Les femmes sont généralement exemptes de tous les commandements positifs liés au temps (Mitsvot ‘Assé Ché-Hazéman Gérama), c’est-à-dire, les Mitsvot qui dépendent d’un temps précis et qui ne sont pas en vigueur en permanence, comme le devoir du Loulav à Soukkot, ou le devoir du Chofar à Roch Ha-Chana, les femmes en sont exemptes.
« Elles ont elles-aussi bénéficié du miracle »
Cependant, nos maitres enseignent dans la Guémara Méguila (4a) qu’au sujet de l’allumage de ‘Hanouka et de la lecture de la Méguila à Pourim, les femmes sont soumises à l’obligation de ces devoirs comme les hommes, car elles ont elles-aussi bénéficié du miracle.
Cela signifie que puisque les décrets à l’époque de Pourim et de ‘Hanouka visaient aussi bien les hommes que les femmes, elles sont – elles aussi – soumises au devoir de la lecture de la Méguila et à celui de l’allumage des Nérot de ‘Hanouka.
Qui plus est, le RACHBAM (Rabbénou Chémouel Ben Méïr, l’un des auteurs des Tossafot. France il y a plus de 900 ans. Petit-fils de Rachi et frère de Rabbénou TAM) écrit que la raison pour laquelle les femmes sont soumises à l’obligation de l’allumage des Nérot de ‘Hanouka et à celle de la lecture de la Méguila réside dans le fait que le miracle s’est produit essentiellement grâce à elles, car à Pourim le miracle s’est produit essentiellement grâce à la reine Esther, et à ‘Hanouka le miracle a débuté grâce à la vertueuse Yéhoudit et à d’autres femmes justes et pieuses qui vivaient à cette génération. (L’une d’entre elles était la sœur de Yéhouda Ha-Makabi, elle a sacrifié sa vie et sa dignité, et c’est par elle que débuta réellement la délivrance, car les ‘Hachmonaïm se sont battus et ont éliminé le gouverneur grec impur, et c’est à partir de là qu’ils poursuivirent leurs guerres jusqu’à la reconquête de la terre d’Israël).
L’histoire de Yéhoudit
Nous allons raconter brièvement la célèbre histoire de Yéhoudit (car un rappel de ce miracle figure dans les Piyoutim antiques dédiés au Chabbat ‘Hanouka).
Plusieurs années avant la guerre des ‘Hachmonaïm contre les grecques, le cruel Holoforness (ou Eliforness) mis le siège devant une ville de la région de Yéhouda, du nom de Bétoul.
Il était de notoriété que toute ville conquise par cet ennemi, ses habitants étaient tous massacrés sans pitié, hommes, femmes, enfants et vieillards.
Les juifs s’enfermèrent à l’intérieur de la ville et tentèrent de se défendre contre les armées de l’ennemi.
Lorsque Holoforness constata que les juifs résistaient, il assiégea la ville jusqu’à l’épuisement de toutes les vivres contenues dans la ville, afin que ses habitants se soumettent sans combattre.
Lorsque les réserves d’eau s’épuisèrent, les habitants de la ville demandèrent à leurs dirigeants de négocier avec Holoforness et de lui demander sa grâce en échange d’une soumission.
A ce moment-là, Yéhoudit (la fille de Yo’hanan Cohen Gadol) se présenta devant les dirigeants de la ville, et leur dit :
« Vous n’êtes pas sans savoir que la mort nous est préférable à la soumission à un ennemi aussi cruel, et nous devons nous renforcer dans la confiance en Hachem afin qu’il se hâte à nous délivrer ! »
Elle ajouta qu’elle avait une idée en tête, grâce à laquelle elle pourra soumettre l’ennemi, et Celui qui fit mourir Sisséra par la main de Yaël la femme de ‘Hévér Ha-Kéni, donnera la tête de Holoforness dans ses mains.
Yéhoudit sortit en silence de la ville, et s’approcha du camp ennemi.
Les soldats virent qu’elle avait l’allure et les vêtements d’une véritable princesse.
Elle leur dit qu’elle désirait parler à Holoforness. Ils l’amenèrent devant leur maitre.
Holoforness lui demanda :
« Qui es-tu et que désires-tu ? »
Elle lui répondit :
« Je suis la fille de Cohanim, et j’habite la ville que tu assièges. Les habitants de cette ville placent leur confiance en Hachem le D.ieu d’Israël qui les délivrera. Mais d’ici quelques jours, tu pourras les soumettre, et je suis venue me réfugier auprès de toi. »
Holoforness contempla sa beauté et fut très impressionné par sa douceur et son intelligence.
Il lui répondit :
« Si tu m’aides à conquérir la ville, je t’épouserai. »
Elle lui répondit qu’il en sera ainsi, qu’elle irait dans la ville et en revenant, elle lui dévoilerait tous les points stratégiques de la ville.
Au 3ème jour, le tyran convia Yéhoudit dans sa tente.
Au soir, elle arriva avec sa servante avec un panier dans les mains, qui contenait sa nourriture.
Il fit dresser une table remplie des meilleurs aliments, mais elle lui servit du fromage qui se trouvait dans le panier, et il était particulièrement salé.
De ce fait, Holoforness lui demanda du vin, et elle lui fit boire.
Elle lui donna à manger des aliments lactés ainsi que beaucoup de vin, jusqu’à ce qu’il tombe sur son lit et s’endorme complètement ivre.
C’est alors qu’elle s’arma de courage et s’empara de l’épée du tyran qui était suspendue à côté de lui. Tout en suppliant Hachem le D.ieu d’Israël et en tremblant de tout son corps, elle frappa l’impie au cou, le tua, et s’empressa de le décapiter. Elle plaça ensuite sa tête dans son panier et retourna au camp d’Israël avec la tête de l’ennemi dans ses mains.
Les soldats constatèrent que leur chef était mort, et Israël obtint la victoire.
C’est à partir de cette histoire que les ‘Hachmonaïm puisèrent plus tard la force et la puissance, afin de savoir que ce n’est pas par la force que l’homme gagne, car la délivrance appartient à Hachem.
Une personne qui ne peut pas allumer à son foyer
C’est pourquoi, même pour une femme mariée, si son époux ne peut pas allumer les Nérot de ‘Hanouka à son foyer – par exemple lorsqu’il est en déplacement à l’extérieur - il doit dans ce cas nommer son épouse déléguée afin qu’elle allume les Nérot ‘Hanouka à sa place, et il s’acquitte ainsi de son devoir même en étant absent au moment de l’allumage.
De même, une femme qui vit seule, a le devoir d’allumer les Nérot de ‘Hanouka, exactement comme un homme.
Un homme qui doit rentrer chez lui à une heure tardive
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que lorsqu’un homme sait qu’il va rentrer tard chez lui, il est préférable qu’il nomme son épouse déléguée afin qu’elle allume les Nérot au moment propice à l’allumage, c’est-à-dire à l’heure de la sortie des étoiles, plutôt que d’allumer lui-même à une heure tardive.
Même si pour toute accomplissement d’une Mitsva nous disons que « la Mitsva est plus grande lorsqu’elle est accomplie par la personne elle-même plutôt que par son délégué » (Mitsva Bo Yoter Mibichlou’ho), malgré tout, dans ce cas précis il est préférable qu’il nomme son épouse déléguée pour allumer les Nérot, car grâce à elle la Mitsva s’accomplie à son moment propice, conformément à l’institution de nos maitres.
Nous pouvons ajouter que lorsque l’épouse allume les Nérot à la place de son époux, celui-ci n’est pas considéré comme n’ayant pas accompli la Mitsva lui-même, car « son épouse est considérée comme sa propre personne » (Ichto Kégoufo), et de ce fait, lorsque l’épouse allume les Nérot, ceci est considéré comme si l’époux les avait allumées lui-même.
Cependant, il faut préciser que si la chose doit se produire chaque soir de la fête, il n’est pas correct que l’homme n’allume absolument pas les Nérot de ‘Hanouka, et cela peut également influer de manière négative sur l’éducation religieuse de ses enfants.
C’est pourquoi, il faudra consulter une véritable autorité Halachique afin de définir comment agir dans une telle situation.
Mais selon l’usage des Achkénazim où chaque membre du foyer allume ses propres Nérot de ‘Hanouka, si l’époux se trouve à un endroit où il a la possibilité d’allumer, il est bon qu’il allume lui-même sans réciter de Béra’ha (dans un tel cas, il est bon que l’époux entende les Béra’hot d’une autre personne qui allume ses Nérot), et son épouse allumera au foyer en récitant les Béra’hot.
Lorsqu’il y a un homme qui allume
Même si les femmes sont soumises au devoir de l’allumage des Nérot de ‘Hanouka, malgré tout, lorsque le chef de famille allume les Nérot de ‘Hanouka au foyer, son épouse et ses filles n’allument pas de manière indépendante.
Même selon l’usage des Achkénazim où chaque membre du foyer allume ses propres Nérot de ‘Hanouka, malgré tout, l’épouse et les filles n’allument pas de manière indépendante.
Ce n’est que lorsque la femme se trouve seule à la maison – comme une femme qui n’est pas encore mariée, ou dont l’époux est absent lors de l’allumage – qu’elle allume les Nérot de ‘Hanouka.
Un homme qui n’était pas présent lors de l’allumage du 1er soir de ‘Hanouka
Nous devons également expliquer un point supplémentaire :
Lorsque l’époux sait qu’il va rentrer tard au foyer et que de ce fait, il demande à son épouse de réciter les Béra’hot et d’allumer à sa place, il est acquitté de l’obligation de l’allumage et des Béra’hot par l’allumage de son épouse.
Cependant, si cela s’est produit dès le 1er soir de ‘Hanouka et que son épouse a donc allumé les Nérot à la place de son époux, elle a donc également récité la Béra’ha de « Chéhé’héyanou » lors de l’allumage du 1er soir.
De ce fait, l’époux qui n’a pas récité lui-même cette Béra’ha, la récitera lorsqu’il allumera lui-même les Nérot le 2ème soir, car pour lui ce sera son premier allumage.