Dans les précédentes Halachot, nous avons fait mention des propos de nos maîtres, selon lesquels il existe des situations dans lesquelles, il y a lieu de craindre le ‘Ain Ha-Ra’.
C’est la raison pour laquelle, nous ne faisons pas monter à la Torah, deux frères, ou un père et son fils, l’un derrière l’autre, afin qu’ils ne subissent pas de préjudices causés par le ‘Ain Ha-Ra’, puisque toute chose qui provoque une impression et attire une grande l’attention, est susceptible d’entraîner le ‘Ain Ha-Ra’.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que même un orateur - gratifié par Hachem de grandes capacités d’élocution, et qui est doté d’une véritable « force de la parole » - même s’il réalise une très grande Mitsva au moyen de ses discours, en faisant gagner des mérites aux autres, doit malgré tout se protéger et être très vigilant, pour ne pas subir le ‘Ain Ha-Ra’.
Il peut utiliser le remède indiqué par nos maîtres dans la Guémara Béra’hot (55b) :
Celui qui pénètre dans une ville où on ne le connaît pas, et qui craint que l’on soit impressionné par sa grande sagesse, par sa belle voix, ou par d’autres capacités qu’il possède, et que de ce fait, il subisse le ‘Ain Hara’, il devra placer son pouce droit à l’intérieur de sa main gauche, et son pouce gauche à l’intérieur de sa main droite, et il devra dire :
« Moi, untel fils d’untelle (son prénom et le prénom de sa mère), je suis de la descendance de Yossef Ha-Tsaddik, sur lequel, le ‘Ain Ha-Ra’ n’a aucune emprise, comme il est dit : « Yossef est un rameau fertile, un rameau fertile au-dessus d'une fontaine… »
(Le mot fontaine se dit en Hébreux « ‘Ain », qui signifie également « l’œil »), les descendants de Yossef sont « au-dessus de l’œil » (ce sont eux qui ont de l’emprise sur l’œil et non le contraire).
Autre preuve (selon laquelle, la descendance de Yossef est protégée du ‘Ain Ha-Ra’) : « …Puissent-ils se multiplier (comme les poissons) à l'infini au milieu de la terre… » (Ce verset est écrit au sujet des enfants de Yossef).
Les poissons de la mer sont recouverts par l’eau, et le ‘Ain Ha-Ra’ n’a donc pas d’emprise sur eux, de la même façon, le ‘Ain Ha-Ra’ n’a pas d’emprise sur la descendance de Yossef.
Le fait de déclarer « je suis de la descendance de Yossef Ha-Tsaddik… », alors que l’on est peut-être descendant d’une autre tribu – car la majorité d’entre nous ne vient pas de la tribu de Yossef – ne constitue pas un mensonge, puisque tous les Béné
Israël sont appelés « enfants de Yossef », ainsi qu’il est dit dans le Téhilim (77-16) : « Tu as délivré avec le bras, ton peuple, les enfants de Yaakov et de Yossef… ».
Or, le Midrach Yalkout Chim’oni (Chémouel 2) demande sur ce verset :
Est-ce Yossef qui a enfanté tous les Béné Israël ? N’est-ce pas plutôt Yaakov ?
Et l’on répond : C’est Yaakov qui a enfanté les Tribus d’Israël, mais c’est Yossef qui a nourrit ses frères et toute la maison de son père (en Egypte, pendant la famine), et c’est pour cela qu’ils sont appelés « ses enfants ».
Il est enseigné dans la Guémara Sanhédrin (92a) :
Rabbi El’azar dit : « Réside toujours dans l’ombre et tu vivras ! »
L’ombre signifie ici la discrétion grâce à laquelle on peut se protéger du ‘Ain Ha-Ra’, comme la demande de ‘Hana (Bérah'ot 31b) :
« Une descendance d’hommes ». Une descendance intégrée parmi les hommes, une descendance qui ne soit ni sage ni idiote…
Cependant, notre maître le Rav z.ts.l écrit que celui qui est gratifié par Hachem de capacités d’élocution, et qui possède de l’influence par sa parole pour ramener les gens vers la Torah, avec beaucoup de sagesse et d’intelligence, ne doit pas se priver de prendre la parole par crainte du ‘Ain Ha-Ra’, puisque celui qui est en train d’accomplir une Mitsva, ne peut pas subir le mal, car la Mitsva protège et sauve.
Et d’ailleurs, celui qui n’accorde pas spécialement d’importance au ‘Ain Ha-Ra’ (sans nier son existence), le ‘Ain Ha-Ra’ n’aura pas véritablement d’emprise sur lui, comme la Guémara nous l’apprend : Celui qui ne se montre pas pointilleux (sur des choses qui ne le méritent pas), on ne sera pas pointilleux envers lui.
Mais par mesure de précaution, il est préférable d’utiliser le remède cité plus haut, car le ‘Ain Ha-Ra’ est une chose véridique, par opposition à l’opinion de certains scientifiques, qui ont voulu remettre en question la notion du ‘Ain Ha-Ra’.
Le RAMBAN a déjà réfuté leurs arguments, et a établi que le ‘Ain Ha-Ra’ est une réalité.
Cependant, ceux qui s’intéressent au ‘Aïn Ha-Ra’ plus qu’il ne faut, non seulement ces gens s’occupent du secondaire en délaissant le principal - puisque le fait d‘occuper leur esprit sur la notion du ‘Aïn Ha-Ra’, les empêche de se pencher sur leurs actions - mais de plus, ils s’exposent eux même à un grand danger, car celui qui s’occupe de ces choses-là de façon très détaillée, est prédisposé – plus que d’autres personnes – à subir les dégâts du ‘Aïn Ha-Ra’.
C’est pourquoi, l’essentiel est d’opter pour le juste milieu, en ne craignant pas de façon exagérée le ‘Aïn Ha-Ra’, mais cependant, lorsque c’est possible et qu’il y a une nécessité, on peut utiliser les remèdes mentionnés plus haut pour se protéger du ‘Aïn Ha-Ra’
Notre maître le ‘HYDA écrit dans son livre KIKAR LAADEN (page 285a) :
« Je voudrais confier à toutes les générations à venir que la plante que l’on appelle
« RODA » ou « ROTA » (c’est la plante que l’on appelle en français la « RUE »), est efficace contre le ‘Ain Ha-Ra’, et contre toute sorte de sortilèges. J’ai même entendu de la bouche des Rabbanim de la sainte ville de Jérusalem, une terrible anecdote sur cela. Il existe aussi un nom sacré qui se nomme « ROTA », la personne qui porte cette herbe, devra penser à ce nom sacré, et il ne lui arrivera que du bien.
Dans le langage de la Michna, cette herbe est appelée par le nom de « HAPIGEM », qui est constitué des mêmes lettres hébreux que le mot « MAGUEFA » qui signifie
« Épidémie », car cette herbe est également efficace contre l’épidémie. »
« Le Za’atar » (Thym ou origan) - appelé dans le langage de nos maîtres « Ezov » - n’est pas un remède contre le ‘Aïn Ha-ra’, mais il est utile contre d’autres choses, comme l’écrit Rabbi Moché Zakhout dans son commentaire sur le Zohar Ha-Kadoch (cite dans le livre Midbar Kédémot section « Hé ») : Celui qui se déplace beaucoup et porte sur lui le Ezov (Za’atar), sera épargné de la sorcellerie.
Selon notre maître le ARI zal, le Ezov doit se trouver en permanence à table.