Cette Halah’a est publiée à la demande personnelle de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita
Question
Que veut dire le « Zman Rabbenou TAM », selon lequel de nombreuses personnes attendent pour faire sortir Chabbat ? Doit-on s’imposer cette H’oumra (cette rigueur) ?
Réponse
Il est connu qu’il existe une très grande Mah’loket (divergence d’opinion Halah’ique) parmi nos maîtres les Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale), concernant la manière de calculer le moment précis de Tset Ha-Koh’avim (la sortie des étoiles). (La sortie des étoiles marque la fin d’une journée, et le début d’une nouvelle journée pour tout ce qui est des lois de la Torah, comme la sortie de Chabbat, il est interdit de faire une Melah’a – une activité interdite pendant Chabbat - avant que n’arrive la sortie des étoiles, qui marque la sortie de Chabbat, et le début du jour suivant)
En effet, selon l’opinion des Gueonim (qui sont la grande majorité des sages d’Israël qui ont suivi la période du Talmud), le moment de la sortie des étoiles arrive 13 minutes et demie après la Chki’at Ha-H’ama (après le coucher du soleil), et selon l’opinion de Rabbenou TAM, la sortie des étoiles arrive bien plus tard, environs 72 minutes après la Chki’a (après le coucher du soleil).
Les décisionnaires débattent afin de définir s’il faut calculer ces 72 minutes en minutes « ordinaires » comme nous avons l’usage de le faire selon la montre, ou bien faut-il les calculer en « Cha’ot Zmaniyot », ce qui consiste à diviser les heures du jour depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher en 12 heures, et ensuite diviser les heures par 60 minutes, et ce serait ainsi qu’il faudrait calculer ces 72 minutes.
Du point de vue de la Halah’a, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita tranche qu’il faut calculer ces 72 minutes selon les Cha’ot Zmaniyot. Ce qui donne – en hiver où les journées sont courtes – une durée d’environ 1 heure ordinaire, et en été – où les journées sont longues – une durée d’environ 90 minutes.
Cependant, dans les pays d’Europe où la nuit tombe assez tardivement en été, on peut s’autoriser – même selon notre maître le Rav Chlita – à calculer les 72 minutes depuis le coucher du soleil en heures ordinaires.
En Erets Israël comme dans la majorité des communautés juives du monde entier, l’usage est de considérer la sortie des étoiles selon l’opinion des Gueonim, c'est-à-dire que 13 mn et ½ en « heures relatives », après la Chki’a, comme expliqué plus haut (+ un petit rajout que l’on appelle le Din de « Tossefet Chabbat » dont nous n’allons pas parler pour l’instant), nous faisons déjà la Havdala, et nous commençons à accomplir des Melah’ot (activités interdites pendant Chabbat), car nous considérons que Chabbat est sortie. C’est d’ailleurs ainsi que la majorité des calendriers indiquent l’heure de sortie de Chabbat. (Dans certains calendriers un peu plus élaborés, figure également l’horaire de la sortie de Chabbat selon Rabbenou Tam, à côté de l’horaire traditionnel)
Il est à remarquer que si la Halah’a sur ce point n’avait pas été fixée selon l’opinion de Rabbenou Tam, en raison du fait que la quasi-totalité des Poskim (décisionnaires) avaient contredis et repoussé totalement son avis, il n’y aurait pas lieu de s’imposer cette H’oumra (cette rigueur), puisque telle est notre habitude, de nous comporter toujours en conformité avec l’opinion des Grands de la Halah’a de toutes les générations, selon les règles et principes Halah’ic qui nous ont été transmis de génération en génération.
Mais ce n’est pas du tout le cas !!
En effet, de nombreux et très grands Poskim, parmi nos maîtres les Richonim, partagent l’opinion de Rabbenou Tam sur ce point, et selon cette opinion, une personne qui fait une Melah’a (une activité interdite pendant Chabbat) avant que n’arrive la sortie des étoiles selon Rabbenou Tam, cette personne est condamnable de la peine de mort par strangulation (Skila) selon la Torah (puisque celui qui profane Chabbat est passible de cette peine selon la Torah).
Citons quelques-uns des Richonim qui partagent l’opinion de Rabbenou Tam sur ce point :
Rabbenou Haï Gaon
Le RAAVAD
Le RAZAH
Le RAMBAN
Le RACHBA
Le RAHA
Le RYTBA
Le RAN
L’auteur du Maguid Michné
Le Meîri
L’auteur du OHEL MOED
L’auteur du SAMAG
L’auteur du ROKEAH’
Le Mordéh’i
Rabbenou PERETS
Le ROCH
Rabbenou YEROH’AM … etc …
Sans compter le fait que même MARAN et le RAMA partagent également cette opinion (voir Choulh’an Arouh’ Orah’ H’aïm chap.261 parag.2).
Tel est également l’avis du MABYT, du RADBAZ, et du MAHARY KOLON.
Il y a un peu plus de 300 ans, le Gaon Rabbi Yaakov FRAG’I z.ts.l (dénommé le « MAHARYF », qui était l’un des grands décisionnaires de la Halah’a en Egypte, et le compagnon d’étude de Rabbi Avraham HaLevi, l’auteur du GINAT VERADIM) rédigea tout un fascicule pour démontré que la Halah’a doit être fixée sur ce point selon l’opinion de Rabbenou Tam, en contradiction avec l’usage en vigueur dans les communautés juives. Son compagnon, le Gaon GINAT VERADIM z.ts.l rédigea une Tchouva (une réponse Halah’ic étayée d’arguments) afin de contredire les propos du Gaon MAHARYF, mais celui-ci reprit la plume une nouvelle fois pour maintenir sa position Halah’ic concernant le fait qu’il faut attendre la nuit selon Rabbenou Tam pour faire sortir Chabbat. (Ce fascicule rédigé par le Gaon MAHARYF avait été égaré avec le temps et il ne se trouvait pas dans les mains des décisionnaires, mais il y à quelques années, le Professeur Meïr BENAYAHOU z’’l retrouva le manuscrit de ce fascicule et l’édita. Le Professeur Meïr BENAYAHOU z’’l nous a malheureusement quitté il y a environ un mois. Que son acte soit rappelé devant Hashem pour le bien.)
Cependant, l’usage en Egypte, comme dans la majorité des communautés, n’était pas d’attendre la nuit selon Rabbenou Tam, et le Gaon MAHARYF s’interrogeait sur l’utilité de diffuser son fascicule, et voici ce qu’il écrit lui-même sur le sujet :
« Voilà plus de 50 ans que je me suis positionné sur cette question, et je marche en toute innocence (il aurait désiré que tout le monde s’impose cette H’oumra – cette rigueur, mais personne ne l’écoutait), au point où même mon épouse refuse de m’écouter sur ce point, en me disant qu’elle fait tout simplement ce que tous les juifs font. Elle attend quand même environ d’heure de plus que les autres membres de la communauté, mais elle ne va pas jusqu’à attendre véritablement l’horaire de Rabbenou Tam. Le fascicule que j’ai rédigé, je ne l’ai rédigé finalement que pour moi-même (car lui-même s’imposait cette H’oumra), et je ne me suis motivé à le diffuser que parce qu’à travers un rêve, on m’a fait savoir depuis le Ciel, qu’il y avait une grande utilité à la diffusion de ce fascicule dans le monde, car grâce à lui, de nombreuses personnes respecteront peut être l’heure de Rabbenou Tam, et cela rapprochera peut être la Gueoula (la Rédemption) ! »
De nombreux autres Poskim partagent cet avis, selon lequel toute personne craignant la parole d’Hachem, doit s’imposer la H’oumra (la rigueur) d’attendre l’heure de sortie de Chabbat selon Rabbanou Tam et la majorité des Poskim.
En particulier pour ce qui est des Melah’ot Min Ha-Torah (activités interdites par la Torah pendant Chabbat), comme allumer l’électricité, écrire, porter, etc…
C’est ainsi que tranche notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita dans son livre Chou’t Yabia’ Omer (tome 2 Orah’ H’aïm chap.21).
De notre époque, Barouh’ Hachem, de nombreuses personnes ont adopté cette H’oumra importante.
A plusieurs occasions, notre maître le Rav Chlita s’est entretenu avec les responsables du site israélien de la « HALAH’A YOMIT », et lorsque notre maître a pris connaissance du nombre de personnes dans le monde qui bénéficiaient chaque jour de la réception de la Halah’a, il s’en réjouit et demanda expressément que l’on consacre régulièrement une Halah’a au Din de la nuit selon Rabbenou Tam, puisque cette H’oumra est particulièrement importante, car elle est liée à de graves transgressions d’interdits d’ordre de la Torah.
C’est pour cela qu’il est souhaitable à tout homme comme à toute femme de s’imposer cette h’oumra, au moins pour ce qui est des interdits d’ordre Min Hatotrah (activité interdites par la Torah) comme nous lavons expliqué plus haut.
« Celui qui nous écoute, résidera en toute quiétude » (Langage emprunté à MiChlé 1 – 33)
Précision
Nous avons écris que selon le strict Din, il faut calculer le moment de la sortie de Chabbat selon l’opinion des Gueonim – c'est-à-dire environ 13 mn ½ après la Chki’a (après le coucher du soleil), mais il faut préciser que dans les pays d’Europe où le ciel est encore éclairé bien après le coucher du soleil, il faut s’imposer selon le Din de repousser la sortie de Chabbat plus tard. Si l’on adopte la position de Rabbenou Tam comme nous l’avons expliqué, on se met à l’abri du moindre risque.