Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué que nos maitres ont interdit de pétrir et de cuire une pâte à pain dans laquelle est mélangé du lait, par crainte que l’on se trompe et que l’on consomme cette pâte avec de la viande, et que l’on trébuche ainsi sur l’interdit de la viande et du lait.
De même à l’inverse, on ne doit pas pétrir et cuire une pâte faite à base de graisse de viande, afin de ne pas la consommer par erreur avec du fromage.
Nous avons aussi mentionné les propos des décisionnaires et de MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h selon lesquels, si l’on donne à la pâte une forme inhabituelle pour distinguer qu’il s’agit d’une pâte « lait », ou bien si l’on en cuit qu’une « petite quantité », il est permis dans ces 2 cas de cuire une pâte « lait » (ou « viande »).
Nous allons à présent expliquer que représente « une petite quantité ».
MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h écrit en ces termes (Y.D chap.97) :
« On ne pétrit pas une pâte avec du lait, par crainte que l’on en vienne à la consommer avec de la viande. S’il s’agit d’une petite quantité qui se mange en une seule fois, c’est permis. »
Nous apprenons des propos de MARAN que la petite quantité de pâte « lait » qu’il est permis de cuire, comme des petits pains au lait, représente réellement peu, et « qui se consomme en une seule fois ».
Dans le Beit Yossef, MARAN cite les propos du Cha’aré Doura (chap.35) qui écrit que les pains que l’on fait en l’honneur de Chabbat, sont cuits avec la « Pachtida » faite de viande dans le même four, et il n’y a aucun interdit à cela car il s’agit d’une quantité (de pain) peu importante, puisque tout est rapidement consommé pendant Chabbat.
Il en ressort donc que selon l’opinion de MARAN, la petite quantité de pain lait (ou viande) qu’il est permis de pétrir et de cuire correspond à une quantité qui se consomme en un seul repas, car il explique lui-même dans le Choul’han ‘Arou’h qu’il s’agit d’une quantité qui se consomme « en une seule fois », et dans un tel cas il n’y a pas à craindre que l’on consomme ce pain avec de la viande, puisque les consommateurs savent qu’il s’agit d’une pâte « lait », et ne trébucheront pas.
Mais lorsqu’il s’agit d’un temps plus long, un accident est à craindre, et il est probable que l’on consomme par erreur cette pâte avec de la viande.
Cependant, le RAMA écrit dans son livre Toratt ‘HaTatt que c’est une quantité qui se consomme « en un seul jour » qui est considérée comme une « petite quantité », et il n’est pas nécessaire que toute la pâte soit consommée en un seul repas véritablement.
C’est ainsi qu’il écrit également dans ses notes sur le Choul’han ‘Arou’h, que l’on a l’usage de pétrir du pain au lait pour la fête de Chavou’ot, ou bien avec de la graisse de viande en l’honneur de Chabbat, car tout ceci est considéré comme une petite quantité.
C’est pourquoi, le Kaf Ha-‘Haïm écrit que selon les propos du RAMA (et donc selon l’usage des Achkénazim), on peut autoriser de pétrir et de cuire des petits pains ou des grands pains (‘Hallott) au lait ou à la viande, lorsqu’on a l’intention de les consommer le jour même.
Mais selon l’usage des Séfaradim et des originaires des communautés orientales - qui ont accepté sur eux les décisions Halachiques de MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h - on ne doit autoriser que pour une seule consommation, c'est-à-dire, pour un seul repas.
Lorsqu’on parle « d’un seul repas », cela signifie selon le nombre de convives.
S’ils sont nombreux, il est permis de pétrir et de cuire pour tous les convives, de sorte qu’il y ait du pain pour chacun.