Halacha pour lundi 20 Av 5783 7 août 2023

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

La position de la Halacha sur le suicide – Histoire qui s’est passés dans la classe de notre maitre le Rav z.ts.l dans sa jeunesse à la Yéchiva

Dans la précédente Halacha, nous avons cité les propos du Gaon Rabbi ‘Haïm FALLAG’I z.ts.l au sujet de celui qui a tenté de se suicider, en absorbant des médicaments dangereux ou autre, et que ses proches l’ont trouvé et se sont soucié de le guérir. Lorsque cette personne est rétablie, elle doit réciter la bénédiction du Gomel, au même titre que toute personne qui a été malade et qui a guérit, par la bonté d’Hachem.

Le suicide
Nous devons expliquer ici une chose quelque peu méconnue en raison de conceptions contraires à l’esprit de notre sainte Torah.
Il ne faut surtout pas penser un instant qu’une personne frappée par les épreuves de la vie - comme des dettes ou des maladies sérieuses, ou bien des problèmes psychologiques graves – et désirerait porter atteinte à sa personne et se suicider, et que – ‘Hass Véchalom (à D. ne plaise) – son acte serait justifié et que l’on pourrait prétendre que cette personne n’aurait commis aucune faute par son geste puisqu’elle a choisi de mettre fin à ses jours en raison de ses souffrances, et qu’il n’est pas possible de la juger sur son acte.
Toutes ces conceptions vont catégoriquement à l’encontre de l’esprit de notre sainte Torah, car selon le Din (la loi de la Torah), l’âme de l’homme est confiée exclusivement dans les mains d‘Hachem, et l’on ne maitrise pas le jour de la mort, ce n’est qu’à Hachem et seulement à Lui qu’il est possible de déterminer le jour où l’homme doit quitter ce monde.

Rabbi ‘Hanina Ben Téradyon
Il est raconté dans la Guémara Avoda Zara (18a) que les romains avaient décrété l’interdiction d’étudier et d’enseigner la Torah sous peine de mort par combustion.
Hélas, suite à ce décret, la Torah commençait à s’oublier parmi le peuple d’Israël, car personne n’osait braver le terrible décret des autorités romaines, qui imposaient leur dictature en mettant à mort toute personne qui étudiait la Torah.

Seul le Tana Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn n’attachait aucune importance aux propos des autorités romaines, et il se déplaçait d’un endroit à l’autre avec un Séfer Torah avec lui, afin de divulguer l’enseignement de la Torah au peuple.
Ainsi, il fit en sorte que la Torah ne soit pas oubliée d’Israël.
Un jour, Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn et Rabbi Yossé Ben Kisma se retrouvèrent dans un endroit. Rabbi Yossé Ben Kisma bénéficiait d’une grande notoriété, même auprès des autorités romaines, qui l’honoraient considérablement. Rabbi Yossé Ben Kisma demanda à Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn :
« Puisqu’il a été décrété depuis le Ciel que cette nation (Rome) doit régner, et puisqu’ils ont décrété l’interdiction d’étudier la Torah sous peine de mort, pourquoi te mets-tu en danger en enseignant la Torah à Israël ? »
Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn lui répondit :
« Il n’est pas possible de laisser Israël sans grands dirigeants en Torah qui l’enseigneront à Israël, et le Ciel prendra en pitié ! »
Rabbi Yossé Ben Kisma lui dit :
« Je te tiens des propos qui ont du sens et toi tu me réponds « Le Ciel prendra en pitié » ?! Je serais étonné s’ils ne te brûlent pas avec ton Séfer Torah ! »
Cela signifie que selon Rabbi Yossé Ben Kisma, Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn n’agissait pas conformément au Din en se mettant danger pour enseigner la Torah à Israël.

Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn demanda à Rabbi Yossé Ben Kisma :
« Si la vérité est comme tu dis, qu’il m’est interdit de me mettre en danger pour enseigner la Torah à Israël, aurais-je quand même droit à une part dans le Monde Futur ? Car celui qui se suicide n’a pas droit au Monde Futur. »
Rabbi Yossé Ben Kisma lui répondit :
« Que ma part soit avec la tienne, que mon destin soit avec le tien ». (Selon l’explication du Gaon Rabbi Chélomo KLUGGER dans son livre ‘Avodatt ‘Avoda et autre).
Cela signifie que dans un tel cas où Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn œuvrait afin de sauver Israël de l’oubli de la Torah, il lui était permis de se mettre en danger.

Quelques jours plus tard, les soldats romains attrapèrent Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn, et le menèrent au bucher. Afin d’augmenter ses souffrances, ils placèrent des éponges pleines d’eau sur son corps, pour qu’il mette plus de temps à mourir.
Le bourreau eu pitié de Rabbi ‘Hanina, et il lui dit :
« Rabbi ! Pourquoi t’imposes-tu autant de souffrances ?! Ouvre ta bouche afin que le feu puisse t’achever et retirer ton âme ! »
Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn lui répondit :
« Je préfère que Celui qui me l’a donnée me la reprenne, et surtout pas me dégrader moi-même. »
Tout ceci parce qu’il est interdit à l’homme de réaliser la moindre action pour hâter son décès.
Le bourreau lui dit :
« S’il en est ainsi, je vais retirer les éponges de ton corps, et ainsi, tu ne souffriras pas. Mais ceci à la seule condition que tu me promettes le Monde Futur. »
Rabbi ‘Hanina Ben Téradyonn lui répondit :
« Je te le promet. »
Il fut immédiatement brûlé avec son Séfer Torah.

« Il n’a pas droit au Monde Futur »
Cette histoire nous apprend à quel point le suicide est grave pour l’homme, au point où nos maitres disent que le suicidé n’a pas droit au Monde Futur.
Même s’il est certain que dans le Ciel, lorsqu’on jugera la personne qui s’est suicidée, on tiendra compte de la difficulté de sa situation, malgré tout, ceci n’est pas suffisant pour annuler la gravité de l’interdiction liée à son acte, au point où nos maitres enseignent une sentence Halachique tranchée par tous les décisionnaires, selon laquelle il est interdit aux proches du suicidé de prendre le deuil pour lui, et ils n’observeront ni les 7 jours de deuil, ni la déchirure du vêtement (Kéri’a).
Tout ceci, en raison de la faute très grave qu’il a commis en portant atteinte à sa personne (cependant, il ressort des propos des décisionnaires, ainsi que d’une Responsa de notre maitre le Rav z.ts.l dans son livre Chou’t Yabiya’ Omer vol.2 et vol.6 qu’il faut traiter chaque cas de suicide de manière indépendante pour déterminer si l’on doit prendre le deuil ou pas, car on tranche parfois qu’il faut prendre le deuil pour un suicidé, mais quoi qu’il en soit, il faut savoir que l’acte en lui-même est d’une extrême gravité).

« La mort est une bonté »
Similairement, les gens qui donnent l’autorisation aux médecins de hâter le décès du malade (euthanasie), font eu aussi partie de la catégorie des meurtriers, car on ne doit retirer la vie à qui que ce soit, même si la personne est pleine de souffrances et de douleurs. Les médecins qui hâtent la mort du malade en pensant lui faire du bien, ne savent pas qu’ils sont des meurtriers, et sur de telles personnes il est dit « le meilleur des médecins ne mérite que l’enfer ».
Au contraire, chaque instant de la personne dans ce monde - même si elle est pleine de souffrances - est d’une valeur incommensurable pour l’expiation des fautes du malade, et depuis le Ciel, toute la vie d’un homme ainsi que ses souffrances sont pesées et mesurées avec la plus grande précision. Tout est fait afin de le mener à un juste repos éternel dans un monde infini.
(Concernant l’interruption des traitements médicaux pour un malade en phase finale, il faut consulter une autorité rabbinique compétente dans ces sujets).

Un fait réel dans la classe de notre maître le Rav z.ts.l dans son enfance
Lorsque notre maître le Rav z.ts.l étudiait à la Yéchiva de Porat Yossef  dans sa jeunesse (à Jérusalem dans les années 1930), lorsqu’il avait environ 17 ans, un des jeunes étudiants qui étudiaient en compagnie de notre maître le Rav z.ts.l était malheureux depuis sa naissance, car il était orphelin de son père, et sa mère le faisait souffrir. Il vivait dans une grande pauvreté, au point de n’avoir absolument plus gout à la vie, et il cherchait à mettre fin à ses jours.
Un jour où sa mère l’avait mis en colère, il décida de passer à l’acte et de se suicider. Que fit-il ? Il acheta du poison mortel et se rendit dans une salle de cours à la Yéchiva. Il demanda à un étudiant de lui apporter un verre d’eau, et il but le poison avec l’eau. Il commença à osciller entre la vie et la mort sur le sol de la pièce.
Les étudiants – et parmi eux notre maître le Rav z.ts.l – se hâtèrent en criant et en appelant l’un des Grands Rabbanim de la Yéchiva – le Gaon Rabbi Yossef CHARBANI z.ts.l (qui fut plus tard le beau-père du Gaon Rabbi Ben Tsion ABBA CHAOUL z.ts.l) – qui alerta les autres Rabbanim de la Yéchiva, et ils sortirent ensemble le jeune homme à l’extérieur, puis, ils l’emmenèrent à l’hôpital, où il fut sauvé.
(Notre maître le Rav z.ts.l disait toujours : « Jusqu’à aujourd’hui, chaque fois que je vois cet homme, je me souviens de cette histoire. »).

L’esprit d’un suicidé qui s’était introduit dans le corps d’une femme
Les étudiants et les sages de la Yéchiva avaient beaucoup de peine sur ce qui s’était passé. Mais le Gaon Rabbi Eliyahou LOPESS z.ts.l – qui était le maitre de notre maître le Rav z.ts.l en ces temps là – réuni tous les étudiants et leur fit entendre des propos terrifiants sur la gravité du suicide, car en ces temps là, il y avait d’autres étudiants dans la Yéchiva dont la vie était pleine de souffrances, étant donné la terrible pauvreté qui régnait à cette époque (dans les années 1930), et un grand nombre d’entre eux étaient orphelins de père ou de mère.
Parmi ses propos, le Gaon Rabbi Eliyahou LOPESS lut des extraits du livre Min’hatt Eliyahou du Gaon Rabbi Eliyahou Ha-COHEN z.ts.l, qui était un grand pieux et un Kabbaliste, auteur également du livre Chévett Moussar, qui écrit la terrifiante histoire suivante qui s’est passée à son époque, et voici ses propos :

Une femme de la ville de Rabbi Eliyahou Ha-COHEN souffrait d’une étrange maladie. Il lui arrivait fréquemment de tomber au sol de façon soudaine et était comme morte, sans pouvoir entendre ni voir, puis, elle revenait à elle.
Aucun médecin ne trouvait de remède à son mal. Et par conséquent, la famille se tourna vers Rabbi Eliyahou Ha-COHEN afin qu’il se rende à son domicile dans l’espoir de l’aider.

Dès que Rabbi Eliyahou Ha-COHEN pénétra dans la maison de la femme, celle-ci tomba au sol comme morte. Une voix masculine commença à parler depuis la gorge de la femme. La voix dit :
« Chalom Monsieur le Rav ! »
Rabbi Eliyahou lui demanda :
« Qui es-tu ? Et pourquoi m’as-tu salué ? »
La voix répondit :
« Je suis untel fils d’untel. J’étudiais auprès de toi, et nous apprenions dans tel maison d’études chaque jour en écoutant la Torah de ta bouche. »
Rabbi Eliyahou répondit :
« S’il en est ainsi, que fais-tu ici ? »
La voix répondit :
« J’étais un Ba’al Téchouva (un repenti), mais à l’époque où je n’observais pas encore la Torah et les Mitsvot, j’avais une situation matérielle très confortable.

Par la suite, je me suis repenti totalement, et je mettais en pratique tout ce que j’apprenais de toi mon Rav, les choses les plus simples comme les choses les plus difficiles. Quelques temps avant ma mort, je me suis fiancé avec une jeune fille de bonne famille, et lors des fiançailles, je me suis engagé à verser telle somme jusqu’au mariage pour la construction de la maison et pour la dote. Mais depuis ce jour, ma situation financière s’est dégradée, car depuis le Ciel on commença à me faire payer ma dette pour les années pendant lesquelles je n’observais pas la Torah et les Mitsvot. Ainsi, je suis arrivé à 2 jours du mariage sans avoir accompli ma promesse, et j’étais plein de honte sur ma situation. J’ai mis en vente tous les biens qui me restaient, et j’offris l’argent à la Tsédaka pour les pauvres, afin d’expier ma faute. »
Par la suite, cet homme mit fin à ses jours en laissant derrière lui sa fiancée malheureuse et en pleures.
Effectivement, Rabbi Eliyahou avait bien connu cet homme de son vivant, et il avait même assisté à son enterrement lorsqu’on l’enterra au cimetière loin des autres tombes, comme l’exige la règle pour un suicidé.
Rabbi Eliyahou – qui était un grand Tsaddik et Kabbaliste émérite – savait les actions à faire pour soulager l’âme du défunt, et pour le sauver du Guéhinam. Fin de citation du livre Min’hatt Eliyahou lut par Rabbi Eliyahou LOPESS aux étudiants de la Yéchiva.

Rabbi Eliyahou LOPESS termina ses propos en disant que même si ce jeune homme avait été un homme Tsaddik et intègre durant sa vie, et même si depuis le jour où il s’était repenti il avait scrupuleusement observé les Mitsvot et qu’il avait étudié la Torah, malgré tout, rien ne lui fut utile, et puisqu’il a mis fin à ses jours, il s’est amené à lui-même une souffrance infiniment pire que ce qu’il avait souffert dans ce monde.

Les saints Béné Israël n’agissent pas ainsi, car ils savent que ce monde-ci n’est qu’un corridor vers le Monde Futur, et ils acceptent sur eux la sentence divine avec amour. Hachem leur accordera de manière intégrale, une très grande récompense.

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