MARAN (notre maitre) Rabbénou Yossef KARO z.ts.l (16ème siècle) a rédigé pour nous son ouvrage le Choulh’an ‘Arouh’ qui est totalement constitué de lois tranchées sur le plan pratique, nécessaires à chaque juif, homme ou femme.
A travers cet ouvrage, MARAN extrait toutes les lois du Talmud et des propos des Richonim (décisionnaires médiévaux).
Il est évident que selon la méthode utilisée par MARAN dans cet ouvrage, les enseignements narratifs ou les explications des Mitsvot n’y apparaissent pas.
Seules les lois pratiques y ont leurs places.
Cependant, concernant le devoir d’habiter dans la Soukka, nous constatons que MARAN déroge à cette règle, puisqu’il a rédigé un chapitre précis dans son ouvrage – le chapitre 625 – dans lequel il écrit en ces termes:
« Vous siègerez dans des Soukkot durant 7 jours, car c’est dans des Soukkot que j’ai installé les Béné Israël – il s’agit des nuées de gloire avec lesquelles Hachem a entouré les Béné Israël, afin que ni le vent ni le soleil ne les frappent. »
Fin de citation.
En rédigeant ainsi, la véritable intention de MARAN est de faire allusion à une divergence d’opinion parmi les sages d’Israël, citée dans le Talmud (traité de Soukka 11b, ainsi que dans le Torat Cohanim sur Emor).
En effet, deux sages d’Israël – Rabbi Eli’ezer et Rabbi ‘Akiva – discutent sur la raison pour laquelle la Torah, nous ordonne la Mitsva de Soukka.
Selon l’un, c’est en souvenir de véritables cabanes que les Béné Israël montaient et démontaient au fil de leurs étapes dans le désert, et selon l’autre, c’est en souvenir des nuées de gloire procurées par Hachem aux Béné Israël dans le désert, et qui les entouraient de tout côté, qui les protégeaient de la chaleur et du froid, et qui aplanissaient la route devant eux.
MARAN indique à travers ses propos dans le Choulh’an ‘Arouh’ que la Halacha est fixée selon l’opinion de celui qui atteste que les « Soukkot » dans lesquelles Hachem installa les Béné Israël étaient les nuées de gloire et non de véritables cabanes.
Ce n’est qu’en souvenir de ces nuées de gloire que nous faisons les Soukkot.
Mais l’on peut s’interroger:
Pourquoi MARAN rapporte-t-il la raison à la Mitsva de Soukka en disant qu’elle vient rappeler le miracle des nuées de gloire?
Quelle incidence Halah’ique pratique cette explication peut-elle nous apporter?
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l explique ce point au nom des décisionnaires.
En effet, MARAN veut nous apprendre ici qu’il faut avoir une pensée précise (Kavana) lors de l’accomplissement du devoir d’habiter dans la Soukka, car selon le principe « l’accomplissement des Mitsvot nécessite une pensée précise ».
Par exemple: lorsqu’un homme met les Téfilin, il doit avoir la pensée précise et explicite qu’il met les Téfilin pour accomplir la Mitsva. Ou bien lorsqu’une femme allume les Nérot, elle doit avoir la pensée précise qu’elle est en train d’allumer les Nérot en l’honneur de Chabbat, car si elle allume simplement des Nérot (sans pensée précise), sa Mitsva comportera un défaut, puisqu’elle n’aura pas été accomplie avec la bonne pensée.
Concernant la Mitsva d’habiter dans la Soukka, selon certains décisionnaires il n’est pas suffisant d’avoir la pensée « que l’on est en train d’accomplir la Mitsva de Soukka », car la Torah dit explicitement que l’on doit siéger dans la Soukka durant 7 jours « afin que vos générations sachent que c’est dans des Soukkot que j’ai installé les Béné Israël lorsque je les ai sortis d’Egypte », et lorsque l’homme pense qu’il siège dans la Soukka pour accomplir la Mitsva, il doit aussi penser que la Soukka est en souvenir des nuées de gloire qu’Hachem a procuré à Israël dans le désert lorsqu’il les a sortis d’Egypte. (Cependant, à postériori, l’absence de cette pensée n’invalide pas la Mitsva). (H’azon Ovadia-Soukkot page 95).