Question : Est-il exact que si l’on fait un rêve terrifiant un vendredi soir, on doit jeûner le lendemain, jour de Chabbat ?
Réponse : Nos maitres enseignent dans la Guémara Béra’hott (55b) que si l’on fait un mauvais rêve perturbant, on doit le positiver verbalement devant 3 personnes de ses amis, en disant devant eux : « J’ai fait un bon rêve ».
Et ils lui répondront 3 fois : « Tu as fait un bon rêve. Il est bon et il sera bon. Hachem le considèrera bon. Que soit décrété 7 fois depuis le Ciel qu’il soit bon, et il sera bon. ».
Ils lui diront également les autres versets cités dans la Guémara (certains Siddourim contiennent l’ordre exact de la formule pour positiver les rêves, « Hatavatt ‘Halom »).
Le jour suivant le rêve, la personne devra observer un jour de jeûne volontaire.
Il est expliqué dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.288) qu’il est même permis de jeûner le jour de Chabbat afin de positiver un rêve fait dans la nuit de vendredi-soir, car dans ce cas, le jeûne représente le véritable plaisir de la personne qui a fait un mauvais rêve.
Par la suite, la personne devra observer un autre jour de jeûne dans la semaine, afin d’expier le fait qu’elle a jeûné pendant Chabbat.
Cependant, Rav ‘Amram GAON (il y a environ 1000 ans) et Rabbénou Kélonimoss (moyen-âge) écrivent que de notre époque, il ne faut pas observer de jeûne le jour de Chabbat pour positiver un rêve, car nous ne sommes pas experts dans l’explication des rêves pour déterminer lequel est un mauvais rêve et lequel est bon.
Leurs propos sont cités par le TOUR.
Mais MARAN ne les rapporte pas dans le Choul’han ‘Arou’h.
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l cite dans son livre ‘Hazon Ovadia-Béra’hot (page 384), les propos du Gaon et ‘Hassid Rabbi Eliyahou Ha-COHEN (auteur du Chévet Moussar entre autres. Turquie 17ème et 18ème siècle) dans son livre Agadat Eliyahou [selon certaines versions « Igueret Eliyhaou »] (chap.4 de Ma’asser Chéni) où il écrit :
« Même si nos maitres ont autorisé de jeûner pendant Chabbat pour positiver un mauvais rêve, il me semble que ceci n’était valable que de leur époque où ils étaient experts dans l’explication des rêves. Ce qui n’est plus le cas de notre époque. Certains rêves semblent mauvais alors qu’ils sont bons. C’est pourquoi, lorsqu’on vient me consulter pour savoir si l’on doit ou non jeûner pendant Chabbat pour positiver un rêve, j’indique de ne pas jeûner, mais au contraire, se délecter des aliments et des boissons, à la condition de ne prononcer pendant Chabbat que des paroles de Torah (jeûne de la parole), et il est bon dans ce cas de lire intégralement le livre des Téhilim, et le lendemain, donner de la Tsédaka aux nécessiteux selon ses capacités. » Fin de citation.
Le Gaon auteur du Lévouch écrit dans son livre Lévouch Ha-Ora (Vayéchev) que tout le monde sait qu’une grande majorité des rêves sont des futilités et des mensonges, il n’y a pas - ne serait-ce qu’une seule chose de vrai.
Notre maitre le ‘HYDA écrit dans son livre Dévach Léfi (sect. 3) :
« J’ai appris d’un grand homme - qui ne prêtait aucune attention aux rêves – qu’un Talmid ‘Ha’ham (un érudit dans la Torah) avait l’usage d’observer régulièrement des jeûnes pendant Chabbat pour positiver des rêves. Un Chabbat, cet érudit vint consulter ce grand homme et celui-ci lui dit de ne pas jeûner, et à partir de ce jour il ne rêva plus. » Fin de citation.
(Le livre Min’hatt Yéhouda atteste qu’il existe des Chédim – des êtres spirituels abstraits et nuisibles – qui affolent l’homme par le rêve, et si l’homme craint le rêve, ils s’en réjouissent et continuent à le faire souffrir).
Le livre Pélé Yo’ets (section « ‘Halom ») atteste lui aussi qu’il est préférable de ne pas prendre en considération les rêves, de ne pas en avoir peur, et de ne les raconter à qui que ce soit, car en général, les rêves ne parlent que de choses futiles, en particulier de notre époque ou il n’y a (quasiment) pas d’homme d’un tel niveau spirituel au point où l’on va lui dévoiler l’avenir à travers des rêves.
Ce n’est que la force de l’imaginaire qui agit et cause à la personne d’avoir des pensées.
Effectivement, les choses sont en général ainsi, mais il n’y a pas réellement de règle totale sur ce sujet. Il faut donc traiter chaque cas indépendamment.
Cependant, concernant le cœur de la question – où il s’agit d’un rêve « terrifiant », certains rêves ne contiennent absolument aucun sens, mais uniquement une grande peur, et c’est ce que l’on appelle un « cauchemar », et selon la Guémara (Yoma 22a), il s’agit là d’une catégorie de rêves complètement différente, qui n’a pas réellement de conséquence sur l’avenir, à fortiori de notre époque, comme expliqué plus haut.