Commentaires de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l
Notre Paracha nous relate la révolte de Kora’h, un membre de la tribu de Lévi, contre Moché Rabbénou.
Kora’h leva une opposition contre Moché Rabbénou, et fut châtié par Hachem – lui et toute son assemblée – en étant engloutis par la terre.
Il est dit dans le livre de Michlé :
חַכְמוֹת נָשִׁים, בָּנְתָה בֵיתָהּ; וְאִוֶּלֶת, בְּיָדֶיהָ תֶהֶרְסֶנּוּ (משלי יד-א)
La sagesse des femmes édifie la maison; la folle la renverse de ses propres mains. (Michlé 14-1)
Nos maîtres commentent ce verset ainsi :
« La sagesse des femmes édifie la maison », il s’agit de la femme de Onn Ben Pélet.
« La folle la renverse de ses propres mains », il s’agit de la femme de Kora’h.
Que s’est-il passé ?
Onn Ben Pélet s’était initialement joint à Kora’h, dans sa révolte contre Moché Rabbénou, comme le dit explicitement la Torah.
Mais par la suite, le nom de Onn Ben Pélet n’est plus mentionné parmi les gens de l’assemblée de Kora’h. Pourquoi ? Que s’est-il passé entre-temps ?
Nos maîtres enseignent que Kora’h ne s’était pas initialement révolté contre Moché Rabbénou. Mais lorsque Moché Rabbénou reçut l’ordre d’Hachem de prendre tous les membres de la tribu de Lévi et de leur ordonner de se raser l’intégralité du corps, Kora’h s’exécuta, et il se rasa, ainsi que sa barbe.
Lorsqu’il arriva chez lui, sa femme le vit et lui dit :
« Espèce de fou !! Qu’as-tu fait ??! »
Il lui répondit :
« Ainsi a ordonné Moché Rabbénou ! »
Elle lui dit :
« Moché ?? Crois-tu qu’Hachem ordonnerait une chose pareille ??! Que chacun se rase même la barbe ??! Impossible !! Tu es naïf ! »
Elle se moqua de lui.
Elle recommença à d’autres occasions, au point où les choses pénétrèrent dans le cœur de Kora’h, et il commença à remettre en question la fonction de Moché Rabbénou, par haine.
En parallèle, l’épouse de Onn Ben Pélet était une femme Tsaddeket, une femme vertueuse et juste. Elle dit à son époux :
« Ecoute ! Tu sais que tout ce que fait Kora’h, il ne le fait que pour lui-même. Il désire être lui-même le Cohen Gadol ! Réfléchis ! Si Moché est le maître, tu resteras l’élève ! Si Kora’h est le maître, tu resteras encore l’élève ! Qu’as-tu à gagner en t’investissant dans cette révolte ?! Qu’as-tu besoin de t’introduire dans une révolte contre Moché Rabbénou, l’homme de D.ieu ?! »
On répondit à son épouse :
« J’ai juré fidélité à Kora’h ! Je lui ai promis d’aller avec lui jusqu’au bout ! »
Son épouse lui dit :
« Tu as juré ? Pas de problème ! Je te défais de ce serment ! »
Onn dit à son épouse :
« Qu’allons-nous faire ?? »
Elle lui dit :
« Avant tout, mangeons ! »
Elle lui servit un bon repas, et lui donna du vin, jusqu’à ce qu’il s’endorme.
Elle vit qu’il dormait. Elle le plaça dans son lit, enveloppé d’une couverture, et il dormit du sommeil des braves …
Entre-temps, Kora’h – accompagné de Datan et Aviram – se présenta devant Moché Rabbénou, qui leur dit ce qu’il avait à leur dire, quand soudain :
וַתִּפְתַּח הָאָרֶץ אֶת-פִּיהָ, וַתִּבְלַע אֹתָם וְאֶת-בָּתֵּיהֶם, וְאֵת כָּל-הָאָדָם אֲשֶׁר לְקֹרַח, וְאֵת כָּל-הָרְכוּשׁ. (במדבר טז-לב)
La terre ouvrit ses entrailles et les dévora, eux et leurs maisons, et tous les gens de Kora’h, et tous leurs biens. (Bamidar 16-32)
Ensuite, Onn se réveilla, et il demanda autour de lui :
« Que s’est-il passé ?! »
Tout le monde lui répondit :
« Ils ont tous été engloutis vivants, et toi tu as été épargné !! »
Onn se mit à pleurer. Il dit :
« Comment ai-je pu faire une chose pareille ?! Comment ai-pu pu me joindre à Kora’h ?!! »
C’est pour cela qu’il était appelé « Onn », qui vient de la racine « Aninout », et qui signifie « celui qui s’afflige », car il s’affligea toute sa vie pour avoir commis cette terrible faute avec Kora’h.
Nous constatons que l’épouse de Onn a sauvé son mari !
« La sagesse des femmes édifie la maison » !
Mais la femme de Kora’h a entraîné son mari à sa perte !
« La folle la renverse de ses propres mains » !
Au point où selon un avis dans la Guémara, Kora’h et toute son assemblée n’ont pas droit au Monde Futur, comme il est dit :
וַיֵּרְדוּ הֵם וְכָל-אֲשֶׁר לָהֶם, חַיִּים--שְׁאֹלָה; וַתְּכַס עֲלֵיהֶם הָאָרֶץ, וַיֹּאבְדוּ מִתּוֹךְ הַקָּהָל. (שם לג)
Ils descendirent, eux et tous les leurs, vivants dans la tombe; la terre se referma sur eux, et ils disparurent du milieu de l'assemblée. (Ibid.33)
La terre se referma sur eux – dans ce monde ci
Ils disparurent du milieu de l'assemblée – dans le Monde Futur.
Un fait est rapporté dans la Guémara Kiddouchin (31b et Rachi ibid.) :
Rabbi Abhou – un important sage du Talmud – revint un jour de la Maison d’étude en milieu de journée, et il était fatigué. Il demanda à son fils – qui s’appelait Abimi – de lui apporter un verre d’eau.
Abimi s’exécuta et apporta un verre d’eau à son père.
Mais lorsqu’il voulut donner le verre d’eau à son père, il constata que son père s’était endormi.
Il se demanda : « Que faire ?? » Il décida d’attendre avec le verre d’eau à la main, jusqu’au réveil de son père.
Durant ce moment d’attente, Abimi eut le mérite de recevoir un « Flash » !
Un verset des Téhilim s’éclaira dans son esprit :
מִזְמוֹר, לְאָסָף:אֱלֹהִים, בָּאוּ גוֹיִם בְּנַחֲלָתֶךָ-- טִמְּאוּ, אֶת הֵיכַל קָדְשֶׁךָ;שָׂמוּ אֶת-יְרוּשָׁלִַם לְעִיִּים. (תהלים עט-א)
Psaume d’Assaf. O D.ieu, des païens ont envahi ton héritage, souillé ton temple saint, réduit Jérusalem en un monceau de décombres. (Téhilim 79-1)
Abimi s’étonna des termes de ce verset : « Psaume d’Assaf ?? C’est plutôt une lamentation d’Assaf, et non un psaume ! »
Ce dénommé Assaf – qui est l’auteur de ce chapitre des Téhilim – est en réalité un des fils de Kora’h (comme il est dit : « les enfants de Kora’h : Assir, Elkana et Avi-Assaf »), ce dernier est Assaf mentionné dans les Téhilim.
Assaf possédait le Roua’h Ha-Kodech (l’esprit prophétique).
Dans un premier temps, il faisait partie des compagnons de son père Kora’h, mais au dernier instant, lorsque la terre était sur le point d’engloutir Kora’h et son assemblée, les fils de Kora’h supplièrent Hachem et dirent :
« Maître du monde ! Aie pitié de nous ! Moché est vérité, et sa Torah est vérité ! »
Un miracle leur fut réalisé, et à l’intérieur de la fosse, se forma une sorte « d’étagère » sur laquelle ils se posèrent, et ainsi ils furent sauvés.
Après cette événement, Assaf grandit et accéda au niveau du Roua’h Ha-Kodech, mais il s’affligeait car Kora’h était quand même son père, et il avait de la peine pour lui.
La Guémara Bava Batra (74a) raconte au sujet de Rabba Bar Bar ‘Hanna, l’un des grands sages du Talmud (qui se distinguait aussi particulièrement dans le domaine du sens mystique de la Torah).
Un jour, il marchait dans le désert, quand se présenta à lui un homme à l’apparence d’un arabe (selon certains, il s’agissait de Eliyahou Ha-Navi z’’l).
Cet homme lui dit :
« Veux-tu que je te montre l’endroit où a été englouti Kora’h ? »
Rabba Bar Bar ‘Hanna accepta et il se rendit avec l’homme à un endroit du désert d’où sortait de la fumée, et où il régnait une forte chaleur.
C’était le lieu où avait été englouti Kora’h.
Rabba Bar Bar ‘Hanna prêta l’oreille et il entendit des cris qui remontaient depuis la fosse : « Moché est vérité et sa Torah est vérité ! Nous ne sommes que des menteurs ! »
Ainsi, Assaf savait lui aussi ce qui était advenu de son père, qui fut condamné pour l’éternité à un aussi lourd châtiment, et il pensait en son cœur :
« Qui pourrait sauver mon père ?? »
A quoi la chose est-elle comparable ?
A un roi qui avait soif et qui demanda à sa domestique de lui apporter un verre d’eau.
La domestique sortit vers le puit, attacha sa cruche en terre à la corde du puit et la fit descendre dans le puit. Mais la corde se dénoua et la cruche tomba dans le puit.
La domestique s’assis par terre et pleura, car personne ne risquerait sa vie en descendant dans le puit pour aller chercher une simple cruche en terre !
Mais pour elle, cette cruche était très précieuse. Et c’est pourquoi elle pleura.
Le roi – qui attendait son verre d’eau – voyant que la domestique ne revenait pas, demanda à sa propre fille de lui apporter un verre d’eau.
La fille du roi pris sa cruche en or et l’attacha à la corde. Elle la fit descendre dans le puit. Mais la corde se dénoua de nouveau, et la cruche en or tomba au fond du puit.
Lorsque la domestique constata la chose, elle se mit à chanter et à danser de joie !
Tout le monde lui demanda : « Qu’est-ce qui te réjouit à ce point ?! »
La domestique répondit :
« Pour ma simple cruche en terre, personne ne descendra dans le puit, mais à présent, tout le monde se précipitera pour descendre dans le puit afin de récupérer la cruche en or ! Et celui qui récupérera la cruche en or, récupèrera également ma cruche en terre ! C’est pourquoi je suis joyeuse ! »
C’est ainsi que Assaf pensa.
Il se dit : « Qui sauvera mon père ?? Il n’a aucun moyen de réparation à son acte ! »
Mais ensuite, il vit soudain par Roua’h Ha-Kodech que le roi David désirera construire le Temple, mais Hachem ne le laissera pas le construire, car David était un guerrier. C’est pourquoi, David ne construira que les portes du Temple, dans lesquelles il s’investira énormément.
Lorsque les ennemis vinrent pour détruire le Temple, Hachem dit :
« Ces portes sont l’œuvre de mon serviteur David ! Comment puis-je les laisser tomber aux mains de ces impies ?! »
C’est pourquoi, les portes du Temples s’enfoncèrent très profondément dans la terre, comme il est dit :
טָבְעוּ בָאָרֶץ שְׁעָרֶיהָ ... (איכה ב-ט)
Les portes de Tsion se sont enfoncées dans le sol … (E’ha 2-9)
Assaf vit cela et se réjouit dans son cœur. Il se dit :
« A présent, celui qui fera sortir les portes du Temple depuis la terre, et apportera ainsi une grande délivrance au peuple d’Israël par la construction du 3ème Temple dans les temps futurs, fera – de façon certaine – remonter mon père depuis la terre. »
C’est pour cette raison qu’il fit débuter son chapitre de Téhilim par les termes « Psaume d’Assaf », car Assaf ressentit une joie lorsqu’il vit ce qui allait arriver dans les temps futurs.
Tous ces enseignements furent révélés à Abimi, jusqu’au réveil de son père Rabbi Abhou, qui but ensuite le verre d’eau …
Tout homme qui est sur le point de se marier, doit réfléchir et ne pas placer sa priorité sur la beauté physique, car « La grâce est mensonge et la beauté n’est que futilité » ! (Michlé 31-30)
Il doit chercher essentiellement une femme Tsadeket, une femme intelligente, qui le guidera dans le bon chemin.
Il s’agit là d’une grande morale pour l’homme, qui doit voir l’avenir lorsqu’il est sur le point de se marier, et prier Hachem afin qu’il lui envoie une femme vertueuse, qui ne lui causera pas de dommage comme la femme de Kora’h, mais au contraire, une femme qui soit comme celle de Onn Ben Pélet.
Heureux l’homme gratifié par Hachem d’une femme vertueuse, avec laquelle il fondera un foyer de sagesse, un foyer de grandeur !
Qu’Hachem nous donne le mérite d’accomplir Sa volonté de manière conforme à Sa volonté !
Chabbat Chalom !