Question : Lorsqu’un garçon atteint l’âge de la Bar Mitsva, est-il juste que le père récite la bénédiction « Barou’h Ata A.D.O.N.A.Ï Elo-hénou Méle’h Ha-‘Olam Chépitérani Mé-‘Oncho Chel Zé » ? Doit-on agir également ainsi lorsque la fille atteint l’âge de la Bat Mitsva (12 ans) ?
Réponse : Il est enseigné dans le Midrach Rabba (Paracha de Tolédot) :
Rabbi El’azar dit : L’homme doit s’occuper de son fils jusqu’à l’âge de 13 ans.
Au-delà de cet âge, le père doit dire : « Barou’h Chépitérani Mé-‘Oncho Chel Zé » (Béni soit Celui qui m’a exempté du châtiment de celui-ci).
L’élève du MAHARAM cite cette bénédiction dans son livre Tachbets avec la mention du Nom d’Hachem et sa royauté.
De même, il est écrit dans le recueil des usages du MAHARYL (Rabbenou Ya’akov MOULIN qui est la principale référence des traditions Achkénazes citées fréquemment par le RAMA) que le MAHARYL a récité lui-même cette bénédiction lorsque son fils devint Bar Mitsva, après la lecture de la Torah de l’enfant.
Cette bénédiction est également rapportée dans les propos d’autres décisionnaires, et toujours avec la mention du nom d’Hachem et sa royauté.
Cependant, dans son livre Darké Moché (chap.225), notre maitre le RAMA rapporte les propos du MAHARYL ainsi que le Midrach Rabba cité précédemment, et il écrit :
« Je n’ai pas trouvé cette bénédiction dans le Talmud, et il m’est difficile de laisser les gens réciter une bénédiction qui n’apparait pas dans le Talmud. »
Cela signifie que puisque cette bénédiction n’est pas mentionnée dans le Talmud, il est certain que nous ne pouvons pas la réciter avec la mention du Nom d’Hachem et sa royauté, même si cette bénédiction est citée dans les Midrachim et dans les propos de nombreux décisionnaires.
Le ROCH (chap.8 de Bé’horot) écrit justement que l’on n’a pas à réciter la moindre bénédiction si elle ne figure pas dans le Talmud, car après l’achèvement de la rédaction du Talmud par Rav Aché et Ravina, aucune bénédiction ne fut innovée. (Ce principe possède de nombreuses conséquences Halachiques)
C’est pourquoi, le RAMA tranche dans l’une de ses notes qu’il faut certes réciter cette bénédiction le jour de la Bar Mitsva, conformément à l’usage du MAHARYL, mais il faut la réciter sans le Nom d’Hachem et sa royauté.
Cela signifie que le père dira seulement : « Barou’h Chépitérani Mé-‘Oncho Chel Zé ».
Cette bénédiction signifie que jusqu’à présent, le père était puni pour les actions de son fils, car il est responsable de ses actes en l’éduquant dans le chemin de la Torah. Mais à présent, le fils est responsable de ses propres actes puisqu’il a grandi et qu’il est devenu un Ben Israël à part entière, la responsabilité de ses actes n’incombe plus réellement au père.
Certains expliquent dans le sens contraire, et selon cette explication, tant que l’enfant n’avait pas atteint l’âge des Mitsvot, il était susceptible de subir le châtiment pour les fautes de son père, car il existe des situations où les enfants en bas âge peuvent subir le châtiment pour les fautes de leurs parents (qu’Hachem nous en préserve !), ce qui n’est plus le cas après qu’ils aient atteint l’âge des Mitsvot, ils ne subissent le châtiment que pour leurs propres actions (voir le développement de notre grand maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l dans son livre Halih’ott ‘Olam tome 2 page 200 sur ce sujet).
Notre maitre le Rav z.ts.l écrit qu’il semble évident de réciter cette bénédiction sans la mention du Nom d’Hachem et sa royauté également le jour où une fille atteint l’âge des Mitsvot, c'est-à-dire le jour de sa Bat Mitsva (12 ans). On dira dans ce cas « Barou’h Chépitérani Mé-‘Oncha Che Zo ».
En conclusion : Le jour ou un garçon ou une fille atteignent l’âge des Mitsvot (13 ans pour un garçon, 12 ans pour une fille), le père doit réciter sans la mention du nom d’Hachem et sa royauté : « Barou’h Chépitérani Mé-‘Oncho Chel Zé » (pour une fille, « Mé-‘Oncha Chel Zo »).
(Le Ben Ich H’aï ajoute qu’il est juste de penser la mention du Nom d’Hachem et sa royauté, en prenant soin de ne pas les prononcer).