A la demande de nombreuses personnes : Lorsqu’on se lève le matin et que l’on ressent le besoin de se rendre aux toilettes, doit-on procéder au préalable à la Nétilatt Yadaïm et réciter la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm », puis se rendre aux toilettes, ou bien repousser la Nétilatt Yadaïm après les toilettes ?
Réponse : Il est établi de façon évidente qu’une personne qui ressent le besoin de se rendre aux toilettes mais qui estime ne pas pouvoir se contenir durant un peu plus d’1 heure (le laps de temps équivalant à celui qu’il faut pour marcher une distance d’une « Parsa », c'est-à-dire 72 mn), n’est pas autorisée à mentionner la moindre parole sacrée, ce qui inclut de façon certaine la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm », tant qu’elle ne s’est pas rendue aux toilettes.
Nous devons donc traiter 2 questions :
- Quelle est la règle pour celui qui ressent le besoin de se rendre aux toilettes mais qui estime pouvoir se contenir durant 72 minutes, doit-il procéder au préalable à la Nétilatt Yadaïm et réciter la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm », puis se rendre aux toilettes ?
- S’il estime ne pas pouvoir se contenir 72 minutes, doit-il procéder à une première Nétilatt Yadaïm sans réciter de bénédiction, puis se rendre aux toilettes, et procéder ensuite à une deuxième Nétilatt Yadaïm avec la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar », ou bien est-il préférable dans ce cas de repousser complètement la Nétilatt Yadaïm et se rendre d’abord aux toilettes ?
Nous avons déjà expliqué dans la précédente Halacha que selon le strict Din, il n’y a pas d’obligation à procéder à la Nétilatt Yadaïm immédiatement lors du lever du lit, et l’on peut – selon le strict Din – s’habiller avant, puis procéder à la Nétilatt Yadaïm.
Par conséquent, il est donc évident que si l’on ressent un tel besoin pressant de se rendre aux toilettes, au point d’estimer ne pas pouvoir se contenir durant 72 minutes, dans un tel cas on est tenu d’agir selon le strict Din et de se rendre d’abord aux toilettes, puis procéder à la Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar ».
C’est ainsi qu’écrit le Gaon auteur du Michna Béroura (chap.1), et il précise que même si selon les propos du Zohar Ha-Kadoch il faut se hâter à procéder à la Nétilatt Yadaïm le matin, malgré tout, il est inconcevable de transgresser pour cela une véritable interdiction en repoussant le soulagement de ses besoins naturels pour hâter la Nétilatt Yadaïm. Il faut donc dans un tel cas se rendre d’abord aux toilettes, et seulement ensuite procéder à la Nétilatt Yadaïm.
Par contre, lorsqu’on ressent un besoin de se rendre aux toilettes, mais que l’on estime pouvoir se contenir durant 72 minutes, ce cas fait l’objet d’une divergence d’opinion Halachique :
Selon certains décisionnaires, on doit dans ce cas procéder à une première Nétilatt Yadaïm mais sans réciter de bénédiction, puis se rendre aux toilettes et procéder ensuite à une deuxième Nétilatt Yadaïm en récitant cette fois la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar ». C’est ainsi que tranche le Michna Béroura, en disant qu’afin de s’acquitter de tous les avis, on se lave les mains une première fois au lever, puis on se rend aux toilettes, et on se relave les mains une deuxième fois en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar ». Si l’on agit selon ses propos, on a sur qui s’appuyer.
Cependant, notre maitre le RAMBAM écrit dans une Responsa (Péer Ha-Dor chap.104) qu’il faut réciter la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » de manière rapprochée à la Nétilatt Yadaïm, et si l’on récite la bénédiction plus tard, celle-ci est récitée en vain.
Selon les propos du RAMBAM, si l’on agit selon l’opinion du Michna Béroura, il y a lieu de craindre à une bénédiction en vain, car on aura déjà procéder à la Nétilatt Yadaïm une première fois, et lorsqu’on se lave les mains à la deuxième fois (après les toilettes), cette ablution n’est pas celle sur laquelle il est conforme de réciter la bénédiction puisqu’il ne s’agit plus de LA Nétilatt Yadaïm « du matin » pour laquelle nos maitres ont instaurés la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm ».
C’est pourquoi, selon certains décisionnaires, si l’on estime pouvoir se contenir durant 72 minutes, il faut procéder à la Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction, et ensuite se rendre aux toilettes.
L’usage personnel de notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l était de se rendre systématiquement aux toilettes dès son lever, et ce n’est qu’ensuite qu’il procédait à la Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar », car selon le strict Din il n’y a déjà pas de crainte à revêtir ses habits avant la Nétilatt Yadaïm, comme nous l’avons expliqué, à fortiori qu’il n’y a pas de crainte à se rendre aux toilettes avant la Nétilatt Yadaïm.
Par conséquent, même si l’on estime pouvoir se contenir durant 72 minutes, on se rend malgré tout aux toilettes, et ensuite on procède à la Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » de manière conforme.
Conclusion : Si l’on ressent un besoin de se rendre aux toilettes dès le lever, si l’on estime ne pas pouvoir se contenir durant 72 minutes, on doit se rendre avant tout aux toilettes, puis procéder à la Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar ».
Si l’on estime pouvoir se contenir durant 72 minutes, selon certains décisionnaires il faut dans ce cas procéder à une première Nétilatt Yadaïm sans bénédiction, puis se rendre aux toilettes, et ensuite procéder à une deuxième Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar ».
Selon d’autres décisionnaires, il faut dans ce cas procéder à la Nétilatt Yadaïm avec la bénédiction, puis se rendre aux toilettes.
Selon d’autres décisionnaires (et tel était l’usage personnel de notre maitre le Rav z.ts.l), on se rend dans tous les cas d’abord aux toilettes, puis on procède à la Nétilatt Yadaïm en récitant la bénédiction de « ‘Al Nétilatt Yadaïm » et celle de « Acher Yatsar ».