Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué que même si Yom Tov et Chabbat ont un statut identique vis-à-vis de l’interdiction de réaliser des travaux, et pour cette raison il est interdit de voyager en voiture pendant Yom Tov (car plusieurs interdits sont liés à cette activité, voir Chou’t Yé’havé Da’at vol.3 chap.36), malgré tout, la réalisation de certains travaux interdits qui servent à préparer la nourriture (O’hel Nefech) pendant Yom Tov, sont permis. Par exemple, l’interdit de cuire (Bichoul) ou de frire (Tigoun).
Nous allons à présent expliquer un détail supplémentaire concernant la cuisson pendant Yom Tov.
Un goût qui perd de sa fraîcheur
Il existe des aliments dont le goût ne perdure pas, et au bout d’un ou deux jour depuis leur préparation, le goût perd de sa fraicheur.
Il existe d’autres aliments dont le goût se conserve plus longtemps, même si un ou deux jours s’écoulent depuis leur préparation.
Par exemple: Une viande grillée sur le feu. Plus le temps s’écoulera, plus son goût perdra de sa saveur, et il est préférable de la consommer immédiatement après sa grillade. On peut expliquer ainsi le fait que la Torah nous ordonne de consommer les offrandes appelées « Chélamim » dès leur sacrifice, car plus le temps passe, moins la viande préserve la qualité de son goût. De même pour des légumes frits, comme des frites par exemple, plus elles sont consommées le plus proche possible du moment de leur friture, plus leur goût préserve sa saveur, mais si on les consomme plus tard, leur goût perdra en qualité. Il est évident qu’un aliment de ce type, il est tout à fait permis de le cuisiner pendant Yom Tov, selon tous les avis, car si on le prépare depuis la veille de la fête, son goût n’aura pas la même qualité lors de sa consommation le lendemain pendant la fête.
Cependant, nos maîtres les Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale) débattent au sujet d’aliments qui ne présentent aucune différence au niveau de leur goût qu’ils soient préparés le jour même ou la veille, comme une confiture de fruits ou une compote, est-il malgré tout permis de les cuisiner pendant Yom Tov, car selon certains, étant donné qu’il est possible de les réaliser depuis la veille de Yom Tov, nos maitres ont interdit leur préparation le jour de Yom Tov afin que l’homme ne passe pas l’intégralité de sa fête à cuisiner et se prive ainsi de la réjouissance de la fête. Selon d’autres, nos maitres n’ont pas fait cette distinction entre les types d’aliments. Les différents arguments sont cités longuement dans le Beit Yossef ainsi que dans les propos des décisionnaires aux règles relatives à Yom Tov (chap.495).
Sur le plan pratique
Sur le plan Halachique, notre grand maître, le Décisionnaire de la génération, le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l conclut (H’azon Ovadia-Yom Tov page 8) que selon le strict Din, il est permis de cuisiner pendant Yom Tov même un aliment dont le goût n’aurait pas subi de changement s’il avait été cuisiné depuis la veille, comme une confiture ou une compote. Malgré tout, il est souhaitable de s’imposer la H’oumra (rigueur) et de préparer ce type d’aliments depuis la veille de Yom Tov. Le jour de Yom Tov lui-même, on préparera uniquement des aliments dont le goût est meilleur lorsqu’ils sont frais, comme des légumes frits ou autre, comme nous l’avons écrit.
L’usage des Ashkenazim est rigoureux sur ce point, et ils s’interdisent de préparer pendant Yom Tov tout aliment dont le goût n’aurait pas perdu de sa fraîcheur s’il avait été préparé la veille de la fête, comme une compote par exemple. Quoi qu’il en soit, le Michna Béroura écrit que s’il on n’a pas eu le temps de préparer de tels aliments avant la fête, il est permis de les préparer pendant Yom Tov. De même, il est permis de les préparer pendant Yom Tov de manière inhabituelle (par exemple, en posant la marmite sur le feu de façon inhabituelle).
En conclusion: Tout aliment dont le goût est meilleur lorsqu’il est consommé immédiatement après sa préparation, comme un légume frit par exemple, il est permis de cuisiner un tel aliment le jour de Yom Tov. Mais un aliment qui ne perd aucune saveur même lorsqu’il est cuisiné la veille avant la fête, Léh’atéh’ila (à priori) il ne faut pas retarder sa préparation au jour de Yom Tov lui-même, il faudra le cuisiner depuis la veille de Yom Tov, comme nous l’avons expliqué.