De nombreuses personnes demandent concernant cette année où le jeûne du 10 Tévet tombe demain vendredi, comment agir vis-à-vis de l’office de Min’ha de la veille de Chabbat ?
L’usage durant l’année
En général, les vendredis, nous avons l’usage de prier l’office de Min’ha à la synagogue environ 30 minutes avant le coucher du soleil (Chki’a), et ensuite nous disons Kabbalat Chabbat, puis nous prions l’office de ‘Arvit.
Lorsque le jeûne tombe un vendredi, certains préfèrent avancer l’horaire de l’office de Min’ha, puis ils rentrent chez eux, et reviennent à la synagogue vers le soir pour Kabbalat Chabbat et pour prier uniquement l’office de ‘Arvit.
Cependant, il faut savoir qu’il n’est pas juste d’agir ainsi, et nous allons en expliquer la raison :
La Birkat Cohanim (bénédiction des Cohanim) à Min’ha
Durant tous les jours de l’année, les Cohanim bénissent le peuple lors de l’office de Cha’harit (matin) pendant la répétition de la ‘Amida par le ‘Hazzan (officiant), mais ne le font pas lors de l’office de Min’ha, car la Birkat Cohanim est comparée au service dans le Temple, et les Cohanim n’étaient pas autorisés à servir dans le Temple s’ils avaient consommé du vin.
C’est pourquoi, nos maîtres ont interdit catégoriquement de dire la Birkat Cohanim lors de l’office de Min’ha, car la plupart des gens (à leur époque) consommaient du vin lors du repas de la mi-journée.
Ceci est la raison pour laquelle il n’y a pas de Birkat Cohanim lors de Min’ha de toute l’année.
Min’ha un jour de jeûne
Il est expliqué dans la Guémara Ta’anit (26b) que de notre époque (c’est-à-dire, dès l’époque du Talmud), les Cohanim ont l’usage de bénir le peuple par la Birkat Cohanim lors de l’office de Min’ha d’un jour de jeûne, car lors des jeûnes les Cohanim – comme le reste du peuple - ne consomment strictement rien, et il n’y a donc aucune crainte qu’ils aient consommé du vin.
Mais la Guémara explique que nos maîtres ont malgré tout décrété de ne pas dire la Birkat Cohanim à Min’ha d’un jour de jeûne (Yom Kippour), par crainte d’en arriver à le faire également un jour qui n’est pas un jour de jeûne.
Ce n’est que lors de l’office de Né’ila de Yom Kippour – qui est réalisé à un moment véritablement proche de la fin de la journée – que nos maîtres ont autorisé les Cohanim à bénir le peuple par la Birkat Cohanim, car cet office n’est pas comparable à l’office de Min’ha de tous les jours.
Cependant, lors des autres jours de jeûne, les Cohanim disent la Birkat Cohanim lors de l’office de Min’ha, car l’office de Min’ha des jours de jeûne était prié en général (à leur époque) à un moment véritablement proche du coucher du soleil, et dans de telles conditions on ne peut pas comparer cet office de Min’ha à celui qu’ils priaient les autres jours de l’année (les autres jours de l’année, ils priaient Min’ha apparemment un peu plus tôt), comme la Guémara le précise dans ses propres termes : « puisque les Cohanim bénissent le peuple proche du coucher du soleil, cela ressemble à l’office de Né’ila. » Ce qui signifie que puisque le jour d’un jeûne on prie l’office de Min’ha à un moment proche du coucher du soleil, et c’est à ce moment que les Cohanim bénissent le peuple, cela ressemble plutôt à la Birkat Cohanim que nous faisons lors de l’office de Né’ila.
Nous apprenons donc que lorsqu’une assemblée prie l’office de Min’ha le jour d’un jeûne à une heure avancée, les Cohanim ne sont pas autorisés dans ce cas à dire la Birkat Cohanim.
De même, lorsque le jeûne tombe un vendredi, si l’on fixe l’horaire de l’office de Min’ha à une heure avancée, les Cohanim ne pourront pas dire la Birkat Cohanim.
Ce n’est que lorsqu’on fixe l’horaire de l’office de Min’ha à l’heure habituelle – proche du coucher du soleil – que les Cohanim pourront dans ce cas dire la Birkat Cohanim, et bénir le peuple avec amour.
La règle dans la pratique
Par conséquent, le plus juste est de fixer l’horaire de l’office de Min’ha du vendredi jour du jeûne, à un moment proche du coucher du soleil (pas plus de 40 minutes avant le coucher du soleil), afin que les Cohanim puissent bénir et que le peuple puisse se faire bénir.
C’est ainsi que tranche notre maître le Rav z.ts.l dans son livre ‘Hazon Ovadia-Arba’ Ta’aniyot (pas 93).
Cependant, malgré tout ce que nous avons écrit, lorsque le jeûne du 10 Tévet tombe un vendredi, l’usage répandu à Jérusalem est de prier Min’ha à une heure avancée, par respect vis-à-vis du Chabbat. Notre maître le Rav z.ts.l cite cet usage dans son livre (Ibid. page 103). Mais pour les autres jours de jeûnes, il est juste de prier Min’ha en fin d’après-midi, afin de pouvoir procéder à la Birkat Cohanim.
Mais ce n’est pas une condition invalidante.
Chaque communauté suivra son usage.
Qu’Hachem nous transforme tous ces jours en jours d’allégresse et de joie, et que nous voyons rapidement la délivrance d’Israël par la rédemption finale et totale, rapidement et de nos jours, Amen.