Date de la Halacha: 13 Shevat 5784 23 janvier 2024
Conclusions des règles déjà apprises
Dans les précédentes Halachot, nous avons expliqué qu’il existe un certain ordre dans la récitation des bénédictions alimentaires.
Parfois, cet ordre dépend de l’importance de l’aliment, parfois il dépend de l’importance de la bénédiction.
Priorité de la bénédiction de Boré Péri Ha’ets sur celle de Boré Péri Haadama
Nous avons appris jusqu’à présent que lorsque se trouvent devant nous 2 fruits de l’arbre, l’un faisant partie de la catégorie des « 7 fruits » et l’autre ne faisant pas partie de cette catégorie, il faut prendre celui faisant partie de la catégorie des « 7 fruits » pour réciter la bénédiction de Boré Péri Ha-Ets.
Il nous reste à expliquer comment agir lorsqu’il y a des fruits de l’arbre ainsi que des fruits de la terre – comme un ananas (dont la bénédiction est Boré Péri Haadama) et une pomme (dont la bénédiction est Boré Péri Ha’ets), ou bien un concombre et une datte, doit-on dans ces cas donner une priorité à l’un plus qu’à l’autre ?
Divergence d’opinion parmi les décisionnaires médiévaux
En réalité, nos maîtres les décisionnaires médiévaux débattent de cette question.
Selon certains (Ba’al Hala’hot Guédolot et d’autres …), puisque la bénédiction de Boré Péri Haadama inclus aussi les fruits de l’arbre (car les arbres poussent aussi de la terre), cette bénédiction est considérée comme moins précise que celle de Boré Péri Ha’ets. De ce fait, il faudrait donner la priorité à la bénédiction de Boré Péri Ha’ets qui est une bénédiction plus précise.
Cependant, selon l’opinion de la majorité des décisionnaires médiévaux, il n’y a pas de règle de priorité dans ce cas là. Ce n’est que la bénédiction de Chéhakol Nihya Bidvaro qui est une bénédiction très générale et qui de ce fait, possède une moindre importance vis-à-vis des autres bénédictions alimentaires.
Dans ce cas, on donnera la priorité à la bénédiction de Boré Péri Ha’ets sur celle de Chéhakol Nihya Bidvaro.
Mais la bénédiction de Boré Péri Haadama n’est pas considérée comme moins importante que celle de Boré Péri Ha’ets, et il n’y a donc pas d’ordre de priorité entre elles. Telle est l’opinion de Rav Haï Gaon, du RIF et d’autres…
La règle dans la pratique
Sur le plan pratique, MARAN tranche dans le Choul’han Arou’h (chap.211-3) selon l’opinion de la majorité des décisionnaires médiévaux, et il n’y a donc pas de règle de priorité entre la bénédiction de Boré Péri Ha’ets et celle de Boré Péri Haadama.
Par conséquent, s’il y a un fruit de l’arbre et un fruit de la terre, il est permis de réciter la bénédiction sur le fruit que l’on désire en premier, le goûter, puis réciter ensuite la bénédiction sur l’autre fruit.
Dans notre exemple, si on le désire, on pourra donc réciter d’abord la bénédiction de Boré Péri Haadama sur l’ananas, et ensuite Boré Péri Ha’ets sur la pomme.
(Cependant, notre grand maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que la personne qui se montrera méticuleuse en récitant d’abord la bénédiction de Boré Péri Ha-‘Ets, sera digne de la bénédiction, sauf dans le cas où le fruit de la terre lui est préféré, car dans ce cas on devra donner priorité au fruit de la terre vis-à-vis de celui de l’arbre).
Priorité à un fruit des 7 espèces sur un fruit de la terre
Qui plus est, non seulement il n’y a pas d’obligation de donner priorité à un fruit de l’arbre sur un fruit de la terre, mais également dans le cas où le fruit de l’arbre fait partie des 7 espèces, comme dans la question de notre exemple, des concombre et des dattes, puisque la bénédiction du concombre est Boré Péri Haadama alors que celle des dattes est Boré Péri Ha’ets et qu’elles font partie des 7 espèces. Malgré tout, même dans ce cas il n’y a pas d’obligation de donner priorité aux dattes, car nos maîtres ont enseignés de donner priorité à un fruit issu des 7 espèces uniquement lorsque les 2 fruits ont la même bénédiction, comme des dattes et des pommes. Mais lorsque leurs bénédictions sont différentes, par exemple des concombres et des dattes, il n’y a pas d’obligation de donner priorité aux dattes sur les concombres.
En conclusion: Lorsqu’on a 2 fruits, l’un provenant de l’arbre et l’autre provenant de la terre, il n’y a pas d’obligation à donner priorité à l’un vis-à-vis de l’autre.