Commentaires rédigés pour Halacha Yomit par le Gaon Rabbi Zévadia COHEN Chlita,
chef des tribunaux rabbiniques de Tel Aviv
Notre Paracha nous enseigne :
קדושים תהיו כי קדוש אני ה' אלוקיכם
« Vous serez saints car – moi Hachem votre D.ieu – je suis saint. »
Cela signifie que le peuple d’Israël doit accomplir les Mitsvot de la Torah, et ainsi se sanctifier, comme nous le disons dans les bénédictions que nous récitons avant d’accomplir les Mitsvot : « … qui nous a sanctifié par ses Mitsvot et nous a ordonné de … », car c’est par l’accomplissement de chaque Mitsva qu’un homme se sanctifie, puisqu’il augmente ainsi le spirituel qui est en lui, sur la partie physique qui est en lui.
Le seul moyen de se sanctifier est donc la pratique des Mitsvot.
Rabbi Ya’akov de DOUBNA demande dans son livre « Le Maguid de DOUBNA » :
L’ordre de devenir saint est facilement compréhensible, mais la cause donnée par la Torah à cet ordre « … car – moi Hachem votre D.ieu – je suis saint » n’est absolument pas compréhensible. En effet, pouvons-nous nous sanctifier et atteindre le niveau de sainteté d’Hachem ?! Est-ce approprié de dire « Vous serez saints car – moi Hachem votre D.ieu – je suis saint » ?! Pouvons-nous atteindre – si l’on peut s’exprimer ainsi – le niveau de sainteté du Maître du monde ?! Comment mettre en parallèle l’ordre de se sanctifier pour atteindre le niveau de SA sainteté ?
Afin de résoudre cette interrogation, le Maguid de DOUBNA cite une image :
Dans un village reculé, où vivaient des paysans agriculteurs, bergers et éleveurs de bétails, vivait également un homme riche qui craignait le Ciel.
Cet homme avait une fille unique, qui se distinguait particulièrement par sa sagesse, par sa beauté et par sa richesse.
Lorsqu’elle arriva en âge de se marier, son père lui chercha un époux qui étudiait la Torah et qui craignait le Ciel.
Il comprit que le village n’était pas l’endroit idéal pour trouver ce qu’il cherchait.
Il se déplaça dans la grande ville où se trouvait une importante Yéchiva dans laquelle des jeunes-hommes brillants étudiaient la Torah jour et nuit.
Il alla trouver le Roch Yéchiva et lui dit :
« J’ai une fille pleine de qualités et qui est très belle. Trouvez-moi s’il vous plait un jeune étudiant de la Yéchiva qui possède lui aussi de bonnes qualités, qui est apte et digne, qui a de l’ambition et qui est voué à la grandeur, et je le prendrais comme gendre.
Je suis disposé à le loger au village et il pourra étudier la Torah jour et nuit sans interruption jusqu’à ce qu’il devienne un grand de la Torah. Je suis également disposé à le soutenir financièrement pendant 5 ans, jusqu’à ce qu’il achève son étude. »
En entendant cela, le Roch Yéchiva proposa immédiatement l’étudiant le plus assidu et le plus particulier de la Yéchiva, qui étudiait la Torah jour et nuit sans interruption, et qui promettait l’avenir d’un Grand de la génération.
Le villageois se réjouit pour le merveilleux futur gendre dont il avait hérité, et il se hâta de signer le contrat de Tnaïm (les fiançailles). On fixa également la date du mariage.
Après le mariage – qui se déroula dans le plus grand luxe - le couple reçu une belle et spacieuse maison dans le village, et le jeune marié s’adonna à l’étude de la Torah sans interruption, excepté pour manger et dormir.
Le père de la mariée était heureux du mérite qu’il avait d’avoir un gendre comme celui-ci, qui étudiait la Torah et qui craignait le Ciel.
Mais environ 6 mois plus tard, un jour où le gendre sortait de son lieu d’étude pour rentrer chez lui, il s’arrêta un moment pour voir les troupeaux, et il en fut émerveillé.
Depuis, à chaque pose de la mi-journée, il allait se détendre sur l’herbe auprès des moutons et des chèvres, et il tirait plaisir de l’air frais et limpide du village, qui se trouvait aux pieds des montagnes.
Petit à petit, le gendre se laissa attirer, il augmenta un peu plus sa promenade chaque jour sur le compte de son étude, et la chose éveilla l’attention du village.
Son beau-père entendit cela et le convoqua immédiatement.
Il dit à son gendre :
« Tu m’as promis que tu étudierais sans interruption, pourquoi néglige-tu ton étude ?! »
Le gendre répondit :
« Que dis-tu ?? J’étudie chaque matin durant 2 heures après la prière, ce qui représente bien plus que tous les villageois qui n’ouvrent jamais un livre, je suis donc bien mieux que tous ! »
Le beau-père se mit en colère et lui dit :
« Est-ce que je t’ai pris comme gendre et est-ce que je t’ai soutenu financièrement simplement parce que tu es meilleur que les gens de mon village ??! Je t’ai pris comme gendre parce que tu étais le plus assidu de ta Yéchiva dans la grande ville ! Tu dois donc évaluer ton étude en rapport à tes camardes de la Yéchiva, et non en rapport aux gens de mon village ! »
Le gendre entendit et s’engagea à retourner à son étude.
La morale : Hachem nous ordonne : « Soyez saints ! Pratiquez mes Mitsvot et vous vous sanctifierez. » Mais quelqu’un peut venir et dire : « Je me suffis des quelques Mitsvot que je pratique, car en rapport à mon ami ou à mon voisin qui est un total impie, je suis bien mieux, je suis plus Tsaddik que lui, il m’est donc suffisant de pratiquer le peu que je pratique. »
A cela, la Torah répond : « Soyez saints ! Car – moi Hachem votre D.ieu – je suis saint ! » L’évaluation de votre pratique des Mitsvot et de votre sainteté ne doit pas se faire en rapport à la pratique d’un simple juif, car vous vous contenterez du peu.
La sainteté doit être en rapport à une ambition de se sanctifier au maximum, en pratiquant toutes les Mitsvot afin de nous sanctifier de toutes nos forces et avec toutes nos possibilités. Ainsi nous nous sentirons au plus près d’Hachem.
Mais cela ne peut se faire qu’en pratiquant toutes les Mitsvot, avec l’ambition maximale de procurer une satisfaction à notre Créateur, et afin d’accomplir Sa volonté, Amen.
Chabbat Chalom !