Date de la Halacha: 14 Elul 5783 31 août 2023
Question: Est-ce que tout le monde est autorisé à ajouter des demandes personnelles dans la ‘Amida ? Comment faut-il se comporter sur ce point ?
Réponse: Dans la Guémara Bérah’ot (34a), nos maitres ont débattu au sujet du fait d’ajouter des demandes personnelles dans la ‘Amida, voici leur enseignement :
Les premières et les dernières bénédictions
« On ne doit jamais adresser des demandes personnelles, ni dans les 3 premières bénédictions, ni dans les 3 dernières. »
Cela signifie qu’il est interdit de formuler des demandes personnelles dans les 3 premières bénédictions (du début de la ‘Amida jusqu’à « Ha-E-l Ha-Kadoch »), ainsi que dans les 3 dernières bénédictions de la ‘Amida (depuis « Rétsé » jusqu’à Ha-Mévareh’ Ett ‘Amo Israël Ba-Chalom Amen »).
Mais dans les bénédictions intermédiaires de la ‘Amida de semaine (depuis « Ata ‘Honen » jusqu’à « Choméya’ Téfila »), il est permis d’ajouter des demandes personnelles dans chaque bénédiction, selon le sujet de la bénédiction.
C’est ainsi que tranchent le TOUR, ainsi que MARAN dans le Choulh’an ‘Arouh’ (chap.112).
Nous constatons de là que l’on ne peut demander quoi que ce soit, ni dans les 3 premières, ni dans les 3 dernières bénédictions de la ‘Amida.
En effet, le contenu essentiel de ces bénédictions représente la louange d’Hachem, ou des demandes pour l’ensemble du peuple d’Israël qui est aussi une forme de louange à Hachem, puisqu’on se tourne vers lui pour lui demander les besoins de la collectivité. C’est ainsi que l’on agit lorsque l’on désire réclamer au roi une chose précise. On exprime d’abord la louange du Roi. C’est pour cette raison que nous glorifions d’abord Hachem par les 3 premières bénédictions dans lesquelles il est certain qu’il n’est pas concevable d’introduire des demandes personnelles.
De même pour les 3 dernières bénédictions qui représentent des louanges à Hachem par des demandes pour tout le peuple d’Israël, afin qu’Hachem accepte leurs prières et leur culte, qu’il leur donne la paix, et qu’il accepte notre reconnaissance envers lui. Il n’est pas non plus concevable d’y introduire des demandes personnelles.
Les demandes personnelles
Ce n’est que dans les autres bénédictions du milieu de la prière que l’on est autorisé selon le strict Din à formuler des demandes personnelles, chaque bénédiction selon son sujet.
Par exemple : dans la bénédiction de « Hachivénou », on peut demander à Hachem de nous aider à faire un réel repentir.
Dans la bénédiction de « Réfaénou », on peut demander la guérison d’un malade précis. Dans la bénédiction de « Barh’énou », on peut demander la Parnassa.
Dans la bénédiction de « Chéma’ Kolénou », on peut adresser toute demande, puisqu’il s’agit d’une bénédiction générique, qui inclus toutes les prières et demandes. De même, après le dernier « Yihyou Lé-Ratson », on peut formuler tout ce que l’on désire.
Comment ajoutons-nous des demandes personnelles ?
Nous devons d’abord dire le texte de la bénédiction jusqu’à sa conclusion, et là, avant de dire la conclusion, on ajoute ce que l’on désire demander. Ensuite, on conclut la bénédiction.
Par exemple : on entame la bénédiction de « Réfaenou » jusqu’à ce que l’on arrive à « Véha’alé Arouh’a Ou-Marpé Léh’ol Tah’alouénou Ouleh’ol Mah’ovénou Ou- leh’ol Makoténou », et là, on dit la demande personnelle pour la guérison d’un malade, puis on conclut « Ki El Rofé Rah’man Vénéeman Ata, Barouh’ Ata A.D.O.N.A.Ï Rofé H’olé ‘Amo Israël ».
Un langage correct
Cependant, il faut veiller à ne pas s’étendre en supplications lors de la prière, car les bénédictions de la prière n’ont pas pour vocation de contenir des propos futiles,’Hass Véchalom (à D.ieu ne plaise).
On doit veiller à être précis dans son langage et adresser des demandes personnelles avec des termes propres, précis et de façon concise.
Par exemple : Lorsqu’on s’exprime en hébreu, certaines personnes disent :
רבונו של עולם ! תעזור לנו !
« Ribono Chel ‘Olam ! (Maître du monde) Ta’azor Lanou ! (Aide-nous) ».
Ces termes ne sont pas justes, et il faut plutôt dire :
רבונו של עולם ! עזור לנו !
« Ribono Chel ‘Olam ! ‘Azor Lanou ! ».
En effet, les termes hébreux « Ta’azor Lanou » n’expriment pas une demande mais la définition d’une action future, comme par exemple les termes du verset des Téhilim (102-14) : '' אתה תקום תרחם ציון '' (Ata Takoum Téra’hem Tsion – Tu te lèveras et tu prendras Tsion en pitié), qui est une prophétie et non une prière.
Ainsi pour tout autre exemple similaire, il faut avoir l’exigence d’exprimer une demande sous une forme très précise.
A quel endroit précis formuler les demandes personnelles ?
A ce sujet, il faut préciser que notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l conseillait lorsque des personnes malades venaient le consulter, de prier pour leur guérison dans la bénédiction de « Réfaénou », car la prière pour une guérison est préférable à cet endroit de la ‘Amida, plutôt que dans la bénédiction de « Chéma’ Kolénou ».
Un jour, une des filles de la famille de notre maitre le Rav z.ts.l se trouvait dans un état de santé complexe. Notre maitre le Rav z.ts.l nous indiqua de prier pour elle dans la bénédiction de « Réfaenou ».
Cependant, chacun de nous pria pour elle mais dans la bénédiction de « Chéma’ Kolénou ». Quelques jours plus tard, notre maitre le Rav z.ts.l nous appela et nous demanda :
« Pourquoi tu ne pries pas dans « Réfaenou » ?? »
Je lui répondis :
« Je prie correctement. »
Il me dit :
« Ce n’est pas vrai ! Tu ne pries pas dans « Réfaenou » mais dans « Chéma’ Kolénou ! »
Par peur, je répondis à notre maitre le Rav z.ts.l que je priais dans « Réfaenou ».
A cet instant précis, un véritable esprit prophétique illumina notre maitre le Rav z.ts.l, et il dit :
« Ce n’est pas vrai ! Tu ne pries pas dans « Réfaenou » mais dans « Chéma’ Kolénou » ! Si tu pries dans « Réfaenou », la prière sera exaucée ! »
Nous avons également constaté par nous même lorsque notre maitre le Rav z.ts.l fut informé au sujet d’un jeune garçon qui se détériora spirituellement.
Nous nous trouvions à proximité de notre maitre le Rav z.ts.l au moment de la prière, et nous l’avons entendu prier sur ce garçon après le 2ème « Yhiou Lératson » dans la ‘Amida. Durant environ 1/h notre maitre le Rav z.ts.l supplia Hachem avec des larmes, afin qu’il éveille l’esprit de ce jeune homme pour qu’il se repenti de manière sincère.
C’est ainsi que notre maitre le Rav z.ts.l agissait au sujet de noms de gens pour lesquels il était sollicité pour prier en leur faveur. Il adressait ses prières sur eux après le 2ème « Yhiou Lératson ».
Un jour, nous lui avons par hasard cité le cas d’un homme qui était dans un état dépressif. Notre maitre le Rav z.ts.l nous a immédiatement répondu :
« Je prie chaque jour pour lui. Son nom est untel fils d’untelle. »
Ce jeune homme n’était pas un proche parent de notre maitre le Rav z.ts.l, mais son état de santé toucha particulièrement son cœur, au point de prier pour lui chaque jour.