Halacha pour vendredi 14 Cheshvan 5785 15 novembre 2024

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

Vayéra – Le politiquement correct

Commentaires rédigés par Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit

וַיֵּרָא אֵלָיו ה', בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם. (בראשית יח-א)
Hachem se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu'il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. (Bérechit 18-1)

Avraham Avinou vient de pratiquer sur lui-même la Bérit Mila à l’âge de 99 ans.
Au 3ème jour après sa Mila (qui est le jour le plus douloureux après un tel acte), il s’assoit comme à son habitude à la porte de la tente – ignorant la douleur - dans l’espoir de pouvoir accomplir une fois de plus la Mitsva de Ha’hnassatt Or’him (l’hospitalité).
Hachem - qui vient le visiter ce jour-là (Bikour ‘Holim – visite aux malades), et ne voulant pas qu’il se fatigue en accueillant d’éventuels voyageurs – fait « sortir le soleil de son enveloppe », et à cause de cette chaleur torride, toute personne va se décourager de sortir ce jour-là.

Midrach Rabba (Bérechit Rabba 42-14)
Hachem dit à Mamré : « Tu l’as encouragé à pratiquer la Mila, je jure par ta vie que je ne me dévoilerais à lui ni dans la demeure de Echkol, ni dans celle de ‘Aner, mais uniquement dans ta demeure. » C’est exactement le sens du texte : « Hachem se révéla à lui dans les plaines de Mamré …»

Lorsqu’ Avraham Avinou reçu l’ordre explicite d’Hachem de pratiquer la Bérit Mila, il s’interrogea si cet acte n’allait pas engendrer pour lui un certain danger :
« Jusqu’à présent, de nombreuses personnes se tenaient à mes côtés, mais maintenant, ils vont me haïr du fait que je me distingue vis-à-vis d’eux. Ils vont s’unir et se mettre en guerre contre moi, et du fait de ma faiblesse physique occasionnée par la Bérit Mila, je ne pourrais peut-être pas leur résister ! »

C’est pourquoi, avant de pratiquer la Bérit Mila, Avraham Avinou prit conseil auprès de ses 3 amis: ‘Aner, Echkol et Mamré.

Chacun d’entre eux lui donna un conseil différend.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l fait remarquer dans l’une de ses Dérachot que le conseil de chacun des 3 amis d’Avraham, apparaît par allusion dans le prénom de chacun :
‘Aner lui dit : « Qu’est-ce qu’un vieillard comme toi, âgé de 99 ans, va s’exposer à un si grand danger ! »
Dans le nom de ‘Aner, nous retrouvons son conseil :

עינוי נפש רע
‘Inouï Néfech Ra’ (La mortification est mauvaise)

Echkol lui dit : « Si tu réalises un tel acte, tu t’exposes à la vengeance de tous les proches des rois que tu as tué lors de la guerre ! » (Voir Paracha précédente)
Dans le nom d’Eshkol, nous retrouvons son conseil :

אחי שונאים כבירים ועצומים לך
A’hé Son’im Kabirim Va’atsoumim Le’ha (Les frères de tes ennemis sont forts et puissants pour toi)

Mamré lui dit : « Ce même D. qui t’a sauvé de la fournaise, qui t’a délivré de la main de 4 rois, et qui te demande aujourd’hui de pratiquer la Bérit Mila, ne l’écouterais-tu pas de nouveau ?! »
Dans le nom de Mamré, nous retrouvons son conseil :

מול מהר רופאך א-ל
Mol Maher Rof’e’ha El (Pratiques vite la Mila car ton guérisseur c’est Hachem !)

Question - Le Da’at Zekenim Miba’alé Ha-Tossafot demande :
Comment est-il concevable qu’un homme aussi important et aussi Tsaddik qu’Avraham Avinou, qui a surmonté les 10 épreuves avec succès, vienne demander conseil avant d’accomplir un ordre d’Hachem, qui lui a été donné de façon très explicite ?

Réponse - En réalité, le conseil que demande Avraham Avinou n’est certainement pas s’il faut pratiquer la Mila ou pas, mais plutôt s’il faut le faire publiquement ou dans l’intimité. Mamré lui conseil de le faire en publique afin d’inspirer le monde entier à imiter son acte.

Les commentateurs expliquent que la raison pour laquelle Avraham Avinou demande conseil s’il faut accomplir la Mila en publique ou dans l’intimité, réside dans le fait qu’Avraham Avinou n’avait comme objectif que de rapprocher tous les égarés sous les ailes de la Ché’hina.
Il craignait qu’en faisant la Mila, les gens s’abstiennent de le côtoyer, et qu’ils profèrent de la médisance vis-à-vis de la Torah puisqu’elle n’a pas de pitié envers les créatures, puisqu’elle ordonne de pratiquer la Mila même sur les plus âgés.
Toutes ces craintes étaient justifiées puisqu’en ces temps de barbarie et de sacrifices humains aux idoles, Avraham véhiculait une image plutôt pacifiste de la Torah qui n’impose aucune mortification ni aucun martyr.

C’est pourquoi Avraham craignait que cet acte ne vienne contredire toute son œuvre. Il pensait donc qu’il fallait plutôt le pratiquer dans l’intimité, afin de continuer à tisser des liens d’amour envers les autres, pour rapprocher de nouvelles âmes sous les ailes de la Ché’hina. C’est pourquoi il demanda conseil à ses amis.

Même si ‘Aner et Echkol ont totalement rejeté l’accomplissement de la Mitsva pour des raisons de danger, Mamré lui suggéra non seulement d’accomplir cet acte, mais surtout de le faire en publique.
Cette crainte d’Avraham Avinou est décrite dans le Midrach Rabba (Bérechit Rabba 47-13) :
Avraham dit : « Tant que je n’avais pas encore pratiqué la Mila, des passants et des promeneurs venaient me visiter. Maintenant que j’ai pratiqué la Mila, va-t-on dire qu’ils ne viennent plus ?! »
Hachem dit : « Avraham ! Tant que tu n’avais pas encore pratiqué la Mila, ce sont des hommes incirconcis qui venaient te visiter. Maintenant que tu as pratiqué la Mila, c’est Moi-même dans toute Ma Gloire qui vient te visiter ! »
C’est ce que veut dire le 1er verset de notre Paracha : « Hachem se révéla à lui dans les plaines de Mamré … »

Nous pouvons interpréter la plainte d’Avraham :
« Tant que je n’avais pas encore pratiqué le Mila, des passants et des promeneurs venaient me visiter… »
« Passants et promeneurs » se dit en hébreux (dans ce contexte) :
« ‘Ovrim Vé-Chavim ».
Le mot « ‘Ovrim » a la même racine que le mot « ‘Avera »
qui signifie « transgression ».
Le mot « Chavim » a la même racine que le mot « Téchouva »
qui signifie « repentir ».

La véritable crainte d‘Avraham Avinou était qu’avant la Mila, toutes les personnes qui avaient commis des transgressions (‘Ovrim), pouvaient encore faire Téchouva (Chavim) grâce à l’influence d’Avraham Avinou sur leurs personnes.
Mais maintenant qu’il a pratiqué la Mila, peut-être qu’il ne bénéficiera plus d’aucune crédibilité à leurs yeux, et de ce fait, ils ne se repentiront plus de leurs actes.

Nous pouvons retenir plusieurs messages de morale de toutes les craintes d’Avraham Avinou :
Il arrive parfois que l’on hésite à exprimer clairement nos positions religieuses par crainte de choquer ou mettre mal à l‘aise certaines personnes.
Nous voyons du conseil de Mamré que lorsqu’il s’agit d’un ordre formel, et surtout explicite, d’Hachem, en d’autres termes, lorsqu’il s’agit de l’accomplissement d’une obligation religieuse, le juif ne doit pas chercher à ménager l’entourage, ni les conceptions des uns et des autres.

Une personne qui refuse de faire Téchouva, qui refuse de changer, utilisera toujours des prétextes pour remettre en question les fondements de la Torah.
C’est pourquoi, lorsqu’il s’agit d’accomplir nos obligations religieuses – les Mitsvot – il ne faut pas faire l’erreur de croire qu’il faut prendre en compte la « sensibilité » de certains êtres encore « fragiles psychologiquement », et à cause de cela, hésiter ou mettre des formes à notre pratique religieuse, pour ne pas heurter certaines personnes au « choc facile ».

La vérité doit-être dite et doit être mise en pratique, même si elle n’est pas toujours agréable à entendre ou à regarder pour certains !!

Tiré du livre Vayomer Avraham du Gaon Rabbi Avraham M. PATAL Ha-Levi z.ts.l, beau-père de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l

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