries, afin d’accomplir le commandement positif de la Torah d’écouter le son du Chofar le jour de Roch Ha-Chana.
קְחוּ עִמָּכֶם דְּבָרִים, וְשׁוּבוּ אֶל-ה' ... (הושע יד-ג)
Prenez avec vous les paroles et repentez-vous vers Hachem … (Hochéya’ 14-3)
Heureux le peuple qui connait la sonnerie et sait l’utiliser pour se repentir.