Question : Lorsqu’on consomme un gâteau accompagné d’une boisson chaude comme un café ou un thé, doit-on réciter la bénédiction sur la boisson chaude ?
Réponse : Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué que lorsqu’on boit de l’eau ou toute autre boisson (excepté du vin) pendant un repas accompagné de pain, on ne récite pas la bénédiction de « Chéhakol » sur la boisson, puisque la boisson est dépendante de la nourriture, car il n’y a pas de consommation de nourriture sans consommer de boisson.
De ce fait, la boisson n’est pas assez importante dans ce cas pour lui attribuer une bénédiction indépendante.
Concernant le cas où l’on boit un café accompagné d’un gâteau, il y aurait apparemment matière à dire qu’il ne faut pas réciter de bénédiction sur le café, puisque dans un tel cas le café est « accessoire » au gâteau, qui possède une importance plus grande que le café, qui ne vient dans ce cas qu’en conséquence au gâteau. Or, nous avons déjà appris que lorsque 2 aliments sont mélangés, et que l’un est accessoire vis-à-vis de l’autre, la bénédiction de l’aliment principal acquitte de bénédiction l’aliment accessoire.
Il est vrai que l’on boit le café séparément du gâteau (on consomme un peu de gâteau, et l’on boit ensuite un peu de café, de sorte que les deux ne sont pas mélangés), malgré tout, nous pouvons dire que le café est dans ce cas acquitté de bénédiction par celle du gâteau, car la règle de « Ikar et Tafel » (aliment principal et aliment accessoire) s’applique même pour deux aliments séparés l’un de l’autre, comme nous l’apprenons de la Guémara Béra’hot (44a) où l’on enseigne que lorsqu’on a consommé des fruits très doux et que l’on consomme ensuite une petite quantité de pain afin de faire passer la douceur des fruits, on ne récite pas la bénédiction sur le pain, car dans un tel cas le pain est « accessoire » vis-à-vis des fruits.
Nous constatons à partir de là que même lorsque l’aliment accessoire est consommé séparément de l’aliment principal, malgré tout, on ne récite pas de bénédiction sur l’aliment accessoire.
S’il en est ainsi, la règle serait la même au sujet du café servi accompagné d’un gâteau, il y aurait matière à dire que l’on ne doit pas réciter de bénédiction sur le café même lorsqu’on le boit séparément du gâteau.
Cependant, dans son ouvrage Chou’t Yabiya’ Omer (vol.5 chap.17), notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il semble que le café ou le thé consommés avec le gâteau ne sont pas considérés comme « accessoires » vis-à-vis du gâteau lorsqu’on le boit séparément. Ce n’est que lorsqu’on trempe le gâteau dans un café (sans le boire) et que l’on consomme le gâteau imbibé du café, que l’on peut dans ce cas considérer le café comme « accessoire » au gâteau. Mais lorsqu’on le boit seul, même si l’on consomme en même temps un gâteau, il est certain dans ce cas que le café n’est pas considéré comme « accessoire », et il faudra réciter la bénédiction de « Chéhakol » sur le café.
Notre maitre le Rav z.ts.l cite des preuves à ses propos.
Malgré tout, notre maitre le Rav z.ts.l fait remarquer qu’à priori, il y aurait quand même matière à dire que l’on ne devrait pas dans un tel cas réciter la bénédiction sur le café ou le thé servis avec un gâteau, et ceci pour une toute autre raison.
En effet, nos maîtres les Richonim (décisionnaires médiévaux) débattent afin de définir la bénédiction d’un gâteau.
Selon certains d’entre eux, la bénédiction d’un gâteau n’est « Mézonot » que sous certaines conditions. En l’absence de ces conditions, le gâteau est « Motsi ».
D’autres décisionnaires imposent des conditions différentes pour que le gâteau soit « Mézonot », et en l’absence de ces conditions, le gâteau reste « Motsi ».
Ce qui signifie qu’un gâteau est toujours « Safek Motsi » (peut-être Motsi).
Selon cela, il est certain que l’on ne devrait pas réciter de bénédiction sur un café ou sur un thé servis avec un gâteau, car selon la probabilité où il est « Motsi », ce cas serait assimilable à celui de toutes les boissons servies pendant un repas de pain où nous avons déjà expliqué qu’il ne faut pas réciter la bénédiction sur les boissons dans un tel cas.
Et même si concernant les gâteaux nous tranchons dans la pratique que la bénédiction d’un gâteau est systématiquement « Mézonott » (s’il répond à l’une ou l’autre des définitions énoncées dans le Chou’lhan ‘Arou’h), ceci n’est justifié que par le fait que nous avons un doute sur la bénédiction du gâteau de façon générale, et de ce fait nous récitons « Mézonot » sur un gâteau et non « Ha-Motsi » (ainsi, nous diminuons le risque de transgresser l’interdit de réciter des bénédictions en vain, puisque nous ne réciterons qu’une seule bénédiction finale qui est celle de « ‘Al Ha-Mi’hya » et non les 4 bénédictions du Birkat Ha-Mazon). mais le doute persiste.
De ce fait, il y a matière à dire que l’on ne doit pas réciter de bénédiction sur un café lorsqu’on le boit avec un gâteau.
Mais sur le plan pratique, notre maitre le Rav z.ts.l réfute tous ces arguments, et il écrit que même selon l’opinion des décisionnaires qui pensent que la bénédiction d’un gâteau est « Ha-Motsi » lorsqu’il ne répond pas à leurs critères de Mézonot, ces mêmes décisionnaires admettent qu’il faut réciter la bénédiction sur des boissons que l’on boit avec le gâteau, car c’est exclusivement dans le cadre d’un véritable repas avec du pain (un pain que l’on consomme véritablement pour se rassasier) que la boisson est considérée comme conséquente au repas, et qu’il ne faut pas réciter de bénédiction sur les boissons. Mais lorsqu’on consomme un gâteau, même si l’on pourrait considérer que sa bénédiction est « Ha-Motsi », malgré tout, cette bénédiction n’acquitterait pas dans ce cas le café ou le thé dont la bénédiction est « Chéhakol ».
En conclusion : Lorsqu’on boit un café ou un thé, on doit réciter la bénédiction de « Chéhakol » même si l’on accompagne cette boisson chaude d’un gâteau.