Date de la Halacha: 5 Kislev 5785 6 décembre 2024
Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit
וַיִּשַּׁק יַעֲקֹב, לְרָחֵל; וַיִּשָּׂא אֶת-קֹלוֹ, וַיֵּבְךְּ. (בראשית כט-יא)
Ya’akov embrassa Ra’hel et leva sa voix en pleurant. (Bérechit 29-11)
Rachi : En pleurant. Parce qu’il est venu les mains vides. Il se dit : « Eli’ezer le serviteur d’Avraham arriva jusqu’ici avec des boucles d’oreilles, des bracelets et des friandises, alors que moi, je n’ai rien dans les mains ! » En effet, Elifaz fils de ‘Essav avait poursuivi Ya’akov sur l’ordre de son père ‘Essav, afin de le tuer. Lorsqu’il rattrapa Ya’akov, Elifaz se rétracta car il avait grandi auprès de son grand-père Its’hak, mais il dit quand même: « Que puis-je faire pour m’acquitter de l’ordre de mon père ?! » Ya’akov lui dit: « Prends tout ce que j’ai, et le pauvre est considéré comme mort. »
Le Gaon Rabbi ‘Haïm Leïb CHMOULEVITZ z.ts.l fait remarquer dans son livre Si’hot Moussar, le terrible combat interne auquel est confronté Elifaz :
Il est délégué par son père ‘Essav pour tuer son oncle Ya’akov. Il se retient de le tuer puisqu’il a grandi auprès de son grand-père Its’hak. Mais d’un autre côté, l’ordre de son père a de l’emprise sur lui. Il est tellement perdu qu’il ne sait pas comment réagir, jusqu’à ce que Ya’akov lui donne lui-même la solution, en lui donnant tout ce qu’il possède afin de devenir un pauvre, qui est considéré par la Torah comme mort.
Nous avons là un exemple concret de la lumière et de l’obscurité qui peuvent régner dans l’anarchie à l’intérieur de l’être humain.
Tout en étant le petit-fils d’Its’hak, qui ne peut pas commettre le meurtre, il est aussi le fils d’Essav qui lui a ordonné de tuer Ya’akov.
Mais le respect de son père l’emporte sur le reste puisqu’Elifaz demande malgré tout: « Que puis-je faire pour m’acquitter de l’ordre de mon père?! »
Est-il concevable que la Mitsva de respecter son père, puisse passer par le meurtre?!
Mais comme nous l’avons dit, malgré la grande lumière qui régnait en lui du fait qu’il était le petit-fils d’Its’hak, malgré cela, une grosse obscurité régnait en Elifaz.
Nous voyons à partir de là comment la Torah peut être perçue différemment, dès lors où « l’obscurité » prend le dessus chez l’individu !
Les transgressions les plus graves peuvent prendre – dans l’esprit de l’homme – l’aspect de Mitsvot !!
Si on se laisse tomber dans le piège, on peut transgresser les pires fautes, tout en étant convaincu d’accomplir des Mitsvot !!
Chabbat Chalom