Commentaires extraits des propos de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l
Il est dit dans notre Paracha : « Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés; au jour où Hachem Elokim fit une terre et un ciel. »
Il est de notoriété que tout endroit où le Nom d’Hachem est cité (pas celui de Elokim, mais Hachem, composé de la lettre Youd, de la lettre Hé, de la lettre Vav, et de la lettre Hé, et que l’on prononce « Ado … »), le sens indique l’attribut de la miséricorde divine, comme nous le disons dans les 13 Attributs de la miséricorde divine :
« Hachem ! Hachem ! E-l Ra’houm Vé’hanoun … ».
Ce qui n’est pas le cas pour le Nom de Elokim, dont le sens indique la rigueur divine, avec laquelle Hachem dirige le monde.
Nos maîtres enseignent dans le Midrach que lorsqu’Hachem désira créer le monde,
il voulut que ce monde soit géré selon le seul attribut de la rigueur divine.
Ainsi, chaque individu commettant une faute serait immédiatement châtié selon la rigueur divine, et son châtiment serait égal à ce qu’il a fait.
S’il transgresse la loi, sa punition serait instantanée.
Mais Hachem vit que le monde ne pourra pas survivre sous cette forme de gestion – comme le dit le Roi David dans les Téhilim (143-2) : « N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car nul vivant ne peut se trouver juste à tes yeux. »
C’est pourquoi, Hachem décida que le monde serait géré également par la miséricorde divine, au-delà de la ligne du jugement.
C’est donc le sens de notre verset : « … au jour où Hachem Elokim fit une terre et un ciel. ». « Hachem » (miséricorde) et « Elokim » (rigueur).
Nos maîtres font remarquer qu’Hachem ne fit pas seulement qu’associer la miséricorde à la rigueur, mais il plaça la miséricorde avant la rigueur, puisque les termes du verset sont « Hachem Elokim » et non « Elokim Hachem ».
Nous devons donc comprendre le sens de cette priorité de la miséricorde sur la rigueur. En quoi l’ordre des 2 attributs est-il significatif ?
Nous pouvons expliquer à partir des propos de la Guémara dans Péssa’him 118a), où nos maîtres commentent un verset des Téhilim : « Soyez reconnaissants envers Hachem, car sa bonté est éternelle » - car Il réclame Sa dette dans Sa bonté.
Quel est le sens de cette enseignement ?
Parfois, un homme commet une faute.
Sa faute peut être si grave qu’un décret de mort est promulgué sur lui (‘Hass Véchalom, qu’Hachem nous en préserve) afin d’expier sa faute, comme il est dit :
« L’âme qui faute doit mourir ».
Mais Hachem est miséricordieux. Que fait-Il ?
Il procure un bien à cette homme, et Il lui réclame ensuite ce même bien.
Ceci est le sens de l’enseignement de nos maîtres, cité plus haut :
« Il réclame Sa dette dans Sa bonté ». Il reprend de l’homme qui a fauté, l’argent qu’Il lui a Lui-même procuré.
Il lui procure avant tout de l’argent, de l’or, des biens matériels.
Et voilà qu’un jour cet homme perd tout son argent.
Il s’assied, il pleure, il crie, mais il ignore qu’Hachem donne et Hachem reprend.
Qui lui a donné cet argent ?? Hachem !
Dans quel but lui a-t-il donné cette argent ?? Afin de le lui reprendre pour expier ses actes !
C’est ainsi qu’Hachem réclame sa dette de chaque personne qui faute, selon sa situation sociale, le riche par son taureau, le pauvre par son agneau, la veuve par sa poule, chacun selon la valeur de ses biens. Il leur prend des biens matériels qu’il leur a lui-même procuré, afin d’expier leurs fautes.
C’est donc pour cette raison qu’Hachem n’a pas seulement associée la miséricorde divine dans Sa création, mais il la aussi placée en première position.
Le Yalkout (Midrachim) cite une histoire à ce sujet.
Il y avait un roi qui aimait et appréciait particulièrement l’un de ses grands amis.
Cette homme était rempli de grâce et de sagesse. Hachem l’avait gratifié du don de l’éloquence, et en tout endroit où il se trouvait, il vantait la renommée du roi.
Il disait à tous : « Voyez quel noble roi nous avons ! Quel roi généreux ! Combien il se soucie de ses sujets ! »
Ainsi, le cœur de tout le peuple était entièrement attaché au roi.
Tout le monde admirait le roi.
Le roi savait tout cela. Il savait qui lui faisait autant de bien et qui était celui qui le faisait autant aimer du peuple. Il garda les choses dans son cœur.
Un jour, cet ami bienfaiteur du roi se heurta à une lourde transgression des lois du pays. Or, puisqu’il était un homme honorable, on nomma 5 juges expérimentés, qui consultèrent minutieusement son dossier.
Mais ils en arrivèrent à la conclusion qu’il n’y avait rien à faire !
Pas de passe-droit ! Cet homme a véritablement transgressé la loi du pays, et il doit purger 1 an d’emprisonnement !
L’un des juges – qui était l’ami de l’accusé – se tourna vers ses collègues et leur dit :
« Ecoutez mes frères ! Il n’y a pas le moindre doute que votre sentence est juste.
Cet homme a transgressé la loi et il mérite ce châtiment.
Mais nous pouvons peut-être lui donner une alternative : écrivons dans la sentence que si l’accusé paye la somme de 100 000 dollars au trésor royal, il pourra ainsi racheter son emprisonnement !
Nous savons pertinemment que cet homme ne possède pas une telle somme, mais malgré tout, donnons-lui cette alternative ! »
Les juges écoutèrent et acceptèrent. Ils écrivirent dans la sentence que cet homme est condamné à 1 an d’emprisonnement. S’il paye une amende de 100 000 dollars au trésor royal, il pourra ainsi racheter sa peine d’emprisonnement.
La sentence fut signée avec effet au bout de 30 jours.
Ce pauvre homme ne possédait pas une si grosse somme d’argent.
Il essaya d’obtenir des prêts. Il se tourna vers plusieurs organisme d’aide sociale, mais chacun lui répondait qu’il ne pouvait lui prêter plus que 5 000 dollars.
Ainsi, il désespéra et il comprit qu’il n’avait pas d’autre choix que d’aller en prison.
La dernière nuit avant son emprisonnement, tous les membres de sa famille vinrent pour se séparer de lui. Chacun pleurait et était triste, mais il n’y avait rien à faire.
A 22h, tout le monde s’en alla et ils le laissèrent avec ses proches.
Mais cette nuit, le roi ne trouvait pas le sommeil.
Il s’était renseigné au sujet de son ami et il savait qu’il n’avait pas réussi à réunir la somme nécessaire au rachat de sa peine d’emprisonnement.
Que fit le roi ?
Il prit une valise et y plaça la somme de 100 000 dollars.
Il appela ensuite son fils, le futur héritier du trône et lui dit :
« Regarde mon fils ! Comment puis-je abandonner un tel homme qui a donné sa vie à me faire aimer du peuple ?! Comment puis-je me comporter ainsi ?! Je dois me soucier de lui ! Mais il est interdit que l’on sache que je lui apporte mon aide.
C’est pourquoi, je te demande de prendre cette valise, et à 2h du matin, tu iras à côté de la maison de mon ami. Tu briseras la vitre d’une fenêtre et tu jetteras la valise à l’intérieur de la maison. Ensuite, pars en courant ! »
L’héritier se rendit à 2h du matin à proximité de la maison de l’accusé. Il vérifia qu’il n’y avait personne aux alentours, brisa une vitre et jeta la valise à l’intérieur de la maison. Puis, il s’enfuit rapidement.
L’accusé et sa famille entendirent des bruits d’éclats de verre en pleine nuit.
Ils se levèrent brusquement de leurs lits, allumèrent les lumières et virent la valise.
Ils pensèrent tout d’abord qu’il s’agissait d’un colis suspect. Ils observèrent mais il n’y avait ni fils électriques ni autres éléments suspects.
Ils ouvrirent délicatement la valise, lorsque soudain tout le monde fut stupéfait : « Que des billets verts !!! » Ils s’assirent et comptèrent l’argent, il y avait précisément la somme de 100 000 dollars.
Au matin, l’accusé se rendit au bureau d’application des peines, et tendit l’argent au fonctionnaire. On compta l’argent et on lui délivra une attestation d’exemption de la peine d’emprisonnement.
C’est ainsi qu’Hachem agit.
Quelqu’un s’est rendu condamnable à mort ?
Hachem vient et le prend en pitié. Il est dommage que cet homme meurt, il a éduqué ses enfants dans la Torah. Il est certain qu’il va continuer à élever des générations qui observeront les Mitsvot.
C’est pourquoi, Hachem fait – par exemple - en sorte que cet homme entende qu’une grosse somme est mise en jeu au Loto, et l’homme achète un ticket et gagne !
Il rentre chez lui heureux et joyeux !
Mais au bout de quelques temps, cet homme perd tout son argent.
Hachem a fait tout ceci afin que cet homme soit épargné de la mort, afin de le sauver d’autres épreuves.
Ceci est le sens de l’enseignement « Il réclame Sa dette dans Sa bonté ». Tout n’est que pour expier les fautes de l’homme.
C’est pourquoi il faut en toute situation accepter le jugement divin, car il est D.ieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit. (Dévarim 32-4)
Et vous qui êtes restés fidèles à Hachem votre D.ieu, vous êtes tous vivants aujourd'hui ! (Dévarim 4-4)
Chabbat Chalom