Question : Est-il permis de colorer des boissons pendant Chabbat, comme lorsqu’on met de l’extrait de thé ou du café dans l’eau, puisque l’eau se teint au contact du café ou du thé ? De même, est-il permis de mettre du sirop dans l’eau, puisqu’il colore l’eau, ou bien y a-t-il dans chacun de ces cas un interdit à titre de teindre ?
Réponse : Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué de façon globale l’interdiction de teindre pendant Chabbat, en précisant que l’activité de teindre est l’une des activités interdites pendant Chabbat selon la Torah.
Dans le passé, nous avons établi qu’il n’y a pas d’interdiction de teindre des aliments pendant Chabbat, et de ce fait il est permis de mettre du safran dans la nourriture pendant Chabbat, même s’il produit une couleur, puisque ce geste ne représente pas une réelle teinte.
Les propos du RAMA concernant la teinte de boissons
Concernant les boissons, le RAMA écrit dans Darké Moché (chap.20) :
« J’ai entendu au nom de Rabbi Avraham de METZ, qu’il est interdit de mettre du vin blanc dans du vin rouge pendant Chabbat, à titre de l’interdit de teindre pendant Chabbat. Mais selon l’auteur du Yéréïm (dont on a cité les propos dans une autre Halacha sur ce sujet), il n’y a pas d’interdiction à teindre les aliments, et il semble donc que notre sujet est également permis. » Fin de citation du RAMA.
Y a-t-il une différence entre les aliments et les boissons ?
Nous avons cité la décision du Choul’han ‘Arou’h qui tranche selon le Yéréïm, selon qui il n’y a absolument pas d’interdiction à teindre les aliments pendant Chabbat.
Mais au sujet des boissons, les décisionnaires débattent afin de définir s’il y a un interdit au titre de teindre pendant Chabbat.
Comme nous l’avons compris, le RAMA considère qu’il n’y a pas de différence entre les aliments et les boissons sur ce point, et puisqu’il n’y a pas d’interdiction à teindre des aliments pendant Chabbat, il n’y a pas d’interdiction à teindre des boissons pendant Chabbat. C’est pourquoi le RAMA autorise pendant Chabbat la teinte d’un vin blanc en rouge au moyen d’un vin rouge.
Cependant, le ‘Hayé Adam écrit que ce Din est contestable.
C’est également l’opinion du Gaon Ya’abets, et d’autres de nos maîtres les A’haronim (décisionnaires des derniers siècles) écrivent que même s’il n’y a pas d’interdiction à teindre les aliments pendant Chabbat, malgré tout, au sujet des boissons, le Din est différent, et l’on ne peut autoriser.
C’est pourquoi le Gaon Rabbi Ya’akov ‘H’AGUIZ écrit que lorsqu’on mélange du vin rouge avec du vin blanc pendant Chabbat, il faut veiller à mettre d’abord le vin rouge dans le verre, et ensuite le vin blanc, afin d’éviter un risque d’interdiction de teindre.
C’est également ce qu’écrit le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM dans son livre Chou’t Rav Pé’alim (vol.3 chap.11), en expliquant qu’étant donné que la teinte essentielle interdite par la Torah réside dans le fait d’apprêter la peinture qui est liquide, de ce fait on ne doit pas teindre les boissons pendant Chabbat.
Il confirme cette décision rigoureuse dans son livre Ben Ich ‘Haï.
C’est également l’opinion rigoureuse de nombreux décisionnaires de notre temps qui interdisent même la préparation du café pendant Chabbat pour cette raison.
(Selon leur opinion, il faut procéder de manière inhabituelle pour préparer le café pendant Chabbat).
Malgré tout, sur le plan pratique, on peut autoriser conformément à l’opinion de notre maître le RAMA, et puisqu’il n’y a pas d’interdiction à teindre des aliments, il en est de même pour les boissons.
Telle est l’opinion du ‘Ha’ham Tsévi, du Péri Méguadim, du Gaon Rabbi Yossef Ben Djoya auteur du livre Tal Orott, et d’autres nombreux décisionnaires des derniers siècles, jusqu’au dernier, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l dans son livre Chou’t Yabi’a Omer (tome 2), ainsi que dans son livre ‘Hazon Ovadia-Chabbat (vol.5).Tel est l’usage chez les Séfaradim, d’agir selon ses décisions.
En conclusion : Il est permis de mélanger de l’extrait de thé, ou du café, ou un sirop dans l’eau pendant Chabbat, puisqu’il n’y a pas d’interdiction de teindre les boissons pendant Chabbat, et tel est l’usage. La personne qui désire s’imposer la rigueur sur ce point Lé’haté’hila (à priori) lorsque c’est possible, en mettant par exemple le vin rouge en premier et ensuite le vin blanc, cette personne est digne de la Bénédiction.