Question : Quelle est l’utilité de dire l’expression « Haréni Kaparatt Michkavo » lorsqu’on mentionne les parents après leur décès ? Y a-t-il une importance à dire cette expression même après les 12 mois depuis leur disparition ?
Le respect des parents après leur disparition
Il est enseigné dans la Guémara Kiddouchin (31b) :
On doit l’honorer de son vivant, on doit l’honorer après sa disparition.
Cela signifie qu’il y a un devoir d’honorer ses parents après leur disparition au même titre que durant leur vivant. Cet honneur – après leur disparition – s’exprime par des devoirs différents de ceux auxquels on est soumis durant leur vivant, comme nous allons l’expliquer.
L’expression « Haréni Kaparatt Michkavo »
Nous avons déjà fait mention des propos de nos maitres dans une Baraïta du traité Kiddouchinn (31b) :
Si le fils cite un enseignement au nom de son père, il devra dire « ainsi a dit mon père Haréni Kaparatt Michkavo » (cela signifie que chaque fois qu’un fils mentionne son défunt père, il devra ajouter les mots « Haréni Kaparatt Michkavo », et ces mots signifient « que sur moi vienne tout le mal décrété sur son âme ».)
Dans quel cas précis ? Pendant les 12 mois depuis sa disparition, mais au-delà des 12 mois, le fils dira « mon père, Zih’rono Livrah’a » (que son souvenir soit une bénédiction). La raison pour laquelle on ne dit cette expression que durant les 12 mois réside dans le fait que le jugement des impies dans le Guéhinam dure 12 mois. Au-delà, il n’y a plus de raison à cette expression puisqu’aucun mal ne peut venir sur l’âme du père (même si certains impies sont jugés plus longtemps, malgré tout, tel est le jugement dans le Guéhinam de façon générale, et il n’y a pas à craindre que le père puisse être châtié plus que cela).
Nous avons également mentionné les propos de notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l selon lesquels le fils n’est tenu de dire cette expression ou d’autres formules honorifiques en citant son père que lorsqu’il cite une Halacha ou un enseignement de Torah au nom de son père, comme la Baraïta le stipule « Si le fils cite un enseignement au nom de son père ». mais lorsque le fils cite une chose profane au nom de son père, une chose qui n’est pas un enseignement ni une parole de Torah, il n’est pas nécessaire de dire cette expression. De même, lorsque le fils mentionne une bonne attitude religieuse de sa défunte mère, il doit dire cette expression (au féminin, « Haréni Kaparatt Michkava »), par exemple lorsque le fils raconte que sa mère récitait la bénédiction de l’allumage des Nérot de Chabbat avant l’allumage, conformément à l’opinion de l’ensemble des Richonim et de MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h, ou tout autre exemple du domaine de la Torah.
Lorsque l’on mentionne les parents dans un courrier
Notre maitre le Rav z.ts.l écrit également dans son livre ‘Hazon Ovadia-Avélout sur les règles du deuil (vol.3 page 196) qu’il faut débattre afin de définir si l’on doit citer l’expression « Haréni Kaparatt Michkavo » lorsqu’on mentionne les parents dans un courrier, ou bien si cette obligation n’existe que lorsqu’on les mentionne verbalement. Notre maitre le Rav z.ts.l cite les propos du RAMA dans son livre Darké Moché où le RAMA écrit en ces termes : « J’ai trouvé dans les livres des décisionnaires, ainsi que dans le Nimouké Yossef, que les auteurs rapportent des règles au nom de leurs maîtres en mentionnant l’expression « Haréni Kaparatt Michkavo » (en initiales). »
Cela signifie qu’ils mentionnaient cette expression même par écrit.
De même, le Gaon Rabbi Chémouel ‘HAYOUN – qui était l’un des grands décisionnaires il y a environ 300 ans – lorsqu’il mentionne les propos de son grand-père qui était le MAHARACHDAM (Rabbi Chémouel Di MODENA, un autre grand décisionnaire), il écrit l’expression « Haréni Kaparatt Michkavo », puisque les choses ont été écrites pendant les12 mois de deuil de son grand-père et maître, le MAHARACHDAM.
A Roch Ha-Chana et Yom Kippour
Lorsqu’un fils mentionne ses parents à Roch Ha-Chana et Yom Kippour, il doit dire l’expression « Haréni Kaparatt Michkavo » même si les 12 mois se sont écoulés, car durant ces jours, les livres des morts sont aussi ouverts devant Hachem, et tout le monde est jugé ces jours là, y compris les morts. Par conséquent, il est souhaitable d’ajouter ces mots après la mention de leurs noms.
L’utilité de l’expression « Haréni Kaparatt Michkavo »
Le Gaon Rabbi Moché FEINCHTEIN z.ts.l écrit qu’en ajoutant ces mots, le fils n’apporte aucune utilité à ses parents, car en réalité, si les parents ont été condamnés à subir un châtiment sur leurs actes, il est certain que les quelques mots que dira le fils ne causeront pas la déviation du châtiment sur le fils, comme il est dit :
... צִדְקַת הַצַּדִּיק עָלָיו תִּהְיֶה, וְרִשְׁעַת הָרָשָׁע עָלָיו תִּהְיֶה (יחזקאל יח-כ)
… La justice du juste est imputable au juste, la mécréance du mécréant au mécréant. (Yé’hezkel 18-20)
Ces mots ne sont donc d’aucune utilité et ne représentent qu’une marque de respect.
Mais le Gaon auteur du livre Bétsel Ha-‘Ho’hma réfute ses propos en rétorquant que si c’est ainsi, comment est-il concevable que nos maîtres nous ont ordonné de dire une simple parole qui ne serait que l’expression des lèvres, sans aucune utilité ?!
C’est pourquoi il explique que lorsque le fils fourni un effort à accomplir la Mitsva en honorant ses parents (par cette expression), le mérite de cette Mitsva protègera les parents et les sauvera du châtiment du Guéhinam.
Notre maître le Rav z.ts.l explique encore que lorsque le fils dit qu’il accepte sur lui le châtiment des parents, il a aussi la pensée de prendre sur lui le repentir sincère, en observant le Chabbat, la Cacherout et autre, et ce mérite entraîne aux souffrances d’abandonner les parents. Notre maitre le Rav z.ts.l cite des preuves à ses propos.