Date de la Halacha: 13 Adar 5784 22 février 2024
Question : Quelle bénédiction doit-on réciter lorsqu’on respire le bon parfum dégagé par le citron ?
Réponse : Il est enseigné dans la Guémara Béra’hot (43b) :
Mar Zoutra dit : Celui qui respire un Etrog ou un coing, doit réciter au préalable « Barou’h (Ata A.D.O.N.A.Ï Elo-hénou Mélèh’ Ha’olam) Chénatane Réa’h Tov Bapérote » (« … qui a donné une bonne odeur aux fruits »).
Nous avons la tradition de terminer cette bénédiction plutôt par les termes « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » (« … qui donne une bonne odeur aux fruits »), conformément à la décision Halachique de MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.216 parag.2).
Le citron ne se mange pas
Cependant, les décisionnaires débattent au sujet de la bénédiction qu’il faut réciter en respirant un citron.
En effet, selon certains décisionnaires, puisque le citron n’est pas consommable de façon indépendante, du fait de son acidité importante, selon ces décisionnaires, on ne peut donc pas réciter « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » avant de sentir le citron, comme nous le faisons sur l’Etrog.
Afin de traiter de ce sujet, nous devons avant tout citer un autre sujet :
En effet, les décisionnaires débattent sur la bénédiction qu’il faut réciter avant de respirer les clous de girofle, qui sont des boutons de fleurs séchées, et que l’on utilise pour agrémenter des plats ou des confitures.
Dans la pratique, MARAN tranche dans le Choul’han ‘Arou’h, qu’il faut réciter « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » avant de les sentir, car les clous de girofle sont comestibles.
Or, le fait que MARAN tranche ainsi pour les clous de girofles, nous indique la bénédiction qu’il faut réciter avant de respirer un citron, car même si le clou de girofle n’est pas consommable de façon indépendante – d’ailleurs la personne qui mange des clous de girofles ne doit réciter aucune bénédiction (comme l’ont écrit les Tossafot sur la Guémara Bérah'ot 36b) – malgré tout, puisqu’il s’agit d’un fruit qui peut devenir consommable lorsqu’on le mélange à autre chose, la bénédiction qu’il faut réciter avant de le respirer est donc « Hanotène Réa’h Tov Bapérote ».
Selon cela, il en est de même au sujet du citron, car même s’il n’est pas consommable de façon indépendante à cause de son acidité importante, malgré tout, puisqu’il devient consommable lorsqu’on le mélange à d’autres choses, il faut réciter « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » avant de le sentir.
Cependant, il faut préciser que nous avons la tradition de réciter « Boré ‘Atsé Béssamim » avant de respirer les clous de girofles, car il ne s’agit pas d’un véritable fruit, mais seulement d’une partie de l’arbre. C’est ainsi qu’ont tranchés le MAHARAM de Rottenbourg, le BA’H (Baït ‘Hadach), le Ben Ich ‘Haï et d’autres…
Mais concernant le citron, il faut déduire des propos de MARAN que la bénédiction qu’il faut réciter avant de le respirer est « Hanotène Réa’h Tov Bapérote », comme l’ont déduit le Gaon auteur du Chou’t Ginat Véradim et d’autres de nos maîtres les décisionnaires, et notre maître le Rav z.ts.l rapporte tout ceci dans son livre Chou’t Yabiy'a Omer tome 9 page 248)
L’essentiel du parfum provient de l’épluchure
Cependant, au-delà de tout ce que l’on a expliqué, certains prétendent qu’il ne faut pas réciter cette bénédiction avant de respirer le citron, car l’essentiel de son parfum provient de son épluchure et non du fruit lui-même. Or, l’épluchure n’est pas un fruit, et l’on ne peut donc pas réciter (selon cet avis) « Hanotène Réa’h Tov Bapérote» avant de sentir le citron, mais uniquement « Boré Miné Béssamim ».
Mais notre maître le Rav z.ts.l s’étonne de tels propos (dans son livre ‘Hazon Ovadia-Béra’hot), qui vont à l’encontre de l’opinion de la majorité des A’haronim (décisionnaires des derniers siècles) selon lesquels il faut réciter « Hanotène Réah Tov Bapérote » avant de sentir le citron, car son épluchure est totalement collée au fruit, et de ce fait, elle est considérée comme partie intégrante du fruit. Il est donc évident qu’il faut réciter « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » pour le parfum qu’elle produit, car le citron est un fruit en une seule partie.
Le Gaon Rabbi Eliyahou MANI (le maître de Rabbi Yossef ‘HAÏM de Bagdad, l’auteur du Ben Ich ‘Haï) atteste également que l’usage de la ville de Jérusalem est de réciter « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » avant de sentir le citron.
Tel était l’usage de notre grand maître le Rav z.ts.l, chaque Chabbat il récitait d’abord « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » avant de sentir le citron, ensuite il récitait « Boré ‘Atsé Béssamim » sur un Hadass (feuilles de myrte) ou autre, et ensuite « Boré ‘Isbé Béssamim » sur de la menthe (Na’na) ou sur une plante que l’on appelle la « rue » (Roda).
Tout ceci afin d’atteindre le nombre de 100 bénédictions, car le jour de Chabbat nous n’avons pas 19 bénédictions dans chaque ‘Amida mais uniquement 7, et c’est pourquoi il faut augmenter le nombre de bénédictions ce jour-là, afin d’atteindre le nombre de 100 bénédictions quotidiennes obligatoires.
De même, nous avons constaté un samedi soir à la sortie de Chabbat qu’il n’y a avait pas de parfum pour réciter la bénédiction dans la Havdala, excepté un citron, et notre maître le Rav z.ts.l a récité la bénédiction de « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » sur le citron, sans prendre en considération l’opinion des contestataires sur ce point, mais uniquement l’usage essentiel qui est de réciter « Hanotène Réa’h Tov Bapérote » avant de sentir un citron.