Question : Est-il permis de flatter une personne qui n’observe pas la Torah et les Mitsvot ?
Réponse : Une anecdote est rapportée dans la Guémara Nédarim (22a) :
Un sage du Talmud du nom de ‘Oula émigra de Babylone en Erets Israël, accompagné de deux individus. Durant le voyage, les deux individus se disputèrent, et l’un d’eux tua l’autre. Le meurtrier demanda à ‘Oula :
« Ais-je bien agis ? »
‘Oula lui répondit :
« Oui ».
Lorsque ‘Oula arriva en Erets Israël, il se rendit chez Rabbi Yo’hanan, lui raconta ce qui lui était arrivé et lui demanda :
« Ais-je soutenu les fauteurs en répondant ainsi ? »
Rabbi Yo’hanan lui répondit :
« Tu as sauvé ta vie ! »
Cela signifie que puisqu’il y avait un risque que le meurtrier tue également ‘Oula, il eut donc raison de lui montrer en apparence qu’il approuvait son acte.
Nous apprenons de là que lorsqu’il ne s’agit pas d’une situation de danger, il est interdit de flatter les impies. Par exemple, lorsqu’une personne faute et entraîne les autres à fauter, mais qu’elle soutient financièrement les Yéchivot, il est interdit aux dirigeants de ces Yéchivot de lui dire : « Tu es quelqu’un de bien, et tous tes actes sont de qualités », car même s’il est permis de glorifier son acte de Tsédaka, il reste interdit de flatter de manière générale une telle personne comme s’il s’agissait d’un Tsaddik.
Nos maîtres débattent dans la Guémara Sotta (41b) s’il est permis ou non de flatter les impies. Selon Rabbi Chim’on Ben Pazi il est permis de le faire dans ce monde-ci, et il cite des preuves à ses propos. Mais selon Rabbi Lévy et la majorité des sages du Talmud cités sur place dans la Guémara, il est interdit de flatter les impies.
L’interdit de flatter les impies est si grave que nos maîtres enseignent dans la Guémara :
« 4 catégories de personnes n’ont pas le mérite de recevoir la Ché’hina (présence Divine) : les flatteurs ; le menteurs ; les médisants ; et les railleurs. »
Il est encore enseigné dans la Guémara Sotta que celui qui flatte l’impie, se verra attribué le verset :
אֹמֵר, לְרָשָׁע--צַדִּיק אָתָּה: יִקְּבֻהוּ עַמִּים; יִזְעָמוּהוּ לְאֻמִּים. (משלי כד-כד)
S’il dit à l’impie : tu es un homme juste. Les peuples le maudiront, les nations s’irriteront contre lui. (Michlé 24-24)
Cela signifie que celui qui flatte l’impie sera maudit.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l rapporte dans son livre ’Anaf ‘Ets Avot (page 192) qu’il est malgré tout une Mitsva de réprimander les impies avec douceur et tact, et il n’est ni nécessaire ni utile de protester contre eux avec dureté.
Notre maître le Rav z.ts.l explique cela à travers la suite des versets dans Michlé.
En effet, immédiatement après notre verset « S’il dit à l’impie : « tu es un homme juste. Les peuples le maudiront, les nations s’irriteront contre lui. » cité plus haut, le texte dit :
וְלַמּוֹכִיחִים יִנְעָם; וַעֲלֵיהֶם, תָּבוֹא בִרְכַּת-טוֹב. (שם כה)
Ceux qui réprimandent, agiront avec bienveillance, et il recevront la bénédiction et le bien. (Ibid.25)
Le Gaon Rabbi Chélomo ELGAZI z.ts.l explique dans son livre Mé’oulefett Sapirim que les versets s’enchaînent afin de nous apprendre que même s’il est interdit de flatter les impies, malgré tout si on les flatte pour les rapprocher de la Torah, il est permis de le faire. Par exemple, si l’on dit à un impie : « Tu es un homme sage et intelligent, ton renom te précède, il n’est pas digne de quelqu’un comme toi d’agir de cette manière qui va à l’encontre de la Torah », dans ce cas il est permis de le faire.
C’est pour cela que le verset termine en disant : « Ceux qui réprimandent agiront avec bienveillance … », car en adoucissant ses propos, ils pénétreront plus facilement dans les oreilles de l’impie.
Il y a de nombreuses années, un chanteur israélien très célèbre priait dans la synagogue de notre maître le Rav z.ts.l. Ce chanteur fait partie des pionniers de la culture israélienne laïque en Israël (il fait partie de la célèbre famille GAON qui était une famille connue à Jérusalem). Puisque le père de ce chanteur était décédé, il venait prier chaque matin afin de dire Kaddich à la mémoire de son père.
Un matin, notre maître le Rav z.ts.l l’appela et lui dit :
« Regarde, je t’ai acheté une paire de Téfilin Rabbénou Tam afin que tu commences toi aussi à les mettre comme la plupart des fidèles de notre synagogue. »
C’est ainsi que notre maître le Rav z.ts.l parla avec cet homme et avec beaucoup d’autres de ses semblables, afin de les rapprocher à la Torah.
Notre maître le Rav z.ts.l les aimait véritablement, car de notre époque, la plupart des gens qui n’observent pas la Torah, n’agissent pas dans une intention de mécréance, mais seulement par conséquence à la séduction du Yétser Ha-Ra’ (mauvais penchant) et par des décennies d’ignorance. C’est pour cela que notre maître le Rav z.ts.l espérait toujours que tout le peuple d’Israël se repente sincèrement, car chacun contient une étincelle de sainteté dans son cœur.
Avec l’aide d’Hachem, nous aurons le mérite de voir véritablement la tradition d’Israël dans toute sa beauté, sa gloire et son authenticité, revenir siéger définitivement dans les cœurs de notre peuple, et nous pourrons alors voir la venue du Machia’h, dans la joie, la satisfaction et la quiétude, Amen.
