Question : Lorsque quelqu’un me bénit – par exemple en me souhaitant une bonne santé (« Tihyé Bari ») – dois-je répondre « Amen » ?
Réponse : Le Gaon auteur du Michna Béroura écrit (chap.215 note 9) au nom du Midrach que lorsqu’on entend un homme prier pour quelque chose, ou qu’il bénit un juif, on est tenu de répondre « Amen ». C’est pour cela que s’est répandu l’usage de répondre « Amen » lors des « Hara’haman » à la fin du Birkat Ha-Mazon.
Cela signifie que même lorsqu’il ne s’agit pas d’une véritable bénédiction instaurée par nos maitres, et même si le Nom d’Hachem n’est absolument pas mentionnée dans cette prière ou cette bénédiction adressée à quelqu’un, malgré tout, il est juste de répondre « Amen » après cette prière ou cette bénédiction adressée.
Il ressort des propos du Midrach cité qu’il y a là une véritable obligation.
C’est ainsi qu’écrivent plusieurs décisionnaires des siècles derniers.
Cependant, le Gaon Natsi’’v (Rabbi Naftali Tsévi Yéhouda BERLIN, Pologne 19ème siècle) écrit qu’il n’y a pas de véritable obligation, mais seulement un bon comportement, car par le fait de dire « Amen », on renforce les choses afin qu’elles se réalisent, comme l’écrit Rachi (Chévou’ott 36a).
Telle est également l’opinion de notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l dans Chou’t Yé’havé Da’at (vol.3 chap.9).
Mais il faut ajouter que notre maitre le Rav z.ts.l était pointilleux sur ce point, car lorsqu’on le bénissait en lui souhaitant « Réfoua Chéléma » (une totale guérison), ou qu’aucun incident ne soit conséquent à ses actes ou autre, il répondait « Amen ». Même lorsqu’une personne simple le bénissait, il répondait « Amen ».
Même lorsqu’il bénissait lui-même ses petits-enfants, il attendait que l’on réponde « Amen », et lorsqu’on ne répondait pas, il faisait parfois la remarque.
Il est rapporté dans la Guémara Kétoubott (65a) :
Rabbi Yo’hanan dit : Un jour, la belle-fille de Nakdimon Ben Gourion – qui était veuve et dont le mari était décédé sans laisser d’enfants – se rendit au Beit Din afin qu’on lui octroie une subsistance matérielle à partir de l’argent laissé par son défunt mari. Le Beit Din lui octroya une forte somme d’argent, puisqu’elle était une femme importante et riche, et de ce fait, il fallait lui octroyer de manière approprié à son statut.
Elle dit aux sages qui siégeaient au Beit Din :
« Qu’il en soit la volonté d’Hachem, que vous octroyez autant à vos filles ! »
Mais les sages ne répondirent pas « Amen » à sa bénédiction.
La Guémara en explique la raison.
En effet, cette femme était veuve, et son mari était décédé sans laisser d’enfants (dans cette situation, la veuve a le statut de « Chomrett Yabam » ou « tributaire de la décision du Yabam », qui est le frère de son défunt mari, qui décidera si oui ou non il accepte de l’épouser afin d’établir une descendance au défunt), et c’est pour cette raison qu’ils ne voulurent pas répondre « Amen » à sa bénédiction, car ses propos contenaient aussi un aspect de malédiction.
Quoi qu’il en soit, le fait que la Guémara s’étend longuement pour expliquer la raison pour laquelle les sages ne répondirent pas « Amen » à sa bénédiction, indique qu’il faut répondre « Amen » après une bénédiction souhaitée et adressée par quelqu’un.
De même, la Guémara rapporte encore (ibid.66b) que lorsque la fille de Nakdimon Ben Gourion était encore mariée, elle se rendit avec son époux au Beit Din afin de demander quelle somme d’argent son mari devait lui accorder pour ses frais de parfum, et le Beit Din ordonna la somme de 400 pièces d’argent. Elle leur répondit :
« Qu’il en soit la volonté d’Hachem, que vous ordonnez autant pour vos filles ! », et ils répondirent « Amen » après elle.
Les Tossafott expliquent que dans ce cas, les sages du Beit Din répondirent « Amen » après sa bénédiction, car cette femme était mariée, et il était donc approprié de répondre « Amen » puisque sa bénédiction était entièrement constituée de bien.
Nous apprenons de tout ceci à quel point est mauvais l’usage répandu dans plusieurs synagogues où l’assemblée ne porte aucune attention aux bénédictions adressées par l’officient sous la formule de « Mi Chébéra’h » aux personnes qui montent à la Torah, ou pour des personnes malades, ou aux bénédictions adressées par le Rav à certaines personnes lors de l’ouverture du Hé’hal, et ceci constitue un très grand manque, car toute l’importance du « Mi Chébéra’h » se trouve justement dans la force de l’assemblée, qui répond « Amen » dans un moment solennel, et par le mérite de la sainte Torah nous espérons que les prières soient acceptées.
Mais si l’assemblée ne prête aucune attention et ne répond pas « Amen », ils perdent l’essentiel de la valeur de cette précieuse bénédiction.
Il est rapporté au nom du Gaon Rabbi Chélomo Zalman OYERBACH z.ts.l qu’il y a une obligation de répondre « Amen » à un « Mi Chébéra’h » du point de vue du devoir de « Véahavta Léréa’ha Kamo’ha » (aimer son prochain comme soi-même).