Question
Que veut dire le « Zéman Rabbenou TAM », selon lequel de nombreuses personnes attendent pour faire sortir Chabbat ? Doit-on s’imposer cette H’oumra (cette rigueur) ?
Réponse
Nous savons que selon la règle de la Torah, chaque jour dépend de la nuit qui le précède. Cela signifie que le Chabbat débute par le couché du soleil à la fin de la journée de vendredi et s’achève à la sortie des étoiles du samedi, qui correspond au début de dimanche.
La sortie des étoiles définie le moment précis où s’achève la journée et où débute le jour suivant pour la plupart des lois de la Torah. De même pour la sortie de Chabbat, jusqu’au moment de la sortie des étoiles, il est interdit de réaliser toute activité interdite pendant Chabbat. A partir de la sortie des étoiles, le Chabbat s’achève et débute le dimanche.
Divergence d’opinion Halah’ique entre les Guéonim et Rabbenou TAM
Il est connu qu’il existe une très grande Mah’loket (divergence d’opinion Halah’ique) parmi nos maîtres les Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale), concernant la manière de calculer le moment précis de Tset Ha-Koh’avim (la sortie des étoiles).
En effet, selon l’opinion des Gueonim (qui sont la grande majorité des sages d’Israël qui ont suivi la période du Talmud), le moment de la sortie des étoiles arrive 13 minutes et demie après la Chéki’at Ha-H’ama (après le couché du soleil), et selon l’opinion de Rabbenou TAM, la sortie des étoiles arrive bien plus tard, environs 72 minutes saisonnières (minutes calculées chaque jour selon la longueur du jour) après la Chéki’a (après le couché du soleil).
L’usage en Erets Israël
En Erets Israël comme dans la majorité des communautés juives du monde entier, l’usage est de considérer la sortie des étoiles selon l’opinion des Gueonim, c'est-à-dire que 13 mn et ½ en « heures saisonnières », après la Chéki’a, comme expliqué plus haut (+ un petit rajout, jusqu’à environ 20 mn au total, comme expliqué dans Chou’t Yabiya ’Omer vol.7 chap.91), nous faisons déjà la Havdala, et nous commençons à accomplir des Mélah’ot (activités interdites pendant Chabbat), car nous considérons que Chabbat est sortie. C’est d’ailleurs ainsi que la majorité des calendriers indiquent l’heure de sortie de Chabbat. (Dans certains calendriers un peu plus élaborés, figure également l’horaire de la sortie de Chabbat selon Rabbenou TAM, à côté de l’horaire traditionnel)
Il est à remarquer que si la Halah’a sur ce point n’avait pas été fixée selon l’opinion de Rabbenou TAM, en raison du fait que la quasi-totalité des Poskim (décisionnaires) avaient contredis et repoussé totalement son avis, il n’y aurait pas lieu de s’imposer cette H’oumra (cette rigueur), puisque telle est notre habitude, de nous comporter toujours en conformité avec l’opinion des Grands de la Halah’a de toutes les générations, selon les règles et principes Halah’ic qui nous ont été transmis de génération en génération.
Mais ce n’est pas du tout le cas !!
En effet, de nombreux et très grands Poskim, parmi nos maîtres les Richonim, partagent l’opinion de Rabbenou TAM sur ce point, et selon cette opinion, une personne qui fait une Mélah’a (une activité interdite pendant Chabbat) avant que n’arrive la sortie des étoiles selon Rabbenou TAM, cette personne est condamnable de la peine de mort par lapidation (Sékila) selon la Torah (puisque celui qui profane Chabbat est passible de cette peine selon la Torah).
Citons quelques-uns des Richonim qui partagent l’opinion de Rabbenou TAM sur ce point :
Rabbenou Haï Gaon
Le RAAVAD
Le RAZAH
Le RAMBAN
Le RACHBA
Le RAHA
Le RYTBA
Le RAN
L’auteur du Maguid Michné
Le Meîri
L’auteur du OHEL MOED
L’auteur du SAMAG
L’auteur du ROKEAH’
Le Mordéh’i
Rabbenou PERETS
Le ROCH
Rabbenou YEROH’AM … etc …
Sans compter le fait que même MARAN et le RAMA partagent également cette opinion (voir Choulh’an Arouh’ Orah’ H’aïm chap.261 parag.2).
Tel est également l’avis du MABYT, du RADBAZ, et du MAHARY KOLON et d’autres ...
Les propos de Rabbi Ya’akov FRAG’I
Il y a un peu plus de 300 ans, le Gaon Rabbi Yaakov FRAG’I z.ts.l (dénommé le « MAHARYF », qui était l’un des grands décisionnaires de la Halah’a en Egypte, et le compagnon d’étude de Rabbi Avraham HaLevi, l’auteur du GINAT VERADIM) rédigea tout un fascicule pour démontré que la Halah’a doit être fixée sur ce point selon l’opinion de Rabbenou TAM, en contradiction avec l’usage en vigueur dans les communautés juives.
Cependant, l’usage en Egypte, comme dans la majorité des communautés, n’était pas d’attendre la nuit selon Rabbenou TAM, et le Gaon MAHARYF s’interrogeait sur l’utilité de diffuser son fascicule, et voici ce qu’il écrit lui-même sur le sujet :
« Voilà plus de 50 ans que je me suis positionné sur cette question, et je marche en toute innocence (il aurait désiré que tout le monde s’impose cette H’oumra – cette rigueur, mais personne ne l’écoutait), au point où même mon épouse refuse de m’écouter sur ce point, en me disant qu’elle fait tout simplement ce que tous les juifs font. Elle attend quand même environ ¼ d’heure de plus que les autres membres de la communauté, mais elle ne va pas jusqu’à attendre véritablement l’horaire de Rabbenou TAM. Le fascicule que j’ai rédigé, je ne l’ai rédigé finalement que pour moi-même (car lui-même s’imposait cette H’oumra), et je ne me suis motivé à le diffuser que parce qu’à travers un rêve, on m’a fait savoir depuis le Ciel, qu’il y avait une grande utilité à la diffusion de ce fascicule dans le monde, car grâce à lui, de nombreuses personnes respecteront peut être l’heure de Rabbenou TAM, et cela rapprochera peut être la Gueoula (la Rédemption) ! »
De nombreux autres Poskim partagent cet avis, selon lequel toute personne craignant la parole d’Hachem, doit s’imposer la H’oumra (la rigueur) d’attendre l’heure de sortie de Chabbat selon Rabbanou TAM et la majorité des Poskim.
En particulier pour ce qui est des Mélah’ot Min Ha-Torah (activités interdites par la Torah pendant Chabbat), comme allumer l’électricité, écrire, porter, etc…
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita - qui s’efforce pourtant de ne pas aller vers la rigueur mais plutôt vers la souplesse - s’étant malgré tout très longuement sur ce sujet et tranche dans son livre Chou’t Yabia’ Omer (tome 2 Orah’ H’aïm chap.21), qu’il faut adopter cette rigueur.
Notre maître le Rav Chlita motive le public dans ses cours afin que chacun s’impose cette rigueur, en particulier durant els 10 jours de repentir. C’est ainsi qu’il faut agir également le reste de l’année.
De notre époque, Barouh’ Hachem, de nombreuses personnes ont adopté cette H’oumra importante.