Halacha pour lundi 17 Adar 5784 26 février 2024

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

Les rêves

Question : Lorsqu’une personne fait un mauvais rêve, doit-elle accorder de l’importance au contenu de son rêve et prendre en considération ce dont elle a rêvé, ou non ?

Réponse : Il est vrai que notre sainte Torah nous apprend qu’il y a un aspect concret dans le contenu d’un rêve, comme nous le constatons au sujet du rêve de Pharaon dans lequel on lui a dévoilé la venue des 7 années d’abondances suivies des 7 années de famine. Ou bien le rêve de Nabuchodonosor l’impie, et d’autres encore.
Ou bien - sans comparaison - les rêves de Yossef Ha-Tsaddik ou du roi Salomon qui furent des rêves prémonitoires sur leurs avenirs respectifs.
À partir de là, nous apprenons que les rêves doivent être pris en considération, et qu’il ne faut pas s’en désintéresser totalement. Nous voyons également de quelle façon le Talmud et les décisionnaires accordent un certain intérêt aux rêves, comme nous allons l’expliquer.

Il est évident que les rêves ne sont pas tous à prendre en considération, car toute pensée, réflexion ou occupation durant la journée peut facilement entraîner la personne à rêver de cela durant son sommeil, sans la moindre limite logique.
Ainsi, par la force de l’imagination, on peut se mettre à faire toutes sortes de rêves remplis de futilités, comme voler comme un aigle dans le ciel, ou gagner une grande richesse, ou bien devenir pauvre.
Il ne faut accorder aucune considération à ces rêves, car ce n’est pas de ce genre de rêves qu’il est question dans le Talmud et dans les décisionnaires.
Ces rêves n’ont absolument aucune conséquence.

Nos maîtres enseignent dans la Guémara (traité Béra’hot 55a) :
Rabbi Yo’hanan dit au nom de Rabbi Chim’on : Comme il est impossible d’obtenir de la paille sans foin, de même, il est impossible d’obtenir un rêve sans futilités.
C'est-à-dire : même un rêve dont le contenu est authentique et significatif, dans lequel Hachem transmet un message à la personne, même un tel rêve est partiellement constitué de futilités, et il est impossible qu’il soit entièrement vrai.

Il est également enseigné dans la Guémara :
Rabbi Béra’hya dit : Un rêve, même s’il se réalise en partie, il ne peut se réaliser en totalité.
A fortiori, lorsqu’il s’agit de rêves produits par des réflexions durant la journée, puisque ce type de rêves ne contient que des futilités, et on ne doit pas lui accorder le moindre intérêt.

Mais d’autre part, il arrive que le contenu d’un rêve ait une conséquence Halachique.
En effet, le Gaon Rabbi Mordé’haï BENET (Maharam BENET) - qui fut le Rav de la ville de Nikolsburg (Moravie, actuellement République tchèque) au 18ème siècle, et qui était une très grande sommité de la Torah et un très grand Tsaddik - est décédé dans un village proche de Nikolsburg.
Or, en raison des moyens de transport de l’époque, il n’était pas facile de transporter le corps du défunt, et les habitants de ce village (Lichtenshtat) décidèrent d’enterrer le Gaon sur place.
En entendant cela, la communauté de Nikolsburg protesta énergiquement contre cet enterrement et réclama - par respect pour leur maître - que l’on exhume leur Rav pour l’enterrer dans leur ville de Nikolsburg, là où il a transmis sa Torah et là où sont ensevelis les membres de sa famille ainsi que ses maîtres.
Les habitants de Lichtenshtat refusèrent en prétendant qu’il est interdit selon la Halacha de déplacer le corps du Gaon, qu’il y a là une atteinte à son respect ainsi qu’une grave transgression de l’interdiction de déplacer un corps sans motif justifié.

Lorsque le problème fut soumis au Gaon ‘Hatam Sofer (Rabbi Moché SOFER), il l’analysa dans tous les sens avec toute la profondeur de son esprit de génie, mais ne parvint pas à une conclusion pratique. C’est pourquoi, il écrit dans son livre Chou’t ’Hatam Sofer qu’il ne tranche pas la question, et qu’en conséquence au doute, il est préférable de maintenir le corps du Gaon à Lichtenshtat, car selon la règle dans beaucoup de situations de doute, il est préférable de s’abstenir.

Mais les chroniqueurs prétendent que plus tard, le Gaon ‘Hatam Sofer trancha qu’il faut déplacer le corps du Gaon MAHARAM BENET pour l’ensevelir dans la ville de Nikolsburg, mais ils n’expliquent pas quelle fut la raison de son changement d’avis.

Cependant, le fils du Gaon ‘Hatam Sofer - Rabbi Avraham Chémouel Binyamin SOFER, auteur du Chou’t Kétav Sofer - explique les raisons du changement d’avis de son père.
En effet, le Gaon ‘Hatam Sofer rêva du Gaon MAHARAM BENETT qui lui dit :
« Je te demande d’ordonner que l’on déplace mon corps pour l’ensevelir dans la ville de Nikolsburg, car c’est là que je dois reposer véritablement. Si j’ai d’abord été enseveli dans le village de Lichtenshtat c’est simplement parce qu’étant jeune homme, j’ai été fiancé à une jeune fille de ce village durant 6 mois, mais en définitif, j’ai annulé mes fiançailles et la jeune fille en a beaucoup souffert. C’est pour cela que je devais être enseveli dans ce village durant 6 mois afin d’expier ce qu’il s’y est passé. Maintenant que les 6 mois se sont écoulés, je te demande de trancher aux habitants de Lichtenshtat de me déplacer pour m’ensevelir à Nikolsburg. »
C’est ce que fit le Gaon ‘Hatam Sofer. Il ordonna que l’on déplace le corps du Gaon MAHARAM BENETT afin de l’ensevelir à Nikolsburg.

Nous apprenons de là que les rêves méritent parfois qu’on leur accorde une certaine foi, au point où la rigueur divine peut être modifiée pour cela, et même si selon la Halacha il n’y a pas d’obligation de déplacer un corps d’une ville à l’autre, malgré tout, si le défunt lui-même apparaît dans un rêve et indique que telle est sa volonté, il faut prendre en considération ses propos.

Mais tout ceci n’est valable que lorsqu’il s’agit de personnes de grande renommée et dont la piété est de notoriété publique, comme en témoigne la décision Halachique tranchée par le Gaon Rabbi Moché FEINCHTEIN z.ts.l au sujet du rêve d’une femme dont le mari était mort et enterré, et qui était apparu en rêve à son épouse, en lui demandant de déplacer son corps pour l’ensevelir ailleurs. On soumit le problème au Gaon et il répondit qu’étant donné que cette femme n’était pas particulièrement renommée pour sa piété, son rêve n’a pas de valeur particulière. Il faut plutôt le considérer comme le fruit de réflexions durant la journée, et non comme le mérite de voir apparaître son défunt mari venant lui dire quelque chose d’authentique.

Ses propos nous montrent que les rêves de la plupart des gens n’ont pas réellement d’importance, et qu’il n’est pas nécessaire de s’y intéresser plus que cela.

Avec l’aide d’Hachem, nous expliquerons davantage le sujet dans la prochaine Halacha.

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