Question : Doit-on réciter la bénédiction sur l’eau ou autre boisson pendant un repas ?
Réponse : Nos maitres les décisionnaires médiévaux débattent au sujet d’une personne qui consomme de l’eau ou d’autres boissons (excepté le vin) pendant un repas (accompagné de pain). Doit-elle oui ou non réciter la bénédiction de « Chéhakol » avant de boire ?
Selon l’opinion du Ba’al Halachot Guédolot et d’autres grands décisionnaires médiévaux, on doit réciter cette bénédiction avant de boire, même pendant un repas accompagné de pain, au même titre que nous devons le faire lorsqu’on boit en dehors d’un repas.
Mais selon l’opinion de la majorité de nos maitres les décisionnaires médiévaux, on ne doit pas réciter de bénédiction sur une boisson pendant un repas accompagné de pain, car il n’est pas d’usage de manger sans boire, et la boisson vient en conséquence du repas.
De ce fait, les boissons sont acquittées de bénédiction par celle de « Ha-Motsi » récitée sur le pain, et ne nécessitent pas de bénédiction pour elles-mêmes, conformément au grand principe selon lequel, dans les règles relatives aux bénédictions alimentaires « l’aliment principal acquitte l’aliment secondaire ».
C’est ainsi que tranchent Rachi et Rabbénou TAM, ainsi que d’autres grands décisionnaires.
Sur le plan pratique, MARAN tranche dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.174) que l’opinion essentielle est celle des décisionnaires qui pensent que l’on ne récite pas de bénédiction sur des boissons consommées pendant le repas (excepté le vin), comme le tranchent Rachi et Rabbénou TAM. Cependant, MARAN cite malgré tout l’opinion du Ba’al Halachot Guédolot selon qui il faut réciter la bénédiction même pour des boissons consommées pendant le repas, et MARAN conclut en ces termes : « La personne désirant s’écarter du moindre doute, s’assiéra avant de se laver les mains, à l’endroit où elle désire consommer son repas, et récitera la bénédiction sur une boisson dans l’intention d’acquitter par cette bénédiction les boissons qu’elle consommera pendant le repas. » Fin de citation.
Cela signifie que la personne récite la bénédiction de « Chéhakol » sur une boisson quelconque, et acquitte ainsi toutes les boissons qu’elle consommera pendant le repas.
Cependant, tout ceci n’est qu’une ‘Houmra (rigueur non obligatoire), et selon le strict Din, la Halacha est fixée selon l’opinion qui exempte totalement de bénédiction toutes les boissons consommées pendant le repas (excepté le vin).
La personne qui désire s’imposer cette rigueur et réciter la bénédiction sur une boisson avant le repas, devra avoir la vigilance de ne pas choisir de l’eau pour le faire si elle n’a pas soif, car si l’on n’a absolument pas soif, il est interdit de réciter la bénédiction sur l’eau. Malgré tout, on pourra réciter la bénédiction sur un sucre ou autre friandise en pensant à acquitter par cette bénédiction l’eau que l’on boira pendant le repas. C’est ainsi que tranche notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l.
Lorsqu’on mange un « Couscous » (dans un repas sans pain), selon certains décisionnaires, on ne doit pas réciter de bénédiction sur l’eau que l’on consomme avec le Couscous, car cet aliment est particulièrement sec et nécessite systématiquement de boire abondamment.
Cependant, notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l tranche qu’il faut malgré tout réciter la bénédiction sur l’eau même dans ce cas, car ce n’est que lorsqu’on prend un repas accompagné de pain que l’on ne récite pas la bénédiction sur la boisson. Pour tout autre repas sans pain, même s’il s’agit d’aliments particulièrement secs et qui assoiffent, il faut réciter la bénédiction sur ce que l’on boit.
En conclusion : On ne doit pas réciter de bénédiction sur l’eau ou autre boisson (excepté le vin) pendant un repas accompagné de pain. Par mesure de piété, il est bon de réciter la bénédiction sur l’eau avant de se laver les mains pour le repas et boire une petite quantité (moins de Révi’itt – moins de 8.1 cl) à l’endroit où l’on va prendre le repas.
Si l’on n’a pas soif avant le repas mais que l’on désire malgré tout accomplir cette mesure de piété non exigée par la Halacha, il faut choisir autre chose pour réciter Chéhakol, car on ne récite Chéhakol sur l’eau que lorsqu’on a soif.