Il est dit dans la Méguila :
« Haman dit au roi A’hachvéroch : Il existe un peuple éparpillé et désuni parmi les peuples de tout ton royaume. Leurs lois diffèrent de celles de tout peuple, et ils n’accomplissent pas les lois du roi, il n’est donc pas bénéfique au roi de les maintenir. »
Nos maitres expliquent qu’en disant « Leurs lois diffèrent de celles de tout peuple », et « ils n’accomplissent pas les lois du roi », Haman voulut dire de la médisance sur Israël, il était particulièrement en colère vis-à-vis des fêtes d’Israël, et il dit ainsi au roi A’hachvéroch : « Ces juifs perdent leur temps durant toute l’année ! Ils disent : aujourd’hui c’est Chabbat ; aujourd’hui c’est Péssa’h, etc … »
Nous devons comprendre pourquoi parmi toutes les fêtes c’est exclusivement la fête de Péssa’h qui irrita Haman ?
Notre maitre le Rav z.ts.l expliqua de façon détendue que les « lois du rois » relayées par la Méguila sont au nombre de deux :
« … que chaque homme gouverne au sein de son foyer, et qu’il parle la langue de son peuple ».
Cela signifie que les époux doivent être les maitres dans leurs foyers, et les épouses doivent être considérées comme des servantes.
De même, les femmes doivent impérativement apprendre la langue de leurs époux.
En parallèle, deux lois sont tranchées dans le Choul’han ‘Arou’h dans les Halachot relatives à Péssa’h, et ces deux lois « contredisent » les lois de A’hachvéroch :
En parallèle à la loi selon laquelle « chaque homme gouverne au sein de son foyer », il est tranché que les femmes sont importantes et elles doivent elles aussi s’accouder le soir du Séder.
En parallèle à la loi selon laquelle chaque époux doit « parler la langue de son peuple », le RI (Rabbénou Its’hak) de Londres (un des Tossafistes) a instauré de lire la Haggada dans la langue parlée dans chaque pays, car les femmes ne comprenaient pas forcément l’hébreu.
Les juifs n’accomplissent donc pas « les lois du roi, et il n’est donc pas bénéfique au roi de les maintenir » ……
C’est pour cela que Haman choisit exclusivement la fête de Péssa’h comme argument devant le roi, car dans les règles relatives à cette fête il est expliqué comment - selon la loi des juifs – on doit se comporter envers les femmes …
Nos maitres ordonnent : « L’homme doit boire (du vin) à Pourim », c'est-à-dire boire du vin pour devenir gai le jour de Pourim.
Pourtant, la faute d’Israël provient du fait qu’ils ont participé au festin de A’hachvéroch, comment pouvons-nous revenir à cette situation pour rappeler le miracle ?
En réalité, telle est la façon d’agir du Maitre du monde, il frappe avec la lame et guérit avec la lame.
Yossef a commencé à subir les persécutions de ses frères à cause des rêves, et au final, il fut délivré de la prison grâce au rêve de Pharaon.
Il en est de même pour la faute du Lachon Ha-Ra’, la réparation à cette faute se fait grâce à l’étude de la Torah, qui se fait avec la bouche exclusivement.
De même pour Adam Ha-Richon, il fauta en consommant le fruit de l’arbre de la connaissance qui était une figue (selon un avis dans la Guémara), et Hachem lui confectionna des vêtements avec des feuilles de figuier.
En particulier concernant le festin de A’hachvéroch, car le Midrach enseigne :
Rabbi Eybo dit : L’expiation d’Israël est quand lorsqu’ils boivent et se réjouissent, ils récitent des bénédictions et glorifient Hachem, alors que les autres nations, lorsqu’ils boivent et se réjouissent, ils prononcent des propos vulgaires et humiliants : « ceux là disent : les femmes de Madaï (Mède) sont les plus belles ! Ceux là disent : les femmes de Perse sont les plus belles ! »
Lors du festin de A’hachvéroch, Mordé’haï surveillait ce qu’il s’y passait, comme il est dit : « afin d’accomplir la volonté de cet homme et de cet homme », « cet homme » c’est Haman, « et cet homme » c’est Mordé’haï.
Or, Mordé’haï veillait à ce qu’ils récitent Birkat Ha-Mazon (selon une opinion, Mordé’haï veilla à ce qu’Israël ne consomme que des céréales et du pain, et ne boivent que de la bière) et qu’ils prononcent des propos d’éloge envers Hachem, et ceci constitua réellement un autel d’expiation pour Israël, lorsque toutes les armées du ciel constatèrent la différence notoire entre Israël et les nations, « et du fort sortit le doux ».
C’est ce que veut dire Rabbi Eybo, que l’expiation d’Israël réside dans ce point, que le peuple d’Israël exprime sa reconnaissance envers Hachem, alors que les autres prononcent des propos de débauche.
Ainsi, Hachem juge Israël en comparaison aux nations du monde, et c’est pourquoi, en souvenir du miracle, il nous convient d’augmenter le festin et la joie à Pourim, en souvenir des miracles qu’Hachem nous a fait, et qu’Il nous fera encore, lors de la rédemption totale, par la venue de Machia’h, rapidement et de nos jours, Amen.