Le jour de la fête de Chavou’ot doit être partagé en deux :
La moitié du temps doit être consacrée à la prière et à l’étude de la Torah, et l’autre moitié du temps doit être consacrée aux repas et à la réjouissance, comme l’enseigne Rabbi Yéhochoua’ dans le traité Bétsa (15b) : « la moitié pour Hachem, la moitié pour vous ».
Au même titre que nous devons honorer et délecter le Chabbat, ainsi il y a une Mitsva d’honorer et de délecter les jours de Yom Tov, comme il est dit dans un verset :
לִקְדוֹשׁ ה' מְכֻבָּד ... (ישעיהו נח-יג)
« … la sainte journée d’hachem, comme digne de respect … » (Yécha’yahou 58-13).
C’est pourquoi, on ne doit pas réduire ou lésiner sur les dépenses nécessaires au Yom Tov, comme le dit Hachem : « Mes enfants ! Empruntez pour moi (pour accomplir mes commandements) et je rembourserais ! » (Bétsa ibid.).
Au même titre que nous recevons un supplément d’âme (Néchama Yétéra) les jours de Chabbat, ainsi nous le recevons également les jours de Yom Tov.
Chacun à le devoir de se réjouir lors de Yom Tov.
Pour les hommes, cette joie s’exprime principalement à travers la consommation de viande et de vin, c'est-à-dire des repas de viande et de vin. Les femmes ne se réjouissent pas réellement avec de la viande et du vin, et par conséquent il faudra les réjouir avec de beaux vêtements ou de beaux bijoux. Il faudra réjouir les jeunes enfants avec des friandises. (Chou’lhan ‘Arou’h O.H 529-2).
Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué qu’il faut mentionner le passage de « Ya’alé Véyavo » dans le Birkat Ha-Mazon des jours de fêtes et de Roch ‘Hodech.
Nous avons expliqué comment faut-il faire lorsqu’on a omis ce passage un jour de Yom Tov.
Si l’on s’en souvient après avoir entamé la 4ème bénédiction du Birkat Ha-Mazon (celle de Hatov Véhamétiv) en ayant dit ne serait-ce que les mots « La’ad Ha-El Avinou », on ne peut plus rectifier l’omission, et dans certains cas la règle est qu’il faudra recommencer le Birkat Ha-Mazon depuis le début, et parfois ce ne sera pas nécessaire.
La règle est la suivante :
Si l’on est tenu selon la Halacha de consommer du pain lors de ce repas, dans ce cas la récitation du passage de « Ya’alé Véyavo » dans le Birkat Ha-Mazon est capitale, et si on l’a omis, on devra reprendre le Birkat Ha-Mazon du début.
Mais si la consommation de pain n’était pas réellement obligatoire lors de ce repas – comme lors des repas des jours de Roch ‘Hodech où il n’est pas complètement obligatoire de consommer du pain – si l’on a omis de mentionner « Ya’alé Véyavo », on ne reprend pas le Birkat Ha-Mazon.
Mais lors du repas du 1er soir de Péssa’h (et du 2ème soir en dehors d’Israël), ainsi que lors du repas du 1er soir de Soukkot (et du 2ème soir en dehors d’Israël), si l’on a omis de mentionner « Ya’alé Véyavo », on devra recommencer le Birkat Ha-Mazon depuis le début, car il est une totale obligation de consommer du pain (Matsa à Péssa’h) lors de ces repas. [Une femme ne recommencera depuis le début que lors du 1er soir de Péssa’h, mais pas lors du 1er soir de Soukkot].
Il semblerait donc que lors du repas de Chavou’ot, étant donné que nous sommes tenus de consommer du pain lors de ce repas, si l’on a omis le passage de « Ya’alé Véyavo », nous devrions recommencer le Birkat Ha-Mazon depuis le début, comme telle est la règle pour les premiers soirs de Péssa’h et de Soukkot.
Cependant, notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l tranche (voir ce sujet en détail dans ‘Hazon Ovadia-Yom Tov page 307-4) qu’au sujet de l’omission de « Ya’alé Véyavo » dans le Birkat Ha-Mazon du repas de Chavou’ot la règle est différente, et en cas d’omission on ne recommence pas le Birkat Ha-Mazon depuis le début.
La raison à cette différence découle d’une divergence d’opinion Halachique parmi nos maitres les décisionnaires médiévaux au sujet de l’obligation de consommer du pain lors des repas de Chavou’ot.
Selon certains de nos maitres les décisionnaires médiévaux, la consommation de pain lors des repas de Chavou’ot est facultative, puisque la Torah ne nous a ordonné explicitement de consommer du pain que lors des repas des premiers soirs de Péssa’h et de Soukkot, mais lors des repas de la fête de Chavou’ot, il n’y a pas d’obligation de la Torah.
Même si nous tranchons la Halacha sur ce point selon l’opinion du RAMBAM et du ROCH selon qui il est une obligation de consommer du pain également lors des repas de la fête de Chavou’ot, malgré tout, concernant le fait de recommencer le Birkat Ha-Mazon depuis le début en cas d’omission de « Ya’alé Véyavo » ce jour-là, nous tranchons selon le principe de « Safek Béra’hot Léhakel » (en cas de doute sur la récitation d’une bénédiction, nous allons à la souplesse et on ne la récite pas), en raison de la gravité de l’interdiction de réciter une bénédiction en vain, dès lors où il y a une divergence d’opinion Halachique sur le fait de recommencer la bénédiction ou non, on ne recommence pas.
Il est vrai qu’au sujet du Birkat Ha-Mazon on n’applique (généralement) pas le principe de « Safek Béra’hot Léhakel » puisque le Birkat Ha-Mazon est une obligation ordonnée par la Torah et que lors d’un doute sur une ordonnance de la Torah nous allons à la rigueur (comme nous l’avons expliqué au sujet de celui qui a le doute s’il a oui ou non récité le Birkat Ha-Mazon), malgré tout, l’obligation de mentionner le passage de l’évènement du jour (« Ya’alé Véyavo ») dans le Birkat Ha-Mazon n’est qu’une institution de nos maitres, et par conséquent, nous appliquons dans ce cas le principe de « Safek Béra’hot Léhakel ».
En conclusion : Lors de la fête de Chavou’ot, si l’on a omis le passage de « Ya’alé Véyavo » dans le Birkat Ha-Mazon, on ne reprend pas depuis le début.