Aujourd’hui, 3 Mar’hechvan, nous commémorons les 11 ans de la disparition de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l.
Il est dit dans la Paracha de Noa’h que nous avons lue Chabbat, lorsqu’Hachem ordonne à Noa’h de prendre des catégories d’animaux avec lui dans l’Arche :
מִן-הַבְּהֵמָה, הַטְּהוֹרָה, וּמִן-הַבְּהֵמָה, אֲשֶׁר אֵינֶנָּה טְהֹרָה ... (בראשית ז-ח)
Des animaux purs, et des animaux qui ne le sont point … (Béréchit 7-2).
Dans la Guémara Péssa’him (3a), nos maîtres se sont interrogés sur ce changement inhabituel de langage dans le verset, car dans tout endroit de la Torah, il est fait explicitement mention de l’animal pur et de l’animal impur, comme il est dit par exemple au sujet du rachat de l’aîné de l’âne :
... וְאֵת בְּכוֹר הַבְּהֵמָה הַטְּמֵאָה תִּפְדֶּה. (במדבר יח-טו)
… et le premier-né d'un animal impur, tu le rachèteras aussi. (Bamidbar 18-15).
Selon cela, pourquoi la Torah change-t-elle de langage ici, et écrit :
... וּמִן-הַבְּהֵמָה, אֲשֶׁר אֵינֶנָּה טְהֹרָה ...
… et des animaux qui ne sont pas purs …, au lieu de « des animaux impurs » ?
Nos maîtres expliquent :
Rabbi Yéhochoua’ Ben Lévy dit : l’homme ne doit jamais sortir une parole malpropre de sa bouche, car la Torah a ajouté 8 lettres de plus, afin de ne pas s’exprimer de manière malpropre.
Cela signifie que même si l’on opte généralement pour la manière la plus concise pour enseigner, et l’on évite au maximum de s’étendre avec des mots et des phrases non-indispensables, ici la Torah a dérogé à son habitude et s’est étendue de manière exceptionnelle. En effet, si la Torah s’était exprimé de manière habituelle, elle aurait dit :
וּמִן-הַבְּהֵמָה הַטְּמֵאָה
Or, le mot « Ha-Téméa » (l’animal « impur ») comporte 5 lettres en hébreu.
Au lieu de cela, la Torah a ajouté 8 lettres de plus, par des termes plus longs et inhabituels :
וּמִן-הַבְּהֵמָה, אֲשֶׁר אֵינֶנָּה טהורה ...
… et des animaux non purs …
Tout ceci, afin de nous enseigner un principe :
L’homme doit avoir la vigilance de ne jamais sortir une parole malpropre de sa bouche.
Or, du temps de Noa’h, la Torah n’avait pas encore été donnée, et de ce fait, ces animaux n’étaient pas encore réellement qualifiables d’impurs, et il n’y avait pas de différence entre un animal pur et un animal impur.
C’est pourquoi, la Torah a changé son langage habituel, afin de ne pas utiliser un langage malpropre, et exprimer gratuitement le mot « impur ».
Notre maître le Rav z.ts.l eut le mérite d’accéder à la connaissance de la Torah de manière extraordinaire.
Durant des centaines d’années, il n’y eut personne qui maîtrisa tous les domaines de la Torah comme lui.
Celui qui consulte ses nombreux ouvrages, reste stupéfait face à sa maîtrise qui relève réellement du miracle, car il est impossible de façon naturelle qu’un homme ait le mérite de posséder la connaissance de la Torah dans de telles proportions, sans une assistance particulière du Ciel.
Pour arriver à cela, pour obtenir la Couronne de la connaissance de la Torah, et afin de gagner des degrés de manière générale dans le Service Divin, l’homme doit sanctifier sa personne, préserver sa bouche et sa langue, préserver ses yeux, préserver ses oreilles afin de ne pas entendre des choses détestables.
C’est ainsi que l’homme devient « Saint », et qu’il gagne le mérite de s’attacher à la Sainteté supérieure.
Voici quelques faits et anecdotes sur notre maître le Rav z.ts.l, en rapport avec nos propos :
Un jour, notre maître le Rav z.ts.l écrivait sur un sujet spécifique, et pendant qu’il consultait les ouvrages des décisionnaires des deniers siècles, il constata qu’un décisionnaire contemporain avait écrit d’une très belle façon sur le sujet concerné, et notre maître le Rav z.ts.l désirait fortement citer ses propos dans son ouvrage en cours de rédaction.
Mais en définitif, notre maître le Rav z.ts.l n’en fit absolument pas mention.
Lorsque l’un de ses disciples lui demanda pourquoi n’avait-il pas cité les propos de ce décisionnaire contemporain comme il l’avait prévu, notre maître le Rav z.ts.l répondit :
« Parce que j’ai aussi constaté qu’il s’était exprimé de manière incorrecte vis-à-vis du Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Ben Tsion Méïr ‘Haï ‘OUZIEL, et c’est pourquoi j’ai décidé de ne pas citer ses propos. »
Le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita (directeur de notre site Halacha Yomit et digne petit-fils de notre maître le Rav z.ts.l) rapporte un fait dans son livre biographique « AVIR HA-RO’IM (vol.3).
Un jour, le Rav SASSON se trouvait dans le bureau de son illustre grand-père notre maître le Rav z.ts.l, quand pénétrèrent dans le bureau quelques membres de la famille. Ils entamèrent une conversation avec notre maître le Rav z.ts.l au sujet de quelqu’un d’important qui avait eu une attitude cruelle envers une pauvre femme.
En conséquence au différent qu’il avait avec elle, cet homme mit en danger la Parnassa de cette pauvre femme par de la médisance.
Cette femme sombra dans la dépression.
Lorsque notre maître le Rav z.ts.l entendit tout cela, il s’emporta dans ses paroles et incrimina l’homme en s’exprima de manière très dure à son égard.
Il téléphona également à un homme d’affaires afin qu’il s’efforce d’aider cette femme financièrement.
Il rédigea également une lettre de sa main, afin de soutenir et de réconforter la femme.
Le Rav SASSON avait déjà eu connaissance de manière globale de l’attitude de cet homme envers cette pauvre femme, mais il ne connaissait pas les choses en détails. Il venait de les apprendre en assistant à la conversation avec notre maître le Rav z.ts.l.
Constatant que notre maître le Rav z.ts.l avait écouté ce qu’on lui avait rapporté, et qu’il s’efforça immédiatement d’apporter son aide, le Rav SASSON considéra que tout ce qui avait été rapporté était vrai.
Environ 10 jours plus tard, notre maître le Rav z.ts.l appela son petit-fils le Rav SASSON dans son bureau et lui dit :
« Te souviens-tu de ce que l’on m’a rapporté ici il y a une dizaine de jours, au sujet d’un homme qui avait eu une attitude incorrecte envers une pauvre femme ? »
Le Rav SASSON répondit : « Oui, je m’en souviens. »
Notre maître le Rav z.ts.l lui demanda :
« Crois-tu ces propos qui ont été dits ici ? »
Le Rav SASSON répondit :
« Oui, je crois que ces propos sont vrais. »
Notre maître le Rav z.ts.l lui dit :
« Je te demande de retirer ces propos de ton cœur. Nous avons peut-être accordé gratuitement du crédit à du pur Lachon Ha-Ra’ ! Il est interdit de croire à de tels propos ! Je pense réellement que les choses ne se sont pas passées ainsi ! C’est pourquoi, crois-moi, il n’y a rien eu de tout cela ! »
Notre maître le Rav z.ts.l était tellement vigilant afin qu’aucune parole impure ne pénètre dans ses oreilles, qu’il reculait devant une parole interdite, comme un homme recule devant le feu.
Un jour, après le mariage de l’un de ses petits-enfants, l’épouse du marié enseignait dans une école, mais le directeur de l’école lui imposait un travail harassant pour un salaire misérable, environ 1000 Shékels par mois.
A cette époque, notre maître le Rav z.ts.l donnait un cours une fois par semaine aux membres de sa famille (depuis le décès de sa digne épouse la Rabbanit Margalit z’’l).
Lors de l’un de ces cours, le petit-fils nouvellement marié était assis à côté de son grand-père notre maître le Rav z.ts.l. A côté de lui, siégeait son épouse, la nouvelle mariée.
Notre maître le Rav z.ts.l demanda à son petit-fils :
« Où travaille ton épouse ? »
Le petit-fils indiqua à son grand-père notre maître le Rav z.ts.l le lieu de travail de son épouse.
Notre maître le Rav z.ts.l demanda quel était son salaire mensuel.
Le petit-fils répondit qu’elle gagnait 1000 Shékels.
Notre maître le Rav z.ts.l se tut. Cela se passait un jeudi soir.
Vendredi matin, notre maître le Rav z.ts.l téléphona à l’épouse de son petit-fils et lui dit :
« La semaine prochaine, tu ne vas pas travailler ! 1000 Shékels ne représentent pas un salaire décent vis-à-vis du dur travail qui t’est demandé ! C’est de l’escroquerie ! Ne va pas travailler ! »
Il dit également à son petit-fils :
« J’ai récemment reçu la visite d’untel qui est proche de moi, il dirige un bureau dans l’administration. Je lui ai demandé de trouver un travail à ton épouse, et il m’a promis de lui trouver un travail dans le bureau qu’il dirige. »
Le couple en fut très réjouit, car grâce à l’intervention de notre maître le Rav z.ts.l, ils auront le mérite de sortir du décret de la difficulté matérielle.
Mais le petit-fils fut ensuite informé que dans le bureau en question où devait travailler son épouse, les règles ne la Tséni’out entre les hommes et les femmes n’étaient pas très respectées, et il comprit qu’il ne pouvait pas accepter cette proposition. Il repoussa donc la proposition, mais n’en parla pas à notre maître le Rav z.ts.l.
Au bout de quelques jours, notre maître le Rav z.ts.l l’appela et lui demanda :
« Qu’en est-il du travail de ton épouse ? A-t-elle commencé à travailler ? Tout se passe bien ? »
Le petit-fils n’avait plus d’autre choix que de tout dire à notre maître le Rav z.ts.l, et il lui répondit :
« Grand-père doit savoir qu’en réalité nous désirions très fortement ce travail, en particulier du fait que Grand-père s’est fait tellement de soucis pour nous. Mais j’ai été informé de plusieurs faits, comme par exemple, le fait que l’un des employés du bureau est entré dans le bureau, et se trouvait là-bas …. »
Il n’eut pas le temps de terminer de parler, et avant même qu’il explique les choses à notre maître le Rav z.ts.l, notre maître le Rav z.ts.l plaça ses doigts dans ses oreilles, et le stoppa dans ses propos (Exactement selon l’enseignement de Rabbi El’azar dans la Guémara Kétoubot 5b : Pourquoi les doigts de l’homme sont-ils à l’image de pieux ? Afin qu’il puisse les placer dans ses oreilles s’il entend une parole incorrecte). Notre maître le Rav z.ts.l fit comprendre à son petit-fils de se taire.
Il lui dit : « Il est certain que tu dois fuir une telle situation, et l’on veillera à trouver un autre travail à ton épouse. »
Le Rav SASSON fut témoin oculaire de tous ces faits.
Tout ceci, sans parler de la protection des yeux et de la sainteté de la pensée de notre maître le Rav z.ts.l.
Ces choses doivent nous interpeller, en particulier de notre époque où quasiment tout le monde est exposé aux moyens de communication des non-juifs et de ceux qui donnent libre cours à leurs opinions, car le fait d’entendre des paroles interdites, de voir des images interdites, et le fait de s’immerger dans des pensées et des conceptions qui vont à l’encontre de la Torah, influent très significativement sur l’homme, l’éloignent de la sainteté, le privent d’un puissant bénéfice.
Les fils et les filles d’Israël ont un très important mérite de se sanctifier par une sainteté très grande, de comprendre et de réfléchir sur le fait que nous sommes les enfants du Roi des rois, et qu’il ne nous correspond pas de marcher dans les voies de gens qui n’ont pas eu le mérite que nous avons.
Que le mérite de notre maître le Rav z.ts.l nous protège, nous ainsi que tous les abonnés à la Halacha Yomit – une œuvre que notre maître le Rav z.ts.l chérissait particulièrement – que nous ayons le mérite d’obtenir toutes les bénédictions, le bonheur, la richesse, les honneurs, que nous ayons aussi le mérite d’accéder à la sainteté et à la pureté, et de ne voir que satisfaction de tous nos enfants.