Question: Il y a environ une semaine, mon beau-frère – avec qui nous n’avons pas réellement de relation – est venu nous rendre visite. Il s’agit d’un homme simple, ignorant en Torah, et il ne connait pas une seule règle de Torah. C’est pourquoi, j’ai refusé de m’attabler avec lui lors du repas, et il en a été très vexé.
Mon épouse a elle aussi été très en colère contre moi.
Quel comportement était justifié, le mien ou le leur?
Réponse: Il est enseigné dans la Guémara Sanhédrin (23b):
« Tel était l’attitude des gens propres d’esprit de Jérusalem (les sages d’Israël):
Ils ne signaient pas un contrat (en tant que témoins) avant de savoir qui signait avec eux ; ils n’acceptaient pas de siéger en jugement avant de savoir qui siégeait avec eux ; ils ne s’attablaient pas à un repas avant de savoir qui s’attablait avec eux. »
Cela signifie que les gens propres d’esprit de Jérusalem ne s’attablaient pas à un repas avec un ignorant, une personne vide de Torah et de bonnes actions.
Il est expliqué dans les propos de nos maitres les décisionnaires des derniers siècles (A’haronim) que même s’il s’agissait d’un repas de Mitsva, ils ne s’attablaient pas avec un homme ignorant, car c’est une humiliation pour un érudit en Torah (Talmid ‘Ha’ham) de s’attabler à un repas avec un ignorant.
C’est ainsi que tranche MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.170).
Dans son livre ‘Hibour Ha-Téchouva (Méchiv Néfech discours 1 chap.5), notre maitre le Méïri (13ème et 14ème siècle) explique que le lien avec des gens mécréants et dédaigneux est une diminution de la personne, comme il est dit: « Ne sois point parmi les buveurs de vin, parmi les amis de la bonne chère » (Michlé 23-20).
C’est pour cette raison que les gens propres d’esprit avaient la vigilance de ne pas s’attabler à un repas avec des gens à l’esprit restreint, et nous apprenons de là que la vigilance à ne pas marcher dans les voies des gens à l’esprit restreint, s’appelle la « propreté d’esprit ».
Cependant, il semble que les propos de la Guémara et des décisionnaires s’adressent à des gens dont la personnalité est réellement et significativement diminuée, comme les personnes qui passent leur temps à dire des propos mauvais, et dont les vies sont tout simplement vides du moindre désir d’élever leur esprit.
Mais des gens qui sont simplement ignorants en Torah, mais qui sont de bonnes personnes, qui – au contraire – désirent siéger en présence d’un Talmid ‘Ha’ham (érudit dans la Torah), afin d’entendre de sa bouche de la Torah et de la morale, et ne dédaignent aucunement la Torah, il n’a pas été dit sur de telles personnes qu’il ne faut pas s’attabler avec elles à un repas.
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l – qui était quelqu’un de particulièrement propre d’esprit – a accueilli à sa table de nombreuses fois des gens simples, qui étaient véritablement ignorants en Torah, qui n’observaient même pas les Mitsvot, et il ne les a pas éloignés, mais au contraire, il les a rapprochés par des liens d’amour, et leur a fait entendre des paroles de Torah et de morale adaptées à leurs oreilles, afin qu’elles leur soient agréables et qu’elles leur soient utiles.
Le Gaon auteur du livre ‘Hessed LaAlafim (parag.13) écrit qu’un homme sage (en Torah) doit agir avec sagesse, car même s’il est humiliant de s’attabler avec un ignorant, il est davantage humiliant de dévoiler et de montrer que nous éloignons les ignorants. Tout dépend de qui s’attable au repas. S’il s’agit de bonnes personnes, qui désirent entendre la Torah et la morale, qui ne se moquent pas des paroles de la Torah, dans un tel cas il est même une Mitsva de s’attabler avec elles et d’orienter les discussions vers des propos de sagesse et de morale. Ainsi, on en sort méritant et on a fait gagner des mérites aux autres. Sur une telle table il est dit:
« Cette table est celle qui se trouve devant Hachem ».
Il ajoute encore que s’il s’agit de gens déprimés, qui sont fiers de s’attabler à un repas avec un Talmid ‘Ha’ham, il est préférable de façon certaine de s’attabler avec eux plutôt que de s’attabler avec d’autres Talmidé ‘Ha’hamim, et cela sera considéré comme une grande Mitsva, de faire revivre le cœur des déprimés, car lorsqu’ils sortiront ensuite de ce repas, ils diront à tous:
« Nous avons eu le mérite de nous attabler avec tel ‘Ha’ham! ».
Par conséquent, pour répondre à la question, vous ne vous êtes malheureusement pas comporté correctement, vous devez aller vous excuser auprès de votre beau-frère et de votre épouse, et vous devez corriger les choses dans l’avenir.