Extrait des propos de notre maitre le Rav z.ts.l, prononcés un soir de Yom Kipour à la synagogue Hazon Ovadia dans le quartier de Ré’havya à Jérusalem:
On rapporte au nom d’un grand Rav qui commenta les termes d’une Michna:
« Avez-vous prélevé le Ma’asser (en Erets Israël, la dîme sur les fruits avant Chabbat)? Avez-vous établi le ‘Erouv (avant Chabbat pour transporter des objets d’un domaine à l’autre pendant Chabbat)? Allumez les Nérot! »
Le « Ma’asser » est ici une allusion aux 10 Jours de Pénitence qui se sont écoulés ; le « ‘Erouv » est ici une allusion à la veille de Yom Kipour (« ‘Erev » Kipour) qui s’est écoulée, par conséquent il faut à présent allumer le Ner (la lumière)!
Le Ner d’Hachem c’est l’âme de l’homme! Comme il est rapporté au nom de l’auteur du Toledot Yaakov Yossef: un cordonnier était assis à une heure tardive pendant la nuit dans son atelier et réparait des chaussures. Des passants lui dirent: « Il est très tard! Que fais-tu encore dans ton atelier?! » Il leur répondit: « Tant que la lanterne éclaire encore, on peut tout réparer! » Le Rav dit: « J’en ai retiré une grande morale, car tant que la lumière d’Hachem – qui est l’âme de l’homme – éclaire encore en nous, on peut encore réparer nos actes, car le repentir et les bonnes actions sont de véritables boucliers contre les malheurs! »
Nos maitres enseignent (Béra’hot 32b):
Depuis la destruction du Temple, une paroi séparatrice de fer s’est élevée entre Israël et leur Père qui est aux Cieux, comme il est dit: « Même si j’implore et je prie, Il rejette ma prière ».
Malgré tout, « les portes des larmes ne se sont jamais refermées ».
C’est pourquoi, le Roi David dit: « Hachem! Ecoute ma prière! Tend l’oreille à ma requête! Ne reste pas sourd à mes larmes! »
Cela signifie que le Roi David demande à Hachem d’écouter sa prière, d’entendre sa requête, mais il demande aussi de ne pas se dérober à ses larmes. Il ne demande pas qu’Hachem « voit » ses larmes, car le Roi David savait qu’Hachem voit toujours les larmes, en particulier les larmes qu’un homme verse au moment de la Né’ila, moment où Hachem juge seul ses enfants, et c’est un moment propice pour déverser ses demandes devant Hachem en pleurant et en suppliant. C’est alors qu’Hachem lui pardonne toutes ses fautes, même les plus graves. (Si l’on n’arrive pas à pleurer, on doit demander au moins avec une voix de supplication).
On raconte au sujet de Rabbi Sim’ha Boïnem, le disciple du ‘Hozé de Louvlin:
Dans sa jeunesse, Rabbi Sim’ha était un important commerçant. Il ouvrait son magasin seulement quelques heures dans la journée, et le reste du temps il étudiait la Torah. Il obtint une telle réussite qu’il devint un homme très riche.
Une année, la veille de Roch Ha-Chana, il alla rendre visite à son maitre le ‘Hozé de Louvlin afin de recevoir une bénédiction pour la nouvelle année.
Son maitre lui dit: « Je crains de ne pas être porteur de bonnes nouvelles pour toi aujourd’hui, car cette année, toute ta fortune va s’effondrer, et tu vas en arriver à manger seulement du pain. »
Rabbi Sim’ha sorti de chez son maitre complètement brisé.
A Yom Kipour, lorsque Rabbi Sim’ha monta à la Téva pour officier comme ‘Hazzan, il commença s’imaginer le moment où toute sa richesse allait disparaître et il éclata en sanglots. Durant toutes les prières de Yom Kipour, il déversa de très grosses larmes, au point où toute l’assemblée pleura avec lui.
Dès le lendemain de Yom Kipour, il ferma définitivement son magasin, et alla se présenter auprès d’une riche commerçante du nom de Tamar qui possédait un grand magasin. Elle le nomma directeur de son magasin.
Au bout d’un mois, Rabbi Sim’ha constata que la réussite lui souriait et que l’affaire fleurissait. Il alla trouver sa patronne et lui réclama 10% de tous les futurs bénéfices.
Etant convaincue que la réussite provenait du fait que Rabbi Sim’ha était un grand Tsaddik, la patronne accepta la demande.
Un mois plus tard, Rabbi Sim’ha demanda 20%, et sa patronne accepta de nouveau.
La réussite était au-delà de ce qu’ils espéraient.
Lorsqu’arriva Roch ‘Hodech Chévat, Rabbi Sim’ha lui dit: « Chalom, Béra’ha Tova (initiales en hébreu du mot Chévat)! Je retourne à mon propre commerce! »
Il rouvrit son magasin et il connu de nouveau la réussite et la richesse.
Lorsqu’il arriva la veille de Péssa’h chez son maitre le ‘Hozé de Louvlin, son maitre lui dit immédiatement: « Saches que tout ce que je t’avais prédit était vrai et authentique! Mais je n’avais pas parlé des larmes que tu as versées à Yom Kipour! Par tes larmes, tu as fendu les cieux et le décret fut annulé! »
De même, il est expliqué dans le Zohar Ha-Kadoch (Vay’hi) que les larmes ont la force d’annuler tous les décrets. Nous l’apprenons de Léah, sur qui avait été décrété qu’elle devait se marier avec ‘Essav l’impie. Mais elle pria avec de telles larmes qu’elle eut finalement le mérite d’être l’épouse de Ya’akov Avinou, et elle ne fut pas donnée à ‘Essav.
Notre maitre le Rav z.ts.l ajouta:
Il ne s’agit pas de pleurer (seulement) pour qu’il obtienne sa subsistance, car cela est comparable à un enfant qui pleure pour qu’on lui donne un bonbon ou un chocolat.
Les pleures doivent être sur les mauvaises actions, car tous les malheurs qui s’abattent sur un homme ne sont provoqués que par ses mauvaises actions, comme l’enseignent nos maitres dans la Guémara Kiddouchin (82a): « J’ai détérioré mes actions et j’ai été privé de ma subsistance ».
Par le réveil au repentir et les larmes sincères, la sentence est annulée et déchirée. La rigueur fait place à la miséricorde, et l’on sort acquitté du jugement, car là où les repentants se tiennent, même de véritables justes ne peuvent pas se tenir.
(Maor Israël page 70).
Puisse Hachem entendre nos prières, et que nous ayons le mérite d’être inscrits et scellés pour la vie et la paix!
Tizkou Léchanim Rabbot, Ha-Banim Véhaavot!