Hier, nous avons mentionné l’unique objectif de l’homme : s’adonner à l’étude de la Torah et à la pratique des Mitsvot, « Lichma » (de façon désintéressée).
Dans toute chose que l’on entreprend, on doit prêter attention au fait que ce n’est pas la pensée qui valide les actes.
Cela signifie que l’homme ne peut pas marcher selon son cœur, en disant :
« Là, je ressens que je suis en train d’accomplir une grande Mitsva, et ma pensée est véritablement bonne », et galoper ainsi - comme un cheval à la guerre – vers son but.
L’homme doit prêter attention à son entourage, il doit consulter de véritables Talmidé ‘Ha’hamim (érudits dans la Torah) afin de définir s’il agit effectivement de manière correcte, car nous avons un Choul’han ‘Arou’h, le seul code de lois de référence du peuple juif, sans lequel personne ne peut faire le moindre mouvement !
Il est dit dans la Torah au sujet de Tamar, la belle fille de Yéhouda :
Yéhouda répondit : « Emmenez la et qu'elle soit brûlée ! » Comme on l'emmenait, elle envoya dire à son beau père : « Je suis enceinte du fait de l'homme à qui ces choses appartiennent. » Et elle dit : « Examine, je te prie, à qui appartiennent ce sceau, ces cordons (Tsitsit) et ce bâton. » Yéhouda les reconnut et dit : « Elle est plus juste que moi … »
On ne peut décrire la grandeur du sacrifice de soi dont a fait preuve Tamar en ne faisant pas honte à autrui. Elle savait à quel point elle avait raison, et malgré tout, puisqu’en dévoilant son secret elle aurait causé une honte à Yéhouda, elle préféra se faire brûler !
Ce fait au sujet de Tamar et de Yéhouda apparait dans la Torah au milieu de l’histoire de Yossef en Egypte.
Rachi explique : Le texte s’est interrompu (de l’histoire de Yossef), afin d’enchainer l’histoire de la femme de Potifar à celle de Tamar, pour indiquer que l’une comme l’autre avaient une intention dirigée vers le Ciel.
Cela signifie qu’au même titre que Tamar avait une intention pure, ainsi la femme de Potifar avait une intention pure, car elle avait consulté les astres et avait compris qu’elle serait amenée dans l’avenir à avoir des enfants de Yossef, et c’est pour cela qu’elle fit autant d’efforts pour qu’il soit avec elle.
Ces deux femmes ont une intention dirigée vers Hachem, puisque Tamar savait qu’elle devait avoir des enfants de Yéhouda, et la femme de Potifar savait qu’elle devait avoir des enfants de Yossef. Quelle est donc la différence entre les deux ?
Le Gaon auteur du Lev Eliyahou (Rabbi Eliyahou LOPIAN z.ts.l. Pologne, Angleterre et Israël, il y a plus de 50 ans) explique que la femme de Potifar ne savait pas précisément de quelle façon elle devait avoir des enfants de Yossef. Est-ce par elle-même ou par sa fille (Asnatt, qui fut par la suite l’épouse de Yossef) ? Pourquoi la femme de Potifar a-t-elle donc « décidé » qu’elle serait elle-même celle qui sera la femme de Yossef ?
Parce qu’elle désirait l’être !
Le sentiment humain de « j’ai envie qu’il en soit ainsi » est venu se mélanger au « Léchem Chamaïm » !
Ce qui n’est pas le cas de Tamar dont le « Léchem Chamaïm » est resté totalement propre !
Le Gaon auteur du « Or Yahel » (Rabbi Yéhouda Leïb ‘HASMAN, Biélorussie-Israël, il y a plus de 100 ans) ajoute que nous pouvons discerner explicitement la différence entre Tamar et la femme de Potifar.
En effet, Tamar, même si elle avait une intention dirigée vers Hachem, au moment où tous ses rêves étaient sur le point d’être engloutis, lorsqu’on l’a condamnée à être brûlée - « Emmenez la et qu'elle soit brûlée ! » - elle, ainsi que ses deux enfants dans son ventre, étaient sur le point de mourir, elle sait que le Machia’h doit sortir d’elle, quelques instants avant que tous ses projets soient annulés, elle décide de se taire, car « il est préférable de se jeter dans une fournaise et ne pas humilier son prochain en public » ! Même si elle a raison !
Alors que la femme de Potifar a agi de façon complètement inverse.
Lorsqu’elle voit que Yossef n’approuve pas son « Léchem Chamaïm », lorsque son projet ne réussit pas, que fait-elle ?
Elle persécute Yossef, elle le fait souffrir par des moyens les plus terribles, en l’humiliant par des mensonges inimaginables.
Voici donc la différence !
Que t’arrive-t-il lorsque quelqu’un n’est pas d’accord avec ta définition du « Léchem Chamaïm » ? …
(Extrait d’une Dracha du Gaon Rabbi Chalom CHWADRON z.ts.l, « Léhaguid » page 282)